Rythmes scolaires : le planning trop serré des écoliers

Pas touche aux grandes vacances ! Sur la foi d’une rumeur infondée, plusieurs milliers de lycéens ont bloqué leur établissement et manifesté dans différentes régions, fin septembre. En cause, une fausse information diffusée par SMS et sur Facebook alertant les élèves que le gouvernement envisageait de supprimer un mois de vacances l’été. Un rapport de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, remis au ministère de l’Education le 4 juillet dernier, envisage bien de diminuer les congés estivaux, mais de seulement deux semaines et non d’un mois. Et Luc Chatel s’est pour l’instant bien gardé de trancher cette épineuse question. Quoi qu’il en soit, la réaction des lycéens souligne combien la réforme des rythmes scolaires est un sujet sensible.

Des journées épuisantes

Il y a pourtant un relatif consensus sur le constat : " dans le système scolaire français traditionnel, les heures de cours sont nombreuses et réparties sur un petit nombre de jours dans l’année, de sorte que les journées sont longues et fatigantes ", rappelle une récente étude de la Fondation Robert Schuman 1. La semaine de quatre jours dans le primaire, instaurée en 2008, est particulièrement critiquée. Pour l’Académie de médecine, elle " n’est pas favorable à l’enfant " et joue un " rôle néfaste " pour leurs performances et leur vigilance les deux premiers jours de la semaine. Cela perturberait leur horloge biologique, altérerait leurs capacités de mémorisation et provoquerait des carences de sommeil 2. C’est d’ailleurs une spécificité française que met en évidence la Fondation Robert Schuman. Partout ailleurs en Europe, les écoliers sont sur les bancs de l’école cinq jours par semaine.

Une année courte

La journée de cours, qui commence à 8 h 30 et se termine à 16 h 30 dans le primaire, est également l’une des plus longues d’Europe. Au Royaume-Uni, les cours débutent à 9 heures pour finir entre 15 et 16 heures. En Espagne, ils commencent entre 9 et 10 heures et s’achèvent entre 16 et 17 heures, avec entre-temps une pause de 2 h 30.

Ce n’est pas en France, en revanche, que les vacances estivales sont les plus longues : avec douze à treize semaines en Italie, et onze à douze semaines en Espagne, ces deux pays devancent les huit à neuf semaines françaises. Par contre, les vacances intermédiaires sont plus développées en France que chez nos voisins. C’est donc bien les Français qui remportent la palme de l’année scolaire la plus courte, tout en ayant l’un des plus grands nombres d’heures de classe.

D’où les propositions de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires : réduire les vacances d’été, revenir à la semaine de quatre jours et demi et limiter la durée des cours à cinq heures avec une pause de 1 h 30 et un accompagnement obligatoire d’une à deux heures. Reste à convaincre les nombreuses parties en présence, qui ont plutôt intérêt au statu quo, que ce soit les professionnels du tourisme, les parents, les enseignants..., sans oublier les élèves, prêts à se mobiliser à la moindre rumeur pour défendre les vacances...

• 1. " Les rythmes scolaires dans l’Union européenne ", Question d’Europe n° 212, septembre 2011, Fondation Robert Schuman.
• 2. Voir sur www.academie-medecine.fr/detailPublication.cfm?idRub=26&idLigne=1768