Back From the Brink. 1,000 Days at Number 11

par Alistair Darling, Atlantic Books, 2011, 338 p., 23 euros.

Alistair Darling fut nommé chancelier de l’Echiquier, l’équivalent du ministre des Finances, quand Tony Blair quitta le pouvoir en 2007 et le laissa à Gordon Brown. Alistair Darling connaissait bien ce poste car il avait déjà été le numéro deux du ministère avant d’occuper diverses fonctions au sein du gouvernement. Mais il ne s’attendait pas à devoir gérer une crise financière d’ampleur historique. C’est tout l’intérêt de son livre que de nous donner un aperçu de la façon dont le principal responsable politique du premier centre financier mondial a traversé cette crise.

On comprend rapidement à la lecture de ces mémoires combien l’organisation institutionnelle de la régulation financière était défaillante au Royaume-Uni. Elle était a priori du ressort de la Financial Services Authority (FSA), mais ses dirigeants étaient plus intéressés à surveiller la qualité des produits d’épargne offerts aux consommateurs que les risques présents au sein des banques. De son côté, la Banque d’Angleterre, la banque centrale, toute concentrée sur son mandat de lutte contre l’inflation, connaissait mal la situation des banques. Concrètement, le gouverneur n’entretenait pas de relations avec les principaux banquiers de la place et avait peu d’idées sur leur état d’esprit, leurs méthodes et leur course aux profits. Pas plus d’ailleurs qu’avec le patron de la FSA avec lequel les relations n’étaient pas très bonnes.

Enfin, le ministère des Finances n’était pas intéressé par les questions de régulation financière. Darling suggère même que la politique visant à réduire le nombre de fonctionnaires ayant éliminé les plus anciens, il s’est retrouvé avec des collaborateurs sans expérience au moment du déclenchement de la crise.

Darling rappelle les épisodes (connus) lors du fameux week-end qui a précédé la chute de Lehman Brothers et son souci de ne pas voir la banque britannique Barclays racheter Lehman pour se retrouver à supporter ses risques. A ses yeux, " tout au long de ce week-end, nous avons eu le sentiment que le gouvernement américain était dans un état de complète panique ". Au moment des difficultés des banques islandaises, il confie que son manque de confiance dans la délégation ministérielle du pays venue le rencontrer a joué sur son inflexibilité vis-à-vis d’un gouvernement trop proche des milieux bancaires et de leurs prises de risque excessives.

Lorsque le gouvernement Brown finit par définir, mi-octobre 2008, le plan que reprendront les autres pays européens et les Etats-Unis, Darling est sidéré par le comportement des grands patrons de banque. Alors que l’Etat vient les sauver dans l’urgence pour éviter leur écroulement, ils refusent d’être recapitalisés par de l’argent public en disant qu’ils n’en ont pas besoin, certains rejettent l’idée de perdre leur poste dans la débâcle, refusant d’assumer leurs responsabilités. Le gouvernement ne leur laissera pas le choix. Et quand Darling annonce qu’il s’apprête à taxer les bonus à 50 %, il est incendié par les banquiers, en particulier par Jamie Dimon, le patron de JP Morgan Chase, qui hurle, menace de ne pas construire le nouveau bâtiment qu’il avait prévu à Londres ou encore de vendre ses titres de la dette publique britannique si on touche à son pactole ! Pour éviter une nouvelle crise, écrit Darling, " nous avons besoin de la combinaison de plus de capital et d’une régulation plus stricte ". Espérons qu’il sera entendu.

Voir toutes nos notes de lectures

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !