What's the Use of Economics ? Teaching the Dismal Science after the Crisis

par Diane Coyle (dir.) London Publishing Partnership, 2012, 197 p., 18,86 euros.

La science économique ne peut pas sortir indemne de la crise actuelle. Il faut modifier radicalement son enseignement si l’on veut qu’elle forme des économistes utiles à la société. Telle est la principale conclusion d’une conférence organisée en février dernier par le gouvernement du Royaume-Uni autour d’une vingtaine de spécialistes.

Trop spécialisés Pour Dave Ramsden, l’économiste en chef du ministère des Finances britannique, les économistes qui sortent de l’université sont trop spécialisés, incapables de mobiliser différents types d’outils d’analyse et mauvais communicants. Or, dans la vraie vie, plaide-t-il, il n’y a pas de frontières disciplinaires, la capacité à s’appuyer sur des approches pluralistes est nécessaire, une bonne compétence statistique générale est plus utile qu’une maîtrise de techniques économétriques avancées. Il ajoute que l’enseignement des idées et des faits économiques permettrait de rendre les économistes moins arrogants ! Allant dans le même sens, le professeur américain David Colander reproduit le texte de John Maynard Keynes de 1925 qui explique qu’un bon économiste est celui qui sait être tout à la fois un peu matheux et historien, homme d’Etat et philosophe, etc., le principal talent étant de savoir marier plusieurs compétences.

Valoriser la pédagogie Il est étonnant de voir combien cette conférence insiste sur la nécessité pour les économistes de savoir parler aux non-économistes et de s’astreindre à un travail de pédagogie publique. Cela ne s’improvise pas et réclame un véritable investissement, explique Steve Schifferes, professeur de journalisme financier (le métier existe-t-il en France ?).

L’ensemble des interventions visent à valoriser la pédagogie, l’histoire, la multidisciplinarité, la communication vers le plus grand nombre et l’humilité. Tout cela est tellement à l’inverse du modèle dominant enseigné aujourd’hui que celui-ci ne pouvait sortir indemne de la conférence.

Le professeur du MIT Andrew W. Lo moque la volonté des économistes de singer les physiciens : "Nous, les économistes, aimerions expliquer 99 % de tous les phénomènes observables en utilisant trois lois simples, comme le font les physiciens, mais nous en sommes réduits à utiliser 99 lois pour en expliquer 3 % !". Paul Ormerod demande d’abandonner la fiction de l’agent représentatif, Michael McMahon veut rééquilibrer le temps d’enseignement et le temps de recherche en faveur du premier.

Enfin, Jonathan Leape présente le LSE100, un cours dispensé à tous les étudiants débutants de la célèbre London School of Economics : une approche multidisciplinaire obligatoire traitant de grandes questions contemporaines. Avec comme objectifs le développement d’une capacité à analyser diverses sources provenant de différentes disciplines, à les mettre en relation, et l’aptitude à communiquer sur les résultats obtenus. Une révolution pédagogique et intellectuelle qui, espérons-le, donnera des idées à d’autres.

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