Entreprise

L’éolien dans l’oeil du cyclone

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L'effondrement de la demande et la forte concurrence de la Chine mettent en péril la pérennité des industriels européens.

Y aura-t-il encore des industriels européens des énergies renouvelables à Nöel ? Au rythme auquel les mauvaises nouvelles s’accumulent pour eux, il est permis de douter de la pérennité de ces filières... Le mois dernier, le numéro un mondial de l’éolien, le danois Vestas, a annoncé qu’il supprimerait 3 000 emplois en 2013. Avec les annonces précédentes concernant la suppression cette année de 3 700 postes, la réduction devrait donc porter au total sur un tiers de ses effectifs. Un peu plus tôt, son concurrent espagnol Gamesa avait lui aussi annoncé une restructuration importante, entraînant le licenciement de 1 800 salariés, soit presque un quart de ses effectifs.

Baisse de la demande et forte concurrence

A l’origine de cette déconfiture, deux phénomènes. D’abord l’effondrement de la demande mondiale : jusqu’à il y a peu, celle-ci était surtout tirée par les engagements pris par les pays de l’Union européenne de faire une place importante aux énergies vertes dans leur mix énergétique d’ici à 2020. Mais la crise a gelé beaucoup de nouveaux projets et poussé les Etats à revoir les aides qu’ils accordaient au développement du secteur. La France ou l’Allemagne ont ainsi révisé à la baisse le tarif de rachat de l’électricité garanti aux producteurs d’énergie à partir de sources renouvelables, tandis qu’en Espagne ces aides ont été purement et simplement suspendues, victimes de l’austérité.

Deuxième facteur décisif de cette crise : la concurrence des industriels chinois mieux armés pour résister à la baisse des prix causée par l’effondrement de la demande que les Européens.

Il semble donc se passer dans l’éolien ce qui s’est produit antérieurement dans le solaire photovoltaïque, où l’effondrement de la demande et la guerre des prix initiée par les fabricants chinois ont envoyé au tapis, au cours de l’année écoulée, la plupart des champions européens du solaire, tels les allemands Q-Cells et Solon. Les grands industriels européens qui avaient pris des positions dans le secteur cherchent aujourd’hui à s’en désengager, tel Siemens qui vient d’annoncer son intention de revendre toutes ses activités dans ce métier. Dans la foulée, l’industriel allemand, comme son compatriote Bosch, a annoncé son retrait du gigantesque projet Desertec d’implanter des centrales solaires au Maghreb, rendant ainsi son avenir très incertain.

Au profit des Chinois

Résultat : la concentration du secteur s’est accélérée au profit d’acteurs issus de l’empire du Milieu. Et ce n’est pas l’enquête antidumping ouverte en septembre par la Commission européenne à l’encontre des producteurs chinois de modules photovoltaïques qui devrait changer grand-chose, tant elle vient tard. Il est à craindre que la crise actuelle dans l’éolien ne se solde par un résultat analogue. Les efforts consentis par les Européens pour développer les énergies renouvelables n’auront alors pas profité à leur industrie, mais permis aux acteurs chinois de s’imposer plus rapidement dans ces filières. L’idée d’une Europe, qui créerait des centaines de milliers d’emplois verts grâce à son engagement dans la transition énergétique prend ainsi quelque peu du plomb dans l’aile...

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