Entreprise

Compétitivité : un crédit d’impôt pour quoi faire ?

3 min

Les propositions d'un cabinet de consultants pour soutenir l'industrie, avec un effort de financement qui repose aussi sur les entreprises.

Au terme du débat lancé depuis le début de l’été sur la nécessité d’administrer un choc de compétitivité à l’industrie française via une baisse du coût du travail, le gouvernement a donc tranché : il n’a pas retenu la préconisation phare du rapport commandé à Louis Gallois d’un transfert de l’ordre de 30 milliards d’euros des cotisations sociales vers la fiscalité et la réduction de la dépense publique. Au choc, il a préféré un "pacte de compétitivité" centré sur un crédit d’impôt calculé pour chaque entreprise en proportion de sa masse salariale et censé l’inciter à embaucher, pour un coût total de 20 milliards pour les finances publiques.

Le gouvernement escompte également que cette bouffée d’air pour les marges des entreprises les incitera à investir. Au risque de l’effet d’aubaine, il n’y posait, initialement au moins, aucune condition, même si Pierre Moscovici évoquait mi-novembre "des contreparties précises"... qui restent à éclaircir.

Investir au préalable

A cet égard, le ministre de l’Economie gagnerait sans doute à relire la proposition esquissée par le cabinet de consultants Roland Berger en septembre dernier. Comme le gouvernement, il préconisait d’alléger les cotisations sociales des entreprises par le biais d’un crédit d’impôt. Cependant, pour en bénéficier, les entreprises étaient tenues d’investir. Et il n’était pas question de simples investissements de maintenance, mais d’investissements dans les secteurs d’avenir (technologies vertes, nanotechs, etc.), dans l’amélioration de la performance industrielle (reconfiguration de la production, robotisation et TIC) ou d’investissements destinés à développer les exportations à partir du territoire français.

Par ce biais, estime le cabinet Roland Berger, il devient possible de casser le cycle infernal de la désindustrialisation : le choix des entreprises d’investir ailleurs qu’en France entraîne en effet l’obsolescence de son appareil industriel, ce qui dégrade sa compétitivité et donc provoque une décroissance des volumes produits ; les coûts fixes deviennent alors insupportables, précipitant les fermetures d’usines, avec pertes de savoir-faire et de compétences à la clé, ce qui incite un peu plus les entreprises à investir ailleurs.

700 000 emplois

Le mécanisme imaginé par les consultants de Roland Berger permettrait de recréer un cercle vertueux en incitant les entreprises à réaliser jusqu’à 30 milliards d’investissements cumulés. De quoi, selon leurs calculs, créer 700 000 nouveaux emplois à l’horizon 2020, soit une création nette de 230 000 emplois pour l’économie française. Et augmenter la valeur ajoutée nette produite dans l’Hexagone de près de 40 milliards d’euros, grâce à la compétitivité retrouvée. Avec à la clé l’essor des volumes, l’augmentation des prix grâce à la montée en gamme ou le lancement de nouveaux produits.

Un financement paritaire

Côté financement, le dispositif reposerait à parité sur les ménages et les entreprises, notamment sur les banques et les assurances. L’investissement restant pour une large part le fait de l’industrie, ce mécanisme avait toutes les chances de lui profiter au premier chef. Le dispositif imaginé par le gouvernement concernera, lui, aux trois quarts les entreprises des autres secteurs, en raison du ciblage des allégements sur les salaires inférieurs à 2,5 Smic. Sans aucune garantie de stimuler l’investissement.

Mécanisme et financement du crédit d’allégement sur les cotisations sociales patronales imaginés par le cabinet Roland Berger, en milliards d’euros

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !