Emploi : les Allemandes, plus actives ?
Malgré un
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A première vue, les Allemandes travaillent plus que les Françaises. Du moins si l’on se fie au taux d’emploi des femmes en Allemagne : 66 % en 2010, contre 60 % en France. Ce qui est surprenant : le modèle familial allemand est en effet bien plus traditionnel qu’en France. Les hommes y restent les principaux pourvoyeurs de ressources, tandis que les femmes y cessent plus fréquemment leur activité quand elles ont des enfants. Comment expliquer ce paradoxe ?
Une récente étude de l’Ined permet d’y voir plus clair 1. C’est en réalité chez les femmes les plus jeunes et chez les plus âgées que le taux d’emploi féminin est plus élevé outre-Rhin. Il y a deux raisons à cela : d’un côté, les jeunes Allemandes quittent l’école plus tôt que les jeunes Françaises, tandis que la formation en alternance et le travail des étudiants y sont également plus courants. De l’autre, l’âge du départ à la retraite a été repoussé à 67 ans en Allemagne et de nombreuses mesures incitent les seniors à rester en activité pour maximiser le montant de leur pension.
Garder les enfants ou travailler ?
En revanche, les Françaises qui ont des enfants sont bien plus présentes sur le marché du travail que les Allemandes. Le taux d’emploi des femmes de 25 à 49 ans avec un enfant est de 79,2 % en France, contre 75,6 % en Allemagne. Pour les femmes qui ont deux enfants, il chute à 68,5 % en Allemagne, mais reste sensiblement le même en France (78,5 %). Un tel écart s’explique par une offre de garde beaucoup plus développée et une meilleure acceptation sociale du travail des mères en France.
Temps partiel
Mais c’est surtout la progression du travail à temps partiel en Allemagne qui explique ce haut niveau du taux d’emploi féminin. La proportion de femmes actives à temps partiel y est passée de 30 % en 1989 à 45 % en 2010, alors qu’en France, cette proportion n’atteint "que" 30 %. Dans la foulée des réformes du marché du travail de Gerhard Schröder, "les mini-jobs plafonnés à 400 euros nets par mois ont connu un essor considérable durant ces dix dernières années", précise Anne Salles, l’auteur de cette étude. Pour les femmes allemandes, ces miettes d’emploi ont été utilisées comme un moyen de concilier travail et vie familiale, dans un contexte où la prise en charge extérieure des enfants est très rare. Ce qui les relègue souvent à un statut de "salaire de complément". En France, en revanche, le temps partiel concerne davantage les jeunes femmes, plus que les femmes en âge d’avoir un enfant. D’autre part, les femmes à temps partiel ont un volume horaire plus élevé en France qu’en Allemagne (23,3 heures en moyenne, contre 18,6). Résultat : en équivalent temps plein, le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans est de 45 % en Allemagne, contre 53 % en France.
Au final, "les Françaises ne sont pas moins actives que les Allemandes, elles le sont autrement : elles entrent plus tard sur le marché du travail et en sortent plus tôt, elles sont proportionnellement moins nombreuses à travailler, mais ont des journées plus longues, et elles continuent plus fréquemment à travailler quand elles ont des enfants", résume Anne Salles.
- 1. Voir "Les Allemandes plus actives que les Françaises ?", Population & sociétés n° 493, octobre 2012.
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