Opinion

Le bloc-notes de décembre 2012

4 min
Philippe Frémeaux Editorialiste

Hollande

La guerre des chefs à l’UMP n’est plus qu’un souvenir. Le Hollande bashing est redevenu le pain quotidien des médias. La presse, en ces temps de crise, est prête à tout pour vendre son papier, mais, avouons-le, le Président et son équipe y ont mis du leur. Entre promesses non tenues - non-renégociation du traité budgétaire européen et hausse de la TVA -, cafouillages - tel le retoquage de la loi Duflot pour non-respect de la procédure parlementaire - et reculs - sur l’imposition des plus-values de cession -, le pouvoir a donné des verges pour se faire battre. Reste que le vrai débat n’est pas là. L’action menée par François Hollande et son gouvernement peut sembler incohérente : contraint par le niveau de la dette accumulée par ses prédécesseurs, le Président a choisi d’imposer en 2013 une rigueur qui se veut juste et efficace, en faisant payer surtout les plus aisés, ce qui devrait limiter l’impact négatif sur la consommation. Face à la désindustrialisation du pays, il a décidé ensuite d’agir en faveur de la compétitivité en réduisant fortement l’imposition des sociétés, quitte à financer la mesure en augmentant la TVA... Reste à savoir si cette apparente incohérence ne résulte pas du jeu de contraintes dans lequel nos dirigeants conduisent leur politique. Le pari de François Hollande était de compenser la nécessaire rigueur interne par une politique européenne de croissance qui fasse sortir la zone euro du cercle vicieux récessif dans lequel elle est engagée. Il s’estime tenu d’appliquer aujourd’hui sa partie sans avoir eu de résultats tangibles sur le second plan, faute d’avoir pu ou su obtenir ce qu’il attendait de nos partenaires, à commencer par l’Allemagne. Autant dire que la France et, au-delà, l’Europe ne sont pas tirées d’affaire.

Intergouvernemental

Face à la crise de l’euro, les institutions communautaires ont montré leurs limites. Quand la panique saisit les marchés, l’heure n’est plus à produire des directives mais à prendre des décisions. Ce qui requiert une capacité d’agir que seuls les exécutifs détiennent, en l’occurrence le Conseil européen, qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement. Cette prééminence de la logique intergouvernementale est cependant grosse de menaces. Ainsi, la situation calamiteuse de l’Union tient d’abord aux atermoiements des Etats. Face à l’urgence, c’est surtout la Banque centrale européenne, seule réelle institution fédérale, qui a fait le job. Plus grave, l’affirmation du Conseil européen fait reculer l’idée européenne. Alors que les institutions communautaires tendent à transcender les intérêts nationaux pour dégager un intérêt général européen au profit de tous, le jeu des rapports de force entre Etats redevient la règle. Alors que la bonne gouvernance de la zone euro nécessiterait le développement d’un budget commun, les négociations sur les perspectives budgétaires 2014-2020 se sont engagées sur un mode calamiteux. Le "I want my money back" cher à Margaret Thatcher est devenu la règle commune. Triste.

Ayraultport

Tel est le nom donné à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes par ses opposants, tant cet équipement a été voulu par l’actuel Premier ministre. Voici plus de trente ans qu’a été conçu ce projet. Du point de vue légal, tout a été fait dans les règles. De quoi justifier l’attitude du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui, face aux militants occupant les lieux, affirme que force restera à la loi. Reste une question : cet équipement est-il bien nécessaire ? Nantes dispose déjà d’un aéroport international, encore loin d’être saturé. La justification du nouvel équipement est fondée sur un prolongement des tendances passées. Vinci Airports, constructeur et futur exploitant du nouveau site, annonce ainsi 4 millions de passagers pour demain et 9 millions en 2050 ! Est-ce bien raisonnable ? Le trafic aérien va-t-il poursuivre sa croissance compte tenu de l’évolution probable des coûts de l’énergie et de la taxation souhaitable des émissions de CO2 ? Certes, l’aéroport actuel a vu son nombre de passagers croître fortement ces dernières années avec la multiplication des vols low cost et la montée des vacances au soleil de l’autre côté de la Méditerranée. Mais ce modèle est tout sauf durable. Jean-Marc Ayrault a été un grand maire, qui a fait de Nantes une métropole attractive et dynamique. Il s’affirmerait comme un grand Premier ministre non pas en renonçant à son joujou - nul ne lui demande de perdre la face - mais en décidant d’un moratoire de cinq ans. Pour voir.

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