Les riches sont-ils à plaindre ? (introduction au dossier)

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Après les pigeons qui avaient mobilisé l’opinion à l’automne dernier, les pérégrinations belgo-russes de Gérard Depardieu ont relancé le débat en ce début d’année autour des malheurs de nos riches et des misères fiscales que le nouveau pouvoir socialiste leur fait subir. Au risque de les voir abandonner l’Hexagone à son triste sort en emportant leurs sous. Auquel cas une multitude de plaies supplémentaires ne manqueraient pas de s’abattre sur celles et ceux qui font preuve de tant d’ingratitudes à l’égard de ces créateurs de richesses.

Raison garder

Il faut tout d’abord raison garder. Les riches français ont beaucoup profité des évolutions intervenues durant la décennie 2000. Malgré la crise, qui les a un peu écornés, leurs revenus restent aujourd’hui très supérieurs à ce qu’ils étaient il y a quinze ans, car les inégalités de revenus et encore plus de patrimoine se sont fortement accrues. De plus, beaucoup d’entre eux sont de simples héritiers et non de géniaux créateurs d’entreprise. Les plus aisés de nos compatriotes ont largement profité en particulier d’un affaiblissement marqué de la progressivité du système fiscal du fait de la politique suivie, non seulement par Nicolas Sarkozy après 2007, mais par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis le début des années 2000, puisque c’était le gouvernement socialiste de Lionel Jospin qui avait lui-même lancé le mouvement en 2001. Ces multiples allégements d’impôts sur les revenus et les patrimoines des plus riches ont d’ailleurs apporté une contribution décisive au gonflement de la dette publique française dès avant la crise commencée en 2008. Face à la gravité de la situation des finances publiques et compte tenu des difficultés qu’éprouvent ceux qui se situent au bas de l’échelle sociale du fait de l’explosion du chômage, il n’y a donc rien de choquant à demander en priorité un effort fiscal important aux plus aisés.

François Hollande est-il allé trop loin sur cette voie ces derniers mois ? La hausse des prélèvements sur les revenus des plus aisés est incontestablement significative et des erreurs ont pu être commises, comme avec l’absence provisoire de plafonnement du total des impôts en 2012. Mais tous les gouvernements de la zone euro tentent de mener, à des degrés divers, le même genre de politique, par nature peu populaire chez ceux qui doivent acquitter davantage d’impôts. Seulement les riches européens peuvent toujours continuer à jouer les Etats de l’Union les uns contre les autres car, malgré la crise, strictement aucun progrès n’a été réalisé contre le fléau du dumping fiscal, ni dans l’Europe des vingt-sept ni même dans la zone euro. A vrai dire, absolument rien n’a même été tenté dans ce domaine durant l’ère Merkozy. Pourtant, pour que le redressement des finances publiques européennes puisse se faire dans des conditions socialement et politiquement acceptables, il faudrait s’y mettre d’urgence.

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