L’Afrique et l’avenir de l’Europe

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Le Sahel concentre certes des ressources minières, mais c'est surtout le bien-être des populations qui est stratégique pour les Européens.

Le mois dernier, l’armée française s’est engagée dans le conflit malien. Même si cette démarche a été ouvertement approuvée par l’Union africaine, contrairement à l’intervention en Libye, et s’appuyait sur des résolutions très explicites des Nations unies, elle a soulevé des interrogations. La France ne renoue-t-elle pas, ce faisant, avec la logique néocolonialiste de la Françafrique ?

Richesses minières

La proximité des mines d’uranium du Niger ou encore des puits de gaz et de pétrole algériens joue évidemment un rôle non négligeable pour conférer à cette région une importance stratégique pour l’économie française et européenne. Ce n’est d’ailleurs pas seulement le cas des richesses minières au sens le plus traditionnel du terme, c’est vrai aussi pour le développement des énergies renouvelables et la transition énergétique européenne. Nos voisins allemands avaient ainsi l’intention d’implanter un réseau de centrales solaires géantes dans cette région, dans le cadre du projet Désertec, dont une partie de la production devrait être exportée ensuite vers l’Europe. Un projet qui suppose évidemment pour pouvoir être mis en oeuvre le retour de la région à une certaine stabilité.

Mais au-delà de ces intérêts économiques réels, ce qui est surtout déterminant dans cette affaire, c’est que l’Europe ne peut absolument pas continuer à se désintéresser du bien-être et des perspectives d’avenir que pensent ou non avoir les populations de ces pays. Il s’agit de fait, dans une mesure non négligeable, d’une affaire intérieure européenne. Si le désespoir l’emporte, si les Etats continuent à se décomposer à force de corruption et de rivalités ethniques ou religieuses, cela aura nécessairement de lourdes conséquences sur le Vieux Continent, via les flux d’immigration illégale, les trafics de drogue, de cigarettes et autres. Et bien sûr le risque de terrorisme islamiste.

Des liens plus étroits

Or, comme le souligne de façon provocatrice le chercheur Jean-François Bayart 1 : "certains dénonceront la persistance dans son être de la "Françafrique", mais c’est précisément son défaut qui saute aux yeux !" Il faut en effet retisser des liens plus étroits entre l’Europe et l’Afrique, en les débarrassant bien sûr de leurs oripeaux néocoloniaux.

  • 1. Le Monde du 23 janvier 2013.

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