Economie

Chine : les défis du nouveau pouvoir

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L’économie est le domaine où des dirigeants considérés comme réformateurs ont été confirmés aux manettes ou y sont arrivés : à commencer par le Premier ministre Li Keqiang, avec le vice-Premier ministre Wang Yang (qui a piloté les réformes dans le Guangdong), le ministre des Finances Lou Jiwei (ancien patron d’un des deux grands fonds souverains) et même le gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiaochuan, finalement confirmé. Mais d’autres vice- Premiers ministres (Ma Kai, qui a dirigé l’influente commission de la réforme et du développement national, et Zhang Gaoli, qui a dirigé Tianjin) sont généralement considérés comme plus conservateurs.

Aussi, la politique et les réformes vont-elles être scrutées de près par tous. Les enjeux sont importants. Le premier est l’envolée du crédit, des investissements, notamment immobiliers, et des capacités de production inutilisées. Bien que l’économie chinoise ait ralenti à 7,8 % en 2012, nombreux sont ceux qui pensent que ce taux inclut beaucoup de capacités de production à fonds perdus. La croissance réelle en 2012 aurait été comprise entre 5 % et 6 %.

Le deuxième enjeu est le contrôle des intérêts acquis, dont Li a reconnu publiquement qu’il était "plus difficile de les émouvoir que d’émouvoir les âmes" : grandes entreprises d’Etat et banques regorgeant de capitaux, autorités locales enrichies par les ventes de terre (et classes supérieures urbaines servies par l’envolée immobilière mais sous-taxées). Ici, la seule innovation est une campagne contre la corruption, mais menée par le Parti sans supervision légale et déviée par des incursions dans le domaine des moeurs, elle paraît pour l’instant comme un exutoire destinée à l’opinion.

Le troisième enjeu est la poursuite du changement de modèle économique, d’une économie tournée vers l’exportation à une économie fondée sur la consommation intérieure et soutenue par un budget social. Dans ce dernier domaine, les annonces ne sont pas à la hauteur des intentions. Les dépenses sociales (éducation, santé, logement) plafonnent dans le budget 2013, l’ensemble ne représente qu’un peu moins de 8 % du PIB (mais près d’un tiers du budget de l’Etat central).

Il y a à cela deux raisons : le crédit et les investissements sont allés bien plus vite que la hausse des dépenses sociales, malgré des annonces spectaculaires en apparence, comme les 35 millions de logements sociaux de Wen Jiabao. Ensuite, les dépenses sociales ne créent pas un multiplicateur de consommation, car elles sont concentrées sur la population pauvre, qui n’épargnait guère et donc ne libère pas de pouvoir d’achat pour la consommation intérieure.

Il y a par conséquent fort à parier que ce sont les moteurs traditionnels de l’économie chinoise (l’exportation et la montée en gamme par l’innovation) qui resteront déterminants. Et que la politique monétaire oscillera encore entre le trop-plein (trop de crédits engendrant bulles et mauvaises dettes) et le trop peu (coups de frein affectant toute l’économie). Peut-être les Chinois l’ont-ils senti : aux dernières nouvelles, ils reprennent la course à l’immobilier, un temps suspendue.

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