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Medef : les dessous d’une élection

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La quête controversée de Laurence Parisot pour un troisième mandat met en lumière les rapports de force au sein du patronat.

La vie de la principale organisation patronale française est jalonnée de psychodrames. Le dernier en date a été provoqué par sa présidente, Laurence Parisot, lorsqu’elle a manifesté son intention de faire modifier les statuts du Medef pour pouvoir briguer un nouveau mandat de cinq ans. Laurence Parisot a en effet déjà effectué un mandat de cinq ans et un autre de trois ans à la tête du Medef, le maximum autorisé actuellement par les statuts. Une initiative qui passe mal chez les prétendants à sa succession, mais aussi chez les anciens responsables du Medef, tel Ernest-Antoine Seillière, comme dans les fédérations locales, en raison de l’image peu démocratique qu’elle donne du patronat.

Laurence Parisot a cependant peu de chances d’arriver à ses fins : la réforme des statuts devait encore être approuvée fin mars 1 par le conseil exécutif du Medef, avant de devoir recueillir début avril les deux tiers des votes de son assemblée générale.

Rapport de force

Plus qu’une querelle de personnes, cette crise reflète les jeux d’influence au sein du patronat. Grands groupes, PME ou TPE, industrie ou services, les profils d’entreprises sont aussi variés que leurs intérêts économiques et leur conception du dialogue social. L’accession à la présidence du Medef vient donc sanctionner un rapport de force entre ces différentes composantes. L’élection, en 2005, de Laurence Parisot, patronne de l’institut de sondage Ifop, avait ainsi entériné la montée en puissance des services dans l’économie. Par la suite, le scandale de la caisse noire de l’UIMM, la toute puissante fédération de la métallurgie, avait affaibli encore l’industrie au sein du syndicat patronal. A travers les candidats déclarés ou pressentis à la succession de Laurence Parisot, des représentations divergentes de l’entreprise s’affrontent : Frédéric Saint-Geours, patron de l’UIMM et ancien directeur des marques chez PSA, représente plutôt la grande industrie, Geoffroy Roux de Bézieux, président de Virgin Mobile France, porte-drapeau des PME de la high-tech, en passant par Pierre Gattaz, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), au profil de patron de PME industrielle familiale.

Un problème de représentativité

Au-delà, la prétention du Medef à parler pour l’ensemble des entreprises françaises est elle aussi contestée. La CGPME lui dispute ainsi le rôle de porte-parole des PME. L’Usgeres, qui représente les quelque 60 000 employeurs de l’économie sociale, voudrait bien que l’Etat lui reconnaisse un caractère représentatif, comme le Medef, ce qui lui permettrait de siéger dans les instances patronales paritaires et de participer aux grandes négociations interprofessionnelles. Cette faiblesse de la représentativité des organisations patronales constitue un obstacle majeur à l’instauration d’un dialogue social de meilleure qualité en France. Alors que la représentativité des syndicats de salariés a été réformée en 2008, la représentativité patronale devrait l’être à son tour, d’ici à la fin de l’année. Marc Chevallier

  • 1. A l’heure où nous écrivons, ce vote n’a pas eu lieu.

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