Opinion

La Pac, constante dans la médiocrité

2 min
Isabelle Autissier présidente de WWF France

Depuis 1962, la politique agricole commune (Pac) a pleinement rempli son objectif d’accroître la productivité de l’agriculture européenne. Elle a en revanche échoué à stabiliser les marchés, à garantir le niveau de vie des agriculteurs et surtout à protéger les ressources naturelles. Le constat est sans appel : en France, 92 % des cours d’eau sont contaminés par les pesticides, qui impactent gravement la santé humaine et sont, avec les engrais, issus de ressources fossiles de plus en plus onéreuses. Tout cela avec notre argent !

Verdissement

Face un à bilan aussi désastreux, n’importe quelle politique publique serait remaniée, surtout qu’elle représente 40 % du budget de l’Union européenne (55 milliards d’euros par an). Et pourtant, la Pac affiche une exceptionnelle constance dans la médiocrité ! Malgré la proposition de "verdissement" de la Commission européenne (30 % des aides directes seraient conditionnées au respect de trois mesures environnementales assez peu ambitieuses), le Parlement européen et les ministres de l’Agriculture tentent de vider la réforme de sa substance, comme le montre l’accord du 20 mars dernier entre les ministres européens : 80 % des aides continueront d’être versées à 20 % des agriculteurs sans véritable contrepartie sur l’emploi ou l’environnement.

Mort

Il est pourtant urgent d’aller vers une Pac plus écologique et plus juste. Les systèmes agricoles qui permettent de produire durablement et de façon plus redistributive existent, la Pac doit les soutenir. Le statu quo signifierait l’arrêt de mort de la Pac. Qui peut penser que les citoyens européens accepteront de continuer à payer 400 milliards d’euros pour une telle politique lors de la prochaine réforme en 2020 ?

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