Entreprise

Industrie : regarder au-delà du coût du travail

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De nombreux facteurs concourent à la compétitivité des entreprises. L'Etat peut donc jouer sur différents leviers pour la soutenir.

Les coûts de production des entreprises ne se résument pas aux salaires de leurs employés, telle est la première conclusion du rapport d’information présenté en mars par le député (PS) Daniel Goldberg. Ce document, qui donne largement la parole à des représentants d’entreprises, des syndicalistes et des économistes de tous bords, ne permet cependant pas de savoir si l’augmentation du coût du travail en France peut être tenue pour responsable de la réduction des marges des entreprises observée au cours de la dernière décennie.

Coût du capital, de l’énergie, du transport...

L’intérêt du rapport est de considérer les autres coûts pesant sur la compétitivité des entreprises. Le coût du capital, l’accès au crédit ou à l’énergie et les contraintes du transport et de la logistique sont tout aussi importants. Ainsi, les charges immobilières pèsent lourdement sur les coûts de production. Avec ses prix de l’immobilier très raisonnables, l’Allemagne possède un avantage comparatif non négligeable sur la France, que seule l’intervention de l’Etat peut corriger.

Par ailleurs, si la productivité des Français au travail demeure très élevée, la mission d’information met en revanche l’accent sur le retard de l’Hexagone dans l’automatisation de la production. Aussi, pour accroître les gains de productivité des entreprises, il faut surtout investir dans les nouvelles technologies et la robotique (un plan de 100 millions d’euros a été annoncé en mars par le gouvernement dans ce domaine). Le rapport rappelle également que l’industrie européenne dans son ensemble a depuis le début des années 2000 fortement pâti de la hausse de l’euro face au dollar.

Des outils classiques

Ce diagnostic dressé, la mission ne préconise pas tant, comme le rapport Gallois, un "choc de compétitivité" que de renouer avec une politique industrielle dynamique. Et sur ce plan, les propositions ne sont pas révolutionnaires. Ainsi, celle de créer une commission pour l’innovation économique et la compétitivité dans le cadre du futur Commissariat général à la stratégie et à la prospective (ex-CAS), à laquelle le Parlement serait associé. Autre préconisation déjà entendue : recentrer les activités des pôles de compétitivité vers "des retombées économiques accrues" et y faire davantage de place aux PME. Piste plus intéressante : privilégier les entreprises socialement et écologiquement vertueuses dans les allocations de marchés publics, dans l’espoir notamment de favoriser les entreprises françaises et européennes.

Evolution de la productivité du travail dans différents pays européens, base 100 en 1995

De même, afin de protéger les PME, qui sont souvent dans une relation de sous-traitance avec les grandes entreprises, les délais de paiement devraient être encore raccourcis (par exemple de soixante à quarante jours, comme en Allemagne) et des sanctions administratives s’appliqueraient automatiquement aux donneurs d’ordre dès que les délais seraient dépassés.

Enfin, il est essentiel d’investir dans l’éducation et de développer les formations de techniciens et d’ingénieurs pour accroître la compétitivité des entreprises françaises. Bref, des propositions classiques, insuffisamment mobilisées jusqu’à présent.

" Le défi français : une ambition industrielle portée par un Etat stratège ", Rapport d’information n° 843, mars 2013 (www. assemblee-nationale.fr).

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