Un portrait-robot des chômeurs
Le profil des demandeurs d'emploi indemnisés dressé par l'Unédic reflète les évolutions du monde du travail.
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Il n’y a jamais eu autant de chômeurs inscrits à Pôle emploi. En mars, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (c’est-à-dire sans aucune activité) a atteint le niveau record de 3,2 millions de personnes en France métropolitaine. Si l’on prend en compte les chômeurs qui exercent une activité réduite, la barre des 5 millions a été franchie. Qui est touché ? Une récente étude de l’Unédic 1 permet d’en savoir un peu plus sur le profil des chômeurs indemnisés. Un portrait qui reflète en creux les évolutions du monde du travail.
Fin 2011, plus de 2,4 millions de chômeurs touchaient une allocation versée par l’assurance chômage. Ce sont en majorité des victimes de la précarisation du marché du travail. Plus de la moitié d’entre eux s’est en effet inscrite au chômage suite à une fin de contrat à durée déterminée (39 %) ou de mission d’intérim (12 %). Les jeunes sont particulièrement concernés : 77 % d’entre eux sont entrés dans le système d’assurance chômage lorsque leur contrat court est arrivé à échéance, signe que la précarité repose essentiellement sur leurs épaules.
D’autre part, un tiers des allocataires avait travaillé moins d’un an avant de perdre son emploi. Pour 12 % d’entre eux, cette durée de travail est même inférieure à six mois.
Les anciens salariés à temps partiel pèsent également d’un poids important parmi les allocataires (23 %). Il s’agit essentiellement de femmes qui doivent se contenter d’un niveau d’indemnisation très faible : 90 % touchent moins de 980 euros par mois, alors que ce n’est le cas que de 30 % de l’ensemble des allocataires. Le montant moyen net touché par les chômeurs s’élève en effet à 1 055 euros par mois, ce qui correspond en moyenne à 69 % du salaire précédemment perçu. Ce taux de remplacement atteint néanmoins 78 % pour les anciens salariés au Smic et chute à 50 % pour ceux qui gagnent plus de 4 000 euros par mois.
Autre trait marquant : plus de la moitié des allocataires n’ont pas le bac. Ce n’est pourtant le cas que de 22 % des personnes en emploi. Ce qui confirme que ce sont les peu diplômés qui rencontrent le plus de difficultés sur le marché du travail, même si "un niveau élevé de formation ne préserve pas totalement du risque de chômage", précise l’Unédic.
La moitié des chômeurs non indemnisée
Pour compléter ce tableau, il faut garder en mémoire que tous les chômeurs ne sont pas indemnisés, loin s’en faut. Une autre étude, de la Dares 2, estime à 2,4 millions de personnes le nombre de demandeurs d’emploi qui n’ont pas droit aux allocations chômage. Il y a donc autant de chômeurs indemnisés que de chômeurs non indemnisables. Parmi ces derniers, certains touchent une allocation du régime de solidarité (440 000 personnes en septembre 2011), d’autres bénéficient du RSA (650 000). D’autres, enfin, exercent une activité réduite qui ne leur donne droit ni à l’assurance chômage ni au RSA (273 000). Mais surtout, il y a 644 000 personnes en fin de droit, c’est-à-dire sans aucune allocation ni source de revenus. Les jeunes forment le gros des rangs de ces chômeurs sans indemnité chômage ni allocation du régime de solidarité. Et s’ils ont moins de 25 ans, ils sont également exclus du bénéfice du RSA...
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