Innovation

Voiture électrique : espionnage et grandes manoeuvres

3 min

Pour développer sa filiale Blue Solutions, Bolloré l'introduit en Bourse et signe un partenariat avec Renault.

Cela ressemble à un mauvais film d’espionnage : deux ingénieurs allemands, employés par la société allemande P3 Group mandatée par BMW, ont été placés en garde à vue début septembre pour avoir réalisé des interventions suspectes sur des bornes de rechargement d’Autolib, le service de voitures électriques en libre-service de Paris. Autolib, filiale du groupe Bolloré, a déposé plainte contre P3 Group, tandis que BMW, qui prépare le lancement mondial de son premier véhicule 100 % électrique, l’i3, s’est empressé de démentir les accusations d’espionnage dont il a fait l’objet.

Une publicité opportune

Cette histoire de barbouze offre une publicité opportune au groupe Bolloré au moment où il prépare l’introduction en Bourse, prévue pour fin octobre, de sa filiale spécialisée dans le stockage de l’énergie Blue Solutions, à hauteur de 10 % de son capital. Blue Solutions produit les batteries des voitures électriques d’Autolib et des futurs services Bluely à Lyon et Bluecub à Bordeaux, mais aussi pour les stations de production et de stockage de l’électricité produite par des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques qu’il entend développer. Sur ce créneau, Bolloré vise en particulier le marché africain, où il est déjà très présent dans les infrastructures de transport et l’exploitation de filières agricoles : ses stations seraient destinées à équiper des dispensaires ou des écoles éloignés des centres urbains et donc du réseau électrique.

Bolloré espère que le chiffre d’affaires de Blue Solutions, actuellement inférieur à 40 millions, atteindra 105 millions en 2014 et plus de 1,5 milliard d’ici à 2022, grâce au développement du parc de véhicules électriques. De quoi lui permettre d’atteindre l’équilibre fin 2014 et de réaliser 400 millions d’euros de bénéfices dans neuf ans. Plutôt que d’utiliser la technologie lithium-ion, actuellement la plus répandue dans les batteries, Blue Solutions a fait le choix de miser sur la technologie lithium métal polymère (LMP), qu’il juge plus sûre. Le pari financier est important pour Bolloré, qui aurait investi 1,7 milliard d’euros, dont 600 millions dans deux sites de production en Bretagne et au Canada, et qui entend rester majoritaire au capital de Blue Solutions.

Renault pour partenaire

Bolloré compte cependant sur le partenariat qu’il vient de signer avec Renault pour soutenir son développement. Les deux industriels devraient créer une société commune ayant pour vocation de gérer les futurs appels d’offres émis par les collectivités pour les services de voitures électriques en libre-service. Ces services pourront accueillir la Zoé et la Twizy, les véhicules électriques de Renault, aux côtés de la Bluecar de Bolloré. Les deux partenaires devraient aussi concevoir en commun un véhicule électrique de trois places pour ces services.

Enfin, Bolloré devrait confier à Renault une partie de la fabrication de sa Bluecar, jusqu’ici exclusivement produite par l’italien Pininfarina. Ce partenariat permet à Bolloré de sortir sa technologie de l’isolement. Renault, quant à lui, y gagne une plus grande visibilité de ses modèles électriques, ainsi qu’une expérience du service associé à ce type de véhicules, qui lui fait défaut jusqu’ici.

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