L’économie de marché : bibliographie

Définition

L’ouvrage de Charles Lindblom est assurément celui qui permet de se familiariser le plus facilement avec les réflexions sur la nature du marché, son fonctionnement et ses limites. Celui de Roger Guesnerie représente une introduction simple à la façon dont les économistes pensent l’économie de marché. Michel Henochsberg, quant à lui, donne une perspective historique, politique et propose une réflexion originale, mais souffre de ses effets de manche. Le grand classique de Pierre Rosanvallon permet de situer les réflexions sur le marché dans le contexte philosophique du XVIIIe siècle et de montrer, par exemple, comment les travaux d’Adam Smith ont été instrumentalisés par les économistes libéraux. Le Dictionnaire historique démontre que les normes sont constitutives des marchés et décrypte les compromis politiques qui ont amené à la définition de ces normes et à leur appropriation par les acteurs économiques.

Histoire

Le numéro de la Revue de synthèse est une excellente introduction à l’histoire concrète du fonctionnement de l’économie de marché. Les différentes analyses historiques proposées - sur l’économie antique, celle du Moyen Age, les Etats-Unis, le commerce de luxe international... - donnent à voir tout ce que les pratiques concrètes des marchés ont de contingent à un moment donné et de divers à l’échelle de l’histoire du monde, et montrent combien les marchés sont socialement et politiquement construits.

L’ouvrage de Philippe Minard permet, à partir d’un cas concret, la politique industrielle de Colbert, de montrer combien l’opposition entre Etat et marché est factice. On y trouve des fonctionnaires entreprenants et des entrepreneurs privés antilibéraux. Le développement de la place de l’économie de marché en Europe est analysé dans le grand classique de Karl Polanyi. Le petit livre de Fernand Braudel est un appel à lire son oeuvre magistrale en trois volumes Civilisation, économie matérielle et capitalisme (éd. Armand Colin), qui distingue l’économie de marché du capitalisme.

Mondialisation

L’ouvrage de Jacques Adda retrace les premiers pas de la mondialisation de l’économie de marché et son évolution contemporaine. Braudel et Bairoch offrent chacun une énorme fresque, nourrie de chiffres sur la dynamique à long terme des économies, Bairoch s’attachant à expliquer la dynamique à long terme de la croissance. Landes essaie de nous convaincre de l’importance des valeurs culturelles dans la croissance à long terme des pays. Diamond insiste, de son côté, sur les aspects environnementaux dans le développement et la chute des civilisations. Et Jean-François Bayart explique que la mondialisation n’est pas plus mondiale que libérale, qu’elle engendre l’Etat au lieu de le remettre en cause et encore qu’elle se construit par le biais de nos mouvements quotidiens. Une réflexion originale.

Réflexion

L’Economie politique a consacré un numéro entier à l’économie de marché, mêlant les avis d’économistes et d’historiens pour confronter les représentations du marché et leurs réalités historiques. L’occasion d’un tour d’horizon des différentes approches théoriques de l’économie de marché et de son fonctionnement, ainsi que d’une série d’analyses en longue période sur la concurrence, la fonction de signal des prix et le rôle de l’Etat. Les ouvrages d’Albert Hirschman sont quasiment des lectures obligatoires pour qui veut comprendre l’histoire de l’idée de marché. Ses mises en perspectives historiques et pluridisciplinaires apportent les éclairages nécessaires à la compréhension des débats dans lesquels sont nées les idées qui forgent le libéralisme économique contemporain. Le livre dirigé par Jean-François Bayart permet de montrer comment l’économie de marché, loin d’être un modèle canonique universel, est réinventée par les différents contextes sociaux, culturels, politiques et anthropologiques qui la mettent en oeuvre selon des voies diverses. Le grand méchant marché et Les dernières heures du libéralisme débattent de l’évolution récente de l’économie de marché en France et dans le monde.

Les défis

Devenue dominante, l’économie de marché fait face à de nombreux défis internes. Pour Robert Reich, les grandes entreprises, en se faisant concurrence dans le monde politique, accaparent la démocratie. Anton Brender, Florence Pisani et Michel Aglietta décryptent les enjeux des déséquilibres financiers internationaux récurrents. Le numéro des Cahiers français offrent une synthèse claire et complète sur les enjeux du commerce mondial. L’Observatoire des inégalités et Jean Gadrey proposent des analyses de la montée des inégalités en France.Quant à Paul Krugman, il analyse la situation américaine. Le rapport du Pnud, enfin, offre une remarquable synthèse sur les enjeux du développement durable.

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