Economie

La crise financière et ses conséquences

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En août 2007, personne n’aurait parié que les soubresauts du petit marché des crédits immobiliers américains seraient le prélude à l’une des plus grandes crises financières de l’Histoire. Plus d’un an après, celle-ci n’est toujours pas terminée. Les marchés financiers connaissent des moments de panique. Des banques font faillite ou sont nationalisées. Les banques centrales doivent régulièrement intervenir pour tenter de rétablir la confiance. Et les conséquences de la crise continuent à se faire sentir, avec des Américains qui perdent leurs logements et des banquiers qui ont peur de prêter et accroissent le coût des crédits.

Zoom Une onde de choc qui n’en finit pas

Comment la crise financière s’est-elle déroulée ? On peut en suivre le film en observant l’écart entre le taux d’intérêt des eurodollars, le prix auquel les banques se prêtent des dollars, et celui des bons du Trésor américains, considérés comme des placements sans risque. Plus les banques estiment que la situation est risquée, plus elles sont réticentes à se prêter de l’argent, et plus l’écart augmente.

Ecart entre le taux d’intérêt à trois mois des eurodollars et le taux d’intérêt à trois mois des bons du Trésor américains, données hebdomadaires, en points de pourcentage

On dispose ainsi d’un indicateur de la panique financière : on voit le taux monter à partir de l’été 2007 et les différents moments d’affolement liés aux plus mauvaises nouvelles. A chaque période de stress, les pouvoirs publics sont intervenus : fourniture de liquidités aux banques, nationalisations, etc. Ils arrivent à calmer le jeu, mais toujours de manière temporaire : l’écart de taux est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant la crise. Le plan Paulson, qui consiste à racheter les actifs douteux des banques, suffira-t-il pour rétablir la confiance ? C’est une question à 700 milliards de dollars.

Zoom La titrisation au coeur du désastre

Le principal mécanisme aux origines de la crise est la titrisation, soit la transformation d’une créance en un actif revendable sur les marchés financiers. Les Etats-Unis et l’Europe représentent environ 95 % du marché mondial de la titrisation, qui a été multiplié par cinq depuis le milieu des années 90. S’appuyant sur ce mécanisme, les banques ont revendu leurs crédits immobiliers à des investisseurs qui les ont découpés en tranches et mélangés à d’autres crédits (prêts étudiants, crédits autos...) pour les vendre à nouveau. Cette pratique s’est surtout développée sur le marché des crédits immobiliers, et de manière prioritaire aux Etats-Unis. Les actifs ainsi créés ont été achetés par toutes les grandes banques du monde. Qui, de ce fait, ont toutes été touchées lorsque les défauts de paiements hypothécaires se sont amplifiés en 2007 : le marché des crédits immobiliers titrisés s’est alors effondré, mettant de nombreuses banques dans une situation difficile, dont elles ont toujours du mal à sortir.

Flux annuels de crédits titrisés, en milliards de dollars
Zoom Une crise qui fait des dégâts

Les premières victimes de la crise des subprime sont les ménages américains devenus incapables de rembourser leur crédit immobilier. Ces prêts à taux variable, aux conditions de remboursement extrêmement généreuses les premières années et gagés sur la montée des prix des logements, ont commencé à devenir un fardeau financier pour les ménages les plus pauvres à partir de la fin 2006-début 2007, après une période de hausse des taux d’intérêt. Les ménages ont dû vendre leur maison pour pouvoir rembourser les banques alors que le prix des habitations baissait depuis début 2007, détruisant la valeur de leur garantie. Les procédures de saisie d’habitation s’établissaient à plus de 300 000 en août 2008 (+ 27 % sur un an). Après plus de 2,2 millions de saisies en 2007, leur nombre pourrait dépasser les 3,5 millions cette année, soit pas loin de 2 % des ménages américains.

Nombre de logements concernés par une procédure de saisie
Zoom Le crédit plus cher

Au moment des crises, les banques tendent à durcir leurs conditions de crédit en octroyant moins de prêts et/ou en augmentant leurs taux d’intérêt. Ce qui pèse sur le financement de l’économie, sur l’investissement, et donc sur la croissance. C’est ce qui s’est passé aux Etats-Unis après les crises des caisses d’épargne, du fonds spéculatif LTCM ou encore de la bulle Internet. Celle des subprime marque une volonté des banques américaines, plus forte encore que les fois précédentes, de réduire leurs crédits.

Nombre de banques aux Etats-Unis déclarant accroître le coût de leurs crédits aux moyennes et grandes entreprises, en pourcentage net du total
Zoom Les banques accumulent les pertes

Depuis le début de la crise, les grandes banques internationales ont perdu plus de 520 milliards de dollars. La palme revient aux deux américaines Citigroup et Merrill Lynch et à la suisse UBS, les trois cumulant à elles seules 30 % des problèmes. Selon une enquête du New York Times, à la fin du 1er trimestre dernier, Citigroup avait ainsi perdu près de 60 % de ses profits accumulés entre 2004 et le 1er semestre 2007 et Merrill Lynch plus de 150 %. Les banques françaises s’en sont relativement mieux sorties, le Crédit agricole apparaissant comme la plus touchée. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévu que le total des pertes pourrait finalement atteindre 1 000 milliards de dollars.

Pertes et recapitalisation des 15 banques internationales et des 7 banques françaises les plus touchées par la crise, en milliards de dollars, au 25 septembre 2008

Afin de répondre à la situation, les banques n’ayant pas fait faillite ou n’ayant pas été nationalisées cherchent à augmenter leur capital, ce qu’elles ont fait, au niveau mondial, à hauteur de 70 % des pertes. De nouveaux arrivants ont fait leur entrée au capital des banques, notamment les fonds souverains. Ces fonds ont apporté environ 30 milliards de dollars à la fin 2007 et encore près de 10 milliards début 2008.

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