Economie

Des inégalités de revenus persistantes

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Il n’y a pas de véritable explosion des inégalités et de la pauvreté en France. Certes, les données à disposition sous-estiment les écarts, notamment parce qu’elles prennent mal en compte les revenus financiers, très inégalement répartis. Du coup, la stagnation officielle des inégalités relatives correspond sans doute dans les faits à une légère hausse. De son côté, le taux de pauvreté reste stable, ce qui conduit à une progression - faible - du nombre de pauvres. Mais si l’on considère les écarts de revenus absolus, et non plus relatifs, le paysage des inégalités est très différent : celles-ci se creusent plus nettement.

Zoom Qui gagne combien ?

La moitié des ménages touche moins de 2 300 euros par mois après impôts et prestations sociales. Mais un ménage peut être composé de façon très différente. La moitié des célibataires vit avec moins de 1 500 euros, un couple sans enfant sur deux avec moins de 2 200 euros et la même proportion des couples avec deux enfants en bas âge touche moins de 3 080 euros. Tout en haut de la hiérarchie, moins de 5 % des célibataires vivent avec plus de 3 500 euros nets.

Répartition des revenus disponibles mensuels par type de ménage, en euros

Le système de redistribution atténue cependant assez nettement les inégalités : plus de 40 % du revenu du dixième le plus démuni est composé de prestations sociales et l’ensemble des impôts directs représente près de 19 % du revenu du dixième le plus favorisé. En haut de l’échelle, une grande partie des inégalités provient de l’ampleur des revenus financiers, mais l’Insee ne diffuse pas leur détail pour les plus hauts revenus.

Décomposition du revenu disponible en 2006, en %
Salaires horaires nets en euros dans les secteurs privé et semi-public en 2006 et écart par rapport au salaire horaire net moyen, en %
Revenu disponible mensuel pour un célibataire, en euros, données 2006
Zoom Un rattrapage en demi-teinte

La France s’enrichit. Malgré le ralentissement de la croissance, les revenus disponibles ont continué à croître, même si cette hausse a été moins rapide que durant les Trente Glorieuses. Le niveau de vie médian, une fois l’inflation déduite, a quasiment doublé entre 1970 et 2006, passant de 8 900 euros à 17 600 euros. Cet enrichissement a été généralisé, puisque selon nos estimations, les 10 % les plus pauvres ont vu leur niveau de vie augmenter de 20 %. Mais si l’on mesure les valeurs absolues - et c’est bien ce qui compte en matière de consommation -, ces 20 % de hausse représentent 1 700 euros par an de plus, contre plus de 4 000 euros pour les 10 % les plus riches. L’éventail des revenus s’est écarté de 2 300 euros. Et encore, on ne connaît pas l’évolution pour les 1 % les plus aisés.

Evolution des revenus annuels des ménages en euros, variation brute et en %
Evolution du revenu mensuel médian pour un célibataire, en euros 2006
Zoom La pauvreté persiste

La France compte officiellement 7,9 millions de pauvres, soit 13,2 % de sa population, si l’on fixe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian. Il s’agit d’une convention : si l’on utilise le seuil qui faisait référence jusqu’à 2007 (à 50 % du revenu médian), le taux et le nombre de pauvres sont divisés par deux. La pauvreté frappe bien davantage les familles monoparentales (30 % de pauvres) que les couples sans enfant (6,4 %). Depuis le milieu des années 90, le taux de pauvreté est plutôt stable, ce qui signifie que le nombre de pauvres augmente, puisque la population totale s’est accrue. Profitant de la reprise de l’emploi et de la baisse du chômage, le nombre de titulaires du RMI a quant à lui diminué de 136 000 entre décembre 2005 et mars 2008. Mais le retournement actuel de la conjoncture risque de compromettre ce mouvement favorable.

Proportion de personnes pauvres selon le type de ménage (seuil à 60 % du revenu médian), en %
Evolution du taux de pauvreté, en %

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