Chômage : la grande incertitude
- Copier le lien
- 0 Commentaire(s)
La France va-t-elle enfin revenir au plein-emploi ? Depuis vingt ans, chaque phase de baisse du chômage est suivie d’une remontée. Les données le plus souvent utilisées sous-estiment les dégâts du mal-emploi. Ce n’est pas deux mais au moins trois millions de chômeurs que compte notre pays si l’on retient toutes les catégories de demandeurs d’emploi. Des contrats à durée limitée au temps partiel subi avec des rémunérations amputées, les normes d’emploi se sont dégradées. Cette situation pénalise au premier chef les plus défavorisés sur le marché de l’emploi : les femmes, les jeunes, les moins qualifiés et les ouvriers.
Au cours des deux dernières décennies, la France a connu trois phases de forte baisse du chômage, entre 1987 et 1990, entre 1997 et 2001, puis de 2006 à la mi-2008. Le nombre des demandeurs d’emploi a baissé de 700 000, puis de 860 000 lors des deux dernières phases. Reste à savoir si cette décrue résistera au ralentissement économique de 2008, alors que la France dans ce domaine ne compte pas parmi les bons élèves de l’Union européenne.
La France comptait officiellement 1,9 million de demandeurs d’emploi, à l’automne 2008, selon le chiffre le plus souvent utilisé. Mais on ne comptabilise ici que ceux qui n’ont pas travaillé plus de 78 heures le mois précédant l’enquête et qui ne cherchent ni un CDD ni un temps partiel... Pourtant, puisqu’on considère un temps partiel ou un CDD comme un "vrai" emploi, ceux qui en cherchent sont des chômeurs à part entière... Autre étrangeté : les chômeurs des départements d’outre-mer, qui font pourtant partie de la nation, sont écartés. Même si l’on exclut les DOM et les chômeurs qui ne sont pas vraiment disponibles (en emploi, malades, en formation, etc.), on compte au final trois millions de demandeurs d’emploi.
Entre le chômeur de longue durée et le fonctionnaire, il existe un dégradé d’emplois. A côté des 2 millions de chômeurs officiels, on compte plus de 700 000 inactifs (car leur recherche n’est pas assez "active") qui voudraient travailler, chiffre sans doute très sous-estimé. On compte aussi 1 1,1 million de salariés à temps partiel qui voudraient travailler plus, 3 millions de précaires et 3,7 millions de travailleurs pauvres, dont 1,8 million ont été salariés toute l’année.
- 1. Ces chiffres ne peuvent s’additionner, car ils se recoupent partiellement.
Le niveau scolaire est déterminant dans l’univers professionnel français. Les deux tiers des demandeurs d’emploi ont au maximum le BEP. 84 % sont des manoeuvres, ouvriers ou employés, qualifiés ou pas. Le taux de chômage des non-diplômés dépasse 13 %, alors que les diplômés de l’enseignement supérieur sont quasiment au plein-emploi, avec un taux qui avoisine les 5 %.
Pour en savoir plus
-
Pour comprendre ces chiffres Il existe deux façons principales de comptabiliser les chômeurs. Soit par le biais des fichiers de l'
ANPE , c'est le chiffre diffusé chaque mois par le ministère de l'Emploi, qui est amplement commenté ; les demandeurs sont ensuite répartis par catégories. Soit parle biais de l'enquête emploi menée tousles trimestres par l'Insee . Celle-ci sert notamment à calculer le taux de chômageet aux comBiblioItemisons internationales. Le chômeur est celui qui ne travaille pas, même une heure la semaine précédant l'enquête, qui est disponible pour prendre un emploi dans les quinze jours et qui cherche activement un emploi. Ces deux façons de compter aboutissent à des données différentes.Où trouver ces chiffres www.insee.fr: voir le thème "Travail-Emploi" pour les données tirées de l'enquête emploi, les éléments structurels sur le marchédu travail et les
taux de chômage .www.travail.gouv.fr/etudes-recherche-statistiques-dares/statistiques/chomage: sur le site statistique du ministèrede l'Emploi, on trouvera les données les plus récentes, les chiffres des différentes catégories de demandeurs d'emploi,mais aussi des études plus détaillées.
Suivez-nous
En recevant notre newsletter
Soutenez-nous
Alternatives Economiques est une coopérative 100% indépendante qui appartient à ses salariés et qui ne vit que grâce à ses lecteurs. Nous avons besoin de vous pour faire vivre ce projet.