Economie

Trop de fonctionnaires ?

1 min

Le débat public sur l’emploi public tend à se réduire à cette seule question : où tailler dans les effectifs pour atteindre les objectifs fixés au sommet de l’Etat ? Rapportée à la richesse de la nation, la charge financière de la fonction publique n’est pourtant pas plus élevée aujourd’hui qu’hier. Ce qui a changé, en revanche, c’est que les réformes fiscales de l’actuel gouvernement ont réduit les moyens dont dispose l’Etat pour assurer ses missions, tandis que les pensions des fonctionnaires retraités pèsent et pèseront de plus en plus lourd. Ce qui n’ôte rien à la nécessité de réformes visant à utiliser au mieux les moyens alloués à la fonction publique.

Zoom Moins d’agents de l’Etat, mais plus d’emploi public

Le nombre de fonctionnaires de l’Etat, en équivalent temps plein, a baissé de près de 23 000 en 2008. Et le projet de budget 2009 prévoit 30 500 nouvelles suppressions nettes de postes. Soit le remplacement d’un départ à la retraite sur deux, principalement dans l’Education nationale, qui emploie un fonctionnaire de l’Etat sur deux. Ce sévère tour de vis dans les ministères ne doit pas masquer d’autres réalités, en particulier l’effet de la décentralisation. Selon le dernier rapport annuel sur l’état de la fonction publique (juillet 2008), si les effectifs des agents de l’Etat ont baissé de 18 550 en 2006, ceux des agents territoriaux ont crû de 49 500. En dépit des discours sur la rigueur, le nombre total de fonctionnaires (Etat, hôpitaux, collectivités locales) aura finalement progressé plus vite que l’emploi total durant les années 2002-2006, quand il avait augmenté dans des proportions égales entre 1986 et 2000. Quant à l’ensemble de l’emploi public, il aura progressé en 2006 davantage que celui du nombre total de fonctionnaires.

Evolution des effectifs des trois fonctions publiques entre 1986 et 2006, base 100 en 1986
Effectifs de la fonction publique d’Etat, par ministère en 2006 (hors emplois aidés) et variation 2002-2006
Créations et suppressions nettes de postes dans les ministères
Effectifs de la fonction publique et du secteur public dans l’emploi total au 31 décembre 2006 et évolution 2005-2006, en nombre et en %
Zoom Des salariés trop chers ?

En proportion de la richesse nationale, leurs fonctionnaires ne coûtent pas plus cher aux Français aujourd’hui qu’hier. Leur rémunération, charges sociales comprises, représentait 12,9 % du PIB en 2007. Un niveau qui a même un peu diminué depuis 1995 (13,6 %) et qui retrouve celui du début des années 80. Parallèlement, le nombre d’agents s’est accru, les qualifications se sont élevées et le statut des enseignants a été valorisé, la quasi-totalité étant passée en catégorie A. Si l’on compare les salaires avec ceux du privé, les employés du public sont mieux payés en France, mais les cadres administratifs le sont moins. Pris dans leur ensemble (en incluant les enseignants), les cadres du public apparaissent nettement moins bien payés. Enfin, par rapport à ses voisins européens, la France est plutôt dans le peloton de tête des pays qui consacrent la plus grande part de leur revenu à leurs fonctionnaires. Mais certains font beaucoup plus, comme le Danemark. Mais les comparaisons internationales sont malaisées en raison de périmètres variables.

Rémunération des salariés des administrations publiques en 2007 (en % du PIB) et effectifs pour 1 000 habitants en 2006
Evolution du nombre de fonctionnaires d’Etat par catégorie entre 1986 et 2006
Salaires mensuels nets moyens en 2006, à temps complet, en euros
Zoom Attention vieillissement

Les fonctionnaires prennent de l’âge et ils sont de plus en plus nombreux à atteindre l’âge de la retraite : 97 700 en 1998 (Etat, hôpitaux et collectivités locales), 145 000 en 2007. Du coup, le nombre de pensionnés (2,3 millions) se rapproche de celui des cotisants (4,3 millions) et devrait le dépasser dans les années 2030. Ce qui va poser des problèmes difficiles d’arbitrage budgétaire, dans une situation où déjà, dans la fonction publique d’Etat, les pensions représentent l’essentiel de la croissance des dépenses de personnel, la progression de la masse salariale des agents en activité étant calée sur l’inflation.

Projection du nombre de cotisants et de pensionnés des trois fonctions publiques (en millions) et du coût des pensions (en % du PIB)
Evolution des dépenses de personnel de l’Etat, inflation déduite, base 100 en 1999

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !
Sur le même sujet