Economie

Recherche : la France décroche

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La croissance est basée sur trois facteurs : le travail, le capital et le progrès technique. Ce dernier permet aux entreprises d’améliorer leur productivité et donc leur compétitivité. De ce fait, il doit sans cesse être stimulé grâce à la recherche. Or, si les chiffres montrent une croissance des dépenses de recherche et développement (R&D), la dynamique de la France au niveau mondial et européen inquiète. Différents indices illustrent une perte de vitesse, malgré les résolutions prises avec la stratégie de Lisbonne en 2000 pour que l’Europe devienne "l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique".

Zoom Un effort insuffisant

Les dépenses de recherche et développement (R&D) françaises en 2006, de 38 milliards d’euros (41 milliards de dollars de 2000, en parité de pouvoir d’achat), progressent plus faiblement que chez nos concurrents européens : + 1,3 % en 2006, contre + 5 % en Allemagne ou + 4 % en Finlande. L’intensité de la R&D française a même diminué au cours de ces dernières années : 2,1 % en 2006, contre 2,17 % du produit intérieur brut (PIB) en 2003. La France se situe ainsi au 6e rang européen et loin de l’objectif de 3 % du PIB d’ici à 2010 que s’étaient fixé les Etats membres de l’Union lors des sommets de Lisbonne en 2000, puis de Barcelone en 2002.

Dépenses intérieures de R&D, en % du PIB et en milliards de dollars de 2000 (en parité de pouvoir d’achat)

Or, dans le même temps, les pays du Sud intensifient leurs efforts de recherche pour rivaliser avec les pays développés. La Chine, en particulier, a augmenté rapidement ses dépenses en R&D. Ses investissements sont passés de 14,6 milliards de dollars (en parité de pouvoir d’achat) en 1997 à 86,7 en 2006 (deux fois plus que la France).

Zoom L’université négligée

Les étudiants d’aujourd’hui sont les chercheurs, les ingénieurs et les techniciens de demain. Pourtant, les dépenses consacrées à l’enseignement supérieur en France restent faibles, comparées à celles des autres pays de l’OCDE. Avec simplement 10 668 dollars dépensés en moyenne en 2004 pour un étudiant, la France se situe loin derrière des pays comme les Etats-Unis (22 476 dollars) ou le Danemark (15 225 dollars).

Dépenses par étudiant dans l’enseignement supérieur en parité de pouvoir d’achat, en dollars
Zoom Les ratés du système de soutien à l’innovation

La recherche publique occupe une place importante en France par rapport aux autres pays développés : le financement public y représente 38,4 % des dépenses de recherche et développement (R&D), contre 29,3 % aux Etats-Unis ou 28,4 % en Allemagne. L’ampleur de cet engagement public est toutefois remise en cause depuis quelques années, au vu des performances décevantes de la recherche française. Malgré une augmentation sensible du nombre de chercheurs (226 759 en 2005, + 14 % par rapport à 2001), la part des publications scientifiques de l’Hexagone régresse au niveau mondial depuis la fin des années 90. Même constat pour les brevets, dont le nombre stagne, voire diminue, depuis les années 2000.

Part de la dépense intérieure de R&D financée par l’Etat en 2007, en %

Les politiques publiques de l’innovation en France ont donc mis, depuis 2004, l’accent sur des dispositifs visant à stimuler la recherche privée, notamment par l’intermédiaire d’incitations fiscales (crédit impôt recherche) ou par la création des pôles de compétitivité. Tout en cherchant à réduire les coûts de la recherche publique, dans les laboratoires académiques par exemple. A ce jour, cette inflexion n’a pas encore montré de résultats tangibles. Après trois années de forte baisse, les dépenses de recherche des entreprises françaises se redressent certes en 2006 (+ 2,6 %), mais cet effort demeure modeste en comparaison de celui des firmes allemandes (+ 5,8 %) ou américaines (+ 3,7 %).

Nombre de brevets triadiques* déposés en 2007, rapporté au PIB

Le talon d’Achille du système français semble être, comme le souligne un rapport de la direction du Budget, la mauvaise articulation entre public et privé. Ce qui freine l’adaptation de l’économie française aux changements technologiques rapides actuels.

Zoom Les entreprises françaises innovent moins

Les trois quarts des dépenses privées de recherche et développement (R&D) sont le fait des 100 plus grosses entreprises françaises. L’Hexagone peine en effet à faire émerger des entreprises innovantes de taille moyenne. De plus, le tissu industriel français semble moins enclin à financer de la R&D du fait de la faible proportion d’entreprises spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication. Les principaux secteurs investissant dans la R&D en France sont l’automobile et la pharmacie, mais seul Sanofi-Aventis figure au "top 15" mondial des entreprises ayant investi le plus en R&D en 2006, occupant le 12e rang.

Le top 15 des entreprises dépensant le plus en R&D dans le monde en 2006

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