Société

Le nouvel équilibre démographique

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Le déclin démographique européen annoncé n’est pas au rendez-vous : la plupart des pays enregistrent une hausse de la fécondité qui les place à un seuil proche de la stabilité. L’élévation de la durée de vie se poursuit partout. Quant aux migrations, elles augmentent sous l’effet de la demande de travail, mais aussi des écarts de niveaux de vie mondiaux ou des conflits armés. Nos sociétés se situent ainsi à une sorte de point d’équilibre démographique. Reste deux défis à relever : comment financer la protection sociale des classes d’âge nombreuses du baby-boom ? quelle place donner aux personnes âgées dans la société ?

Zoom Retraites : un avenir incertain

Les prévisions d’évolution de l’équilibre financier des régimes de retraite sont des estimations à prendre avec de grandes précautions. Il est cependant certain qu’il faudra consacrer aux pensions une partie supplémentaire de la richesse nationale, à répartir en fonction de compromis politiques entre travailleurs (durée et taux de cotisation), retraités (niveau de remplacement) et actionnaires. La reprise de la fécondité et de l’immigration pourront alléger la ponction, mais, quoi qu’il arrive, la poussée démographique du baby-boom constituera une charge financière lourde, qui s’estompera vers les années 2040, quand cette génération aura disparu. Les pays où le niveau des pensions est le plus élevé - comme la France, l’Allemagne ou la Suède - ne sont pas ceux qui devront accroître le plus leurs dépenses publiques dans ce domaine, selon les projections de la Commission européenne. De nombreux pays européens devraient en revanche se soucier d’urgence de l’étendue de la pauvreté des personnes âgées, qui dépasse le quart de la population au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni.

Prévision d’évolution des dépenses publiques pour les retraites
Taux de pauvreté (au seuil de 60 % du revenu médian) chez les plus de 65 ans en 2005, en %
Zoom La bonne forme de la population française

Davantage de bébés, d’immigrés et de plus longues années à vivre ! La démographie française se porte bien et sa population augmente nettement. Cette situation s’explique par différents facteurs. Elle traduit d’abord une conjonction emploi-maternité relativement moins difficile que dans d’autres pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne notamment ou les pays du Sud de l’Europe, un accueil plus ouvert qu’ailleurs aux étrangers et un état sanitaire qui s’améliore, en travaillant moins, en mangeant mieux et en surveillant ses pratiques, notamment sur la route. Au fond, le modèle social français n’est pas en si mauvaise forme si l’on en juge par ses fondamentaux... Même si de grands progrès restent à faire en matière de parité hommes-femmes dans le travail, d’inégalités de santé et de rejet des étrangers.

Le tableau de bord de la démographie française
Zoom Le dépeuplement européen enrayé

La fécondité conjoncturelle augmente presque partout et la descendance finale est supérieure à 1,8 dans de nombreux pays : il suffit d’une immigration modeste pour stabiliser le niveau de la population. La baisse de la population européenne n’est donc pas pour demain. En revanche, pour certains poids lourds, comme l’Allemagne ou l’Italie, la baisse de la fécondité est ancienne et la descendance n’est que de 1,5 enfant par femme.

Les écarts d’espérance de vie en Europe reflètent de moins en moins les différences de niveaux de vie ou de développement du système de soins. Les pratiques sociales au sens large - de l’alimentation à la durée du travail - jouent un rôle plus important que la technique médicale. Ainsi, la forte consommation d’alcool en France entraîne une dégringolade au classement pour les hommes.

Evolution de la fécondité conjoncturelle, en nombre d’enfants par femme
Descendance finale des femmes nées en 1966, en nombre d’enfants par femme

L’immigration progresse, principalement dans les pays du pourtour méditerranéen, en raison certes d’une pression accrue aux frontières, mais aussi de la demande de main-d’oeuvre, notamment dans les secteurs de la construction et des services. Autrefois terres d’émigration, l’Espagne et l’Italie deviennent à leur tour des zones d’immigration et reçoivent la grande majorité des migrants. Derrière des discours très restrictifs, l’Europe dans son ensemble n’est donc pas aussi fermée qu’il y paraît...

Espérance de vie à la naissance en 2006, en années
Solde migratoire moyen 2002-2006, en milliers et taux pour 1 000 habitants

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