Société

Logement : des progrès mal partagés

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Changement d’ambiance dans le secteur du logement. Le boom de la construction est bel et bien fini. L’habitat social est relancé, mais le secteur privé repasse à la vitesse lente, alors que les besoins en logements restent énormes. Certes, les Français vivent plus confortablement et moins à l’étroit que par le passé : la surface moyenne des logements atteint presque 20 m2 de plus qu’en 1973. Mais les écarts sont importants entre les territoires, le statut d’occupation ou les niveaux de vie. Une fracture s’est créée entre les jeunes générations et celles qui ont pu accéder au logement dans une période où les prix étaient plus sages.

Zoom Immobilier : la fin d’un cycle ?

L’essor de la construction amorcé au milieu des années 90 est stoppé. Le nombre de maisons individuelles mises en chantier est en diminution depuis 2007 et celui des appartements depuis 2008. Les premiers mois de 2008 affichent une baisse de 20 % du volume global des logements commencés. Sur l’ensemble de l’année, on devrait atteindre au mieux 370 000 logements selon les experts du secteur, contre 416 000 en 2007.

Evolution annuelle des prix au mètre carré dans l’ancien, en %

Le secteur du logement social, lui, se reprend. La hausse est nette : depuis le début des années 2000, le volume de logements sociaux construits a doublé. Encore faut-il noter que le gros de la hausse est dû à des logements destinés aux ménages des catégories moyennes, avec des plafonds de revenus élevés, jusqu’à 26 000 euros annuels en province et 30 000 euros à Paris, pour une personne seule.

Le nombre de logements accessibles aux plus démunis a augmenté lui aussi, mais dans de moindres proportions. L’offre est toujours insuffisante au regard des besoins, avec 1,23 million de nouveaux demandeurs en 2006, dont le tiers seulement a vu leur demande satisfaite. Il faut dire que de moins en moins de ménages sortent du secteur social, tant le logement privé est devenu inabordable, avec des prix à l’achat qui ont doublé en moyenne entre 2001 et 2007.

Logements commencés, selon le type de logement
Nombre de logements sociaux construits par an
Zoom De meilleures conditions de vie

Les conditions de logement s’améliorent. L’augmentation de la part des maisons individuelles (plus spacieuses) dans l’ensemble du parc immobilier a mécaniquement entraîné une hausse de la taille moyenne des logements. A l’inverse, la part des logements sans confort sanitaire (eau courante, WC intérieur) est tombée à 1,5 % du parc, mais concerne encore malgré tout 400 000 ménages. Et il reste encore 1,5 million de logements sans moyen moderne de chauffage, soit 6 % du parc.

Evolution de la surface moyenne totale et par personne, en mètres carrés
Part des logements auxquels il manque l’eau courante, les WC intérieurs ou une installation sanitaire, en %
Zoom Des inégalités marquées

L’amélioration des conditions de logement n’est pas équivalente pour tous. Le fossé est grand entre les propriétaires ayant déjà achevé leurs remboursements (38 % des résidences principales en 2006) et ceux dont les emprunts réduisent souvent d’un tiers leur niveau de vie, voire davantage. L’âge constitue aussi un facteur discriminant : la surface moyenne par personne va du simple au double entre les moins de 30 ans et les plus de 65 ans. Les ouvriers disposent en moyenne de 8 m2 par personne de moins que les cadres. 28 % des moins de 30 ans vivent dans des logements inconfortables (de mauvaise qualité ou trop petits), contre 7 % des plus de 60 ans. La moitié des immigrés d’Afrique subsaharienne sont dans ce cas.

Répartition des ménages selon le statut du logement en 2006, en %
Surface moyenne des logements selon le statut de l’occupant, en mètres carrés
Proportion de logements de qualité médiocre ou surpeuplés en %
Zoom Un défi écologique

Depuis l’introduction de la première réglementation thermique dans les années 70, les logements sont beaucoup moins énergivores. 30 % de la consommation d’énergie finale sont pourtant toujours le fait du secteur résidentiel. Et pour se conformer à l’objectif d’une division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, il faudrait que les logements ne consomment plus que 50 kilowattheures par m2 et par an, contre 210 en moyenne aujourd’hui dans le neuf et 328 pour les logements construits avant 1975 (lesquels représentent encore 65 % du parc). Sachant que celui-ci se renouvelle au rythme de 1 % par an, la rénovation des logements existants est donc indispensable.

Consommation moyenne des logements en France en 2006, en kWh/m2/an

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