Comment ça va la France ? (I)

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A l’heure où la question des indicateurs de bien-être est relancée par les travaux de la commission Stiglitz, voici une contribution au débat, non plus sur le plan des idées, mais sur celui des chiffres. Dans cet esprit, nous avons sélectionné une vingtaine d’indicateurs, regroupés en une dizaine de thèmes qui brossent un tableau de la situation des Français, comparée à celle d’autres pays de niveau de développement au moins comparable. Un choix nécessairement subjectif, qui reflète ce que sont pour nous les ingrédients d’une " bonne société ", même s’il est aussi largement dicté par la disponibilité des données internationales...

Zoom L’argent ne fait pas le bonheur, mais...

Le produit intérieur brut (PIB) exclut tout ce qui n’a pas de prix, même si cela favorise le bien-être : les soins prodigués aux proches, les loisirs, les activités citoyennes... Il ne tient pas compte non plus du " service " rendu par une mer poissonneuse ou un climat clément. Pourtant, le PIB, qui est la somme des valeurs produites dans la sphère marchande et du coût de production des services non marchands, n’est pas un indicateur illégitime dans des économies où la monnaie joue un rôle central. Il ne dit cependant rien de la manière dont cette richesse est utilisée et répartie. Une société vraiment prospère est celle où les plus pauvres disposent d’un niveau de vie décent. Si l’on classe les pays selon le revenu des 10 % les plus pauvres, la France apparaît nettement mieux placée que dans un classement selon le PIB par habitant.

Revenu moyen des 10 % les moins riches en 2005, en dollars et en parité de pouvoir d’achat
PIB par habitant en 2007 (en dollars courants, en parité de pouvoir d’achat) et variation sur dix ans (en %)

* La note de la France est relative au choix des pays affichant le meilleur et le moins bon score. Si on ôte les Etats-Unis et l’Irlande de la sélection (les Pays-Bas prennent alors la tête) et si on y intègre le Portugal dont le PIB est de 22 800 dollars, la note de la France passe de 3 à 12 sur 20.

PIB par habitant en 2007 (en dollars courants, en parité de pouvoir d’achat) et variation sur dix ans (en %)

* La note de la France est relative au choix des pays affichant le meilleur et le moins bon score. Si on ôte les Etats-Unis et l’Irlande de la sélection (les Pays-Bas prennent alors la tête) et si on y intègre le Portugal dont le PIB est de 22 800 dollars, la note de la France passe de 3 à 12 sur 20.

Zoom Cohésion sociale : derrière les Nordiques

La santé d’une société se mesure aussi à sa capacité à limiter le nombre des laissés-pour-compte. Selon la définition conventionnelle de la pauvreté, il faut percevoir moins de la moitié du revenu médian pour être pauvre. C’était le cas de 7 % de la population en France au milieu des années 2000. Le rapport entre le revenu moyen des plus riches et celui des plus pauvres donne une mesure des inégalités qui traversent la société. La convergence des deux indicateurs est intéressante : les pays où les inégalités sont les plus fortes sont aussi ceux où la pauvreté est la plus importante. Preuve que ce ne sont pas seulement les riches qui sont plus riches, mais aussi les pauvres qui sont plus pauvres.

Taux de pauvreté* en 2005 (en %) et variation sur dix ans (en points de %)

* % de la population vivant avec moins de 50 % du revenu médian.

Taux de pauvreté* en 2005 (en %) et variation sur dix ans (en points de %)

* % de la population vivant avec moins de 50 % du revenu médian.

Revenu moyen des 10 % les plus riches rapporté au revenu moyen des 10 % les plus pauvres en 2005 (rapport interdécile)
Zoom Environnement : l’alibi nucléaire

Les ressources gratuites fournies par la nature, les coûts engendrés par les pollutions et la surexploitation de la planète ont longtemps compté pour rien. Menace climatique oblige, les émissions de CO2 par personne sont un des indicateurs phrares d’une nouvelle comptabilité des prélèvements et des rejets de l’homme sur et dans la nature. La France est très bien placée selon ce critère, notamment grâce à l’importance de son parc nucléaire. Mais conformément à l’adage selon lequel l’énergie la plus propre est celle qui n’est pas consommée, nous avons aussi sélectionné un indicateur d’efficacité énergétique. Là, la position de la France est moins flatteuse.

Emissions de CO2 par habitant en 2005 (en tonnes) et variation sur dix ans (en %)
Efficacité énergétique du PIB en 2006 (PIB par unité d’énergie consommée, en dollars en parité de pouvoir d’achat, par kg d’équivalent pétrole) et variation sur dix ans (en %)

Lecture : l’efficacité énergétique de la production est la valeur de PIB qui est générée par un kilogramme d’équivalent pétrole (kep). Ainsi 1 kep produit 11 dollars de valeur ajoutée en Irlande et seulement 5,7 aux Etats-Unis.

Efficacité énergétique du PIB en 2006 (PIB par unité d’énergie consommée, en dollars en parité de pouvoir d’achat, par kg d’équivalent pétrole) et variation sur dix ans (en %)

Lecture : l’efficacité énergétique de la production est la valeur de PIB qui est générée par un kilogramme d’équivalent pétrole (kep). Ainsi 1 kep produit 11 dollars de valeur ajoutée en Irlande et seulement 5,7 aux Etats-Unis.

Empreinte écologique en 2006, en hectares globaux par personne

Lecture : aucun de ces pays n’a une consommation compatible avec la biocapacité mondiale (la capacité de la planète à se régénérer), évaluée à 2,1 hectares par personne.

Empreinte écologique en 2006, en hectares globaux par personne

Lecture : aucun de ces pays n’a une consommation compatible avec la biocapacité mondiale (la capacité de la planète à se régénérer), évaluée à 2,1 hectares par personne.

La question environnementale ne se réduit pas à celle des énergies fossiles et du réchauffement climatique. C’est pour tenter d’agréger les multiples dimensions de cette question qu’a été créée l’empreinte écologique. Cet indicateur évalue l’impact de la consommation d’une population donnée selon la surface de sol et d’océan nécessaire pour la produire et pour assimiler les déchets qu’elle génère.

Zoom Le temps libéré

Ne plus perdre sa vie à la gagner : cette vieille aspiration est rendue possible par les progrès de la productivité. En un siècle, le temps de travail annuel a été divisé par deux. Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. La France est bien placée, même si on y travaille plus que dans les pays du nord de l’Europe. Reste à savoir comment ce temps libéré est utilisé. Une publication récente 1 révélait que les Français sont ceux qui consacrent le plus de temps au sommeil et aux repas (et autres occasions de manger ou de boire) : deux heures et quart environ, contre une heure et quart aux Etats-Unis et encore moins au Canada. Saines occupations !

Nombre annuel moyen d’heures effectivement travaillées en 2006
  • 1. Voir Panorama de la société, OCDE, 2009.
Zoom Quand la santé va...

S’il ne fallait retenir qu’un indicateur de progrès des sociétés, ce pourrait être l’espérance de vie. Elle a franchi le seuil des 80 ans en 2004, un gain de dix ans de vie en une quarantaine d’années. La France est bien placée selon ce critère. Les causes sont difficiles à démêler : un système de santé qui ne fonctionne pas si mal, mais aussi une bonne hygiène de vie. La France fait ainsi partie des pays qui comptent le moins d’obèses (malgré une augmentation rapide) : 10 % de la population en 2006, contre 15 % en moyenne dans l’OCDE et plus de 30 % aux Etats-Unis.

Espérance de vie à la naissance en 2006 et variations 1996-2006, en nombre d’années

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