Une crise historique

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Partie d’un petit segment du marché immobilier américain, la crise s’est transformée en récession mondiale. Une première depuis l’après-guerre. La baisse de l’activité fin 2008 et début 2009, la contraction brutale des échanges de biens et de capitaux, l’effondrement des prix des actifs immobiliers et financiers apparentent cette crise à la grande dépression des années 1930. Les mécanismes de contagion internationale sont même plus virulents qu’hier et la crise n’épargne aucun pays. Mais les moyens mis en oeuvre pour la combattre devraient, semble-t-il, permettre d’éviter que l’histoire ne se répète.

Zoom Une récession mondiale

Le ressort de la croissance est rompu. Ces dernières années, elle était fondée sur des déséquilibres croissants entre des pays de plus en plus endettés (notamment les Etats-Unis) et d’autres accumulant les excédents (la Chine et les pays pétroliers). Mais ce gigantesque transfert d’épargne s’est fait au prix de risques inconsidérés du système financier. Mondiale par ses causes, la crise l’est aussi par ses conséquences. Via la chute du commerce international et la contraction des flux de capitaux, la crise se fait sentir dans tous les pays du monde, ce qui explique son ampleur inattendue. Même si tous ne sont pas également touchés.

Evolution des prévisions du FMI pour la croissance mondiale en 2009, en %
Soldes courants, en milliards de dollars
Production industrielle* dans les pays du G7, base 100 en 2005
Taux de chômage des pays du G7, en % de la population active
Zoom Une perte de richesses

Les fluctuations de l’activité, dans des économies financiarisées, sont de plus en plus liées à celle des prix des actifs. En 2001, l’éclatement de la bulle boursière avait provoqué une récession aux Etats-Unis et un fort ralentissement en Europe. Mais la valorisation du patrimoine immobilier des ménages avait limité leur appauvrissement. En 2007, c’est le retournement du marché immobilier américain qui a déclenché l’engrenage de la crise. Mais cette fois-ci, toutes les composantes de la richesse des ménages, qu’elle soit financière ou immobilière, se sont effondrées en même temps. La dette, elle, est toujours là, alors que le revenu de la majorité des ménages ne progresse que très faiblement..

Variation annuelle du prix de l’immobilier, en %
Indices boursiers dans différentes régions, base 100 en 2005
Endettement aux Etats-Unis par secteur institutionnel, 1980-2008
Taux de croissance du revenu réel après impôt aux Etats-Unis entre 1979 et 2006, en dollars 2006
Zoom La crise des années 1930 n’aura pas lieu

La profondeur de la crise a fait ressurgir le spectre de la Grande Dépression, mais les comparaisons entre les deux périodes se cantonnaient en général à l’économie américaine, où la sévérité de la dépression (baisse de plus d’un quart de la production entre 1929 et 1933) demeurait sans équivalent. Or, deux chercheurs américains ont montré qu’en comparant des données mondiales - et plus seulement nationales -, le parallélisme entre les deux périodes est troublant : par certains aspects, comme la contraction du commerce mondial, la crise actuelle semble même plus sévère. Depuis le printemps, la trajectoire de l’économie mondiale paraît cependant s’écarter du scénario des années 1930. L’intervention vigoureuse des pouvoirs publics y est sans doute pour beaucoup (voir page 20).

Evolution depuis le point haut, base 100 en juin 1929 et en avril 2008

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