Les pouvoirs publics à la rescousse

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Les Etats ont retenu la leçon de la crise des années 1930 qui avait été amplifiée par des politiques publiques inadéquates. Cette fois, ils ont réagi vigoureusement. Les banques centrales sont intervenues dès l’été 2007 par des injections massives de liquidités puis par une baisse très rapide des taux d’intérêt. A partir de l’automne 2008, les gouvernements ont injecté de l’argent public dans les établissements financiers menacés d’insolvabilité. Et mis sur pied de vastes plans de relance pour soutenir l’activité. Une action nécessaire mais qui s’est traduit partout par une explosion de la dette publique. Un héritage lourd à gérer.

Zoom De la dette privée à la dette publique

La dette publique des pays de l’OCDE devrait progresser de 25 points de PIB entre 2007 et 2010, soit à peu près autant qu’au cours des vingt années précédentes. Les Etats doivent emprunter massivement pour financer, principalement, les déficits publics creusés par la baisse de l’activité et les plans de relance, et, dans une moindre mesure, pour venir au secours des banques sous forme d’injections de capital ou d’achats de titres. Cette poussée d’endettement public a une rationalité économique indéniable : elle vient compenser le désendettement des agents privés, comme on le voit clairement aux Etats-Unis. Reste que si la dette n’exerce pas les mêmes contraintes sur les pouvoirs publics que sur les agents privés (un Etat peut lever des impôts, emprunter sur les marchés à moindre coût et... reconduire indéfiniment sa dette), elle peut se nourrir elle-même quand le service de la dette s’alourdit par rapport aux recettes perçues et quand il faut continuer à emprunter pour payer les intérêts. A moins d’une forte croissance qui dopera les recettes fiscales, il faudra réduire les dépenses pour contenir la spirale de l’endettement (voir page 52).

Variation nette de la dette du secteur privé non financier et du secteur public aux Etats-Unis, en % du PIB
Soutien public au secteur financier, en % du PIB 2008
Dette publique de l’ensemble des pays de l’OCDE, en % du PIB
Déficits publics des pays du G20, en % du PIB
Zoom Relance toute !

Pour ranimer une demande anémiée par le rationnement du crédit bancaire et l’effondrement de la confiance, les gouvernements se sont convertis aux vertus de la relance. Avec une ampleur variable selon la sévérité de la récession, l’état initial des finances publiques, mais aussi la taille des Etats-providence. En Europe, où la part des dépenses socialisées représente près de la moitié du produit intérieur brut (PIB), la diminution de l’activité fait baisser les prélèvements et augmente les dépenses sociales, créant un effet stabilisateur automatique. Mais la faiblesse des plans de relance européens, comparés à ceux mis en oeuvre aux Etats-Unis ou en Chine, tient aussi à la difficulté à se mettre d’accord sur une action coordonnée au sein de l’Union.

Plans de relance contre stabilisateurs automatiques
Détails des plans de relance de quelques pays européens, par catégories de dépense, en % du PIB national
Zoom Les banques centrales à la manoeuvre

La première réaction des pouvoirs publics face à la crise est venue des banques centrales. Dès la première alerte de l’été 2007, celles-ci ont massivement prêté aux banques qui avaient besoin de liquidités. La Fed, rapidement après, et la Banque centrale européenne, plus tardivement, ont fortement baissé le niveau des taux auxquels les banques peuvent se refinancer. Mais avec des taux proches de zéro, la politique monétaire conventionnelle a épuisé toutes ses cartouches. Restent les instruments non conventionnels. La Fed anime ainsi directement le marché du crédit en achetant des titres de dettes. Cet activisme se donne à lire dans l’explosion de son bilan.

Taux directeurs de quelques banques centrales, en %
Taille du bilan de la BCE et de la Fed, en milliards de dollars (Fed) et d’euros (BCE)

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