Le " made in France " recule

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Le commerce mondial pourrait se contracter de plus de 10 % en 2009. Reste que les échanges extérieurs de la France connaissent des problèmes spécifiques bien antérieurs. La balance commerciale se dégrade régulièrement depuis 2002. Cette évolution tient en partie au renchérissement de l’énergie et à l’appréciation de l’euro. Mais elle est aussi liée à la structure du tissu industriel français : les firmes exportatrices sont avant tout les grands groupes d’origine étrangère, alors que trop peu de grosses PME et d’entreprises de taille intermédiaire sont capables de prendre position sur des marchés extérieurs.

Zoom Le déficit extérieur, c’est grave docteur ?

Au-delà de la légère amélioration enregistrée au deuxième trimestre 2009, la France a vu ces dernières années son solde commercial s’enfoncer dans le rouge. Elle affichait un déficit de près de 60 milliards d’euros en 2008, qui n’est que partiellement compensé par la résistance des échanges de services. Certes, le déficit commercial des biens, rapporté au produit intérieur brut (PIB), est moins profond en France qu’aux Etats-Unis (2,7 %, contre 6 % environ). Et la facture pétrolière explique pour une bonne part cette dégradation. Mais le solde des échanges de produits manufacturés se détériore aussi. Si l’économie française est moins dépendante du commerce extérieur que celle de l’Allemagne ou de la Chine, le secteur industriel est, lui, de plus en plus internationalisé. Faute d’avoir su maintenir ses parts de marché, l’industrie française a vu sa production stagner depuis le début de la décennie.

Solde extérieur de l’industrie, en milliards d’euros
Taux d’ouverture* par secteur, en %
Les échanges de biens et de services de la France, données mensuelles, en millions d’euros
Parts de marché à l’exportation, en %
Production industrielle, base 100 en 2000
Zoom Des évolutions inquiétantes

Un examen plus détaillé par produit montre les principaux points forts et points faibles de l’économie française dans les échanges extérieurs : le secteur agroalimentaire et celui des biens d’équipement (principalement l’aéronautique) résistent bien. En revanche, le solde de l’automobile est récemment passé dans le rouge, tandis que celui des biens de consommation et des biens intermédiaires continue de se dégrader. Surtout, l’examen par zone montre que la France n’est pas seulement déficitaire avec certains pays émergents, comme la Chine, mais aussi avec le reste de l’Union, principalement avec l’Allemagne. Le déficit avec ce pays n’est pas loin de représenter le même ordre de grandeur qu’avec la Chine. Le problème de compétitivité de la France ne se résume donc pas à la valeur de l’euro, même si son appréciation a renchéri nos exportations.

Solde extérieur français par produit, en milliards d’euros
Solde extérieur français par zone géographique (hors matériel militaire), FAB-CAF, en milliards d’euros
Taux de change de l’euro contre le dollar et taux de change effectif

Lecture : le taux de change effectif (moyenne pondérée des taux de change avec les principaux partenaires de la France) est beaucoup moins volatil que le taux de change de l’euro par rapport au dollar. Ce n’est guère étonnant : l’appréciation de l’euro face à certaines monnaies est en partie compensée par sa dépréciation face à d’autres ; surtout, la France réalise la moitié de ses échanges avec des pays de la zone euro.

Taux de change de l’euro contre le dollar et taux de change effectif

Lecture : le taux de change effectif (moyenne pondérée des taux de change avec les principaux partenaires de la France) est beaucoup moins volatil que le taux de change de l’euro par rapport au dollar. Ce n’est guère étonnant : l’appréciation de l’euro face à certaines monnaies est en partie compensée par sa dépréciation face à d’autres ; surtout, la France réalise la moitié de ses échanges avec des pays de la zone euro.

Zoom Les entreprises exportatrices, un club très select

En 2003, les douanes françaises recensaient 113 500 entreprises françaises exportatrices (soit 4,4 % des entreprises) avec une valeur médiane du chiffre d’affaires à l’exportation ne dépassant pas 50 000 euros. En 2008, la France ne comptait plus que 95 000 entreprises exportatrices.

Si les petites et moyennes entreprises représentent environ 80 % des entreprises exportatrices, elles ne réalisent que 15 % du montant des exportations. Ce contraste confirme le diagnostic d’un nombre insuffisant, en France, d’entreprises de taille intermédiaire capables d’assumer les coûts d’organisation et de logistique que nécessite la présence sur des marchés extérieurs. L’essentiel des exportations est assuré par les grands groupes, plus encore étrangers que français. Cette donnée confirme, au niveau de la France, que le commerce international est à présent intimement lié aux mouvements des capitaux.

Evolution du nombre d’opérateurs à l’international
Répartition des exportations selon le type d’entreprises (données 2004)

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