Economie

Retraites : avis de réforme

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Coucou, la revoilà ! La question de la réforme des retraites revient en force dans le débat politique, alors que les lois Balladur (1993) et Fillon (2003) étaient censées les avoir sauvées. En réponse à des déficits plus lourds que prévu, le gouvernement propose de revenir sur la retraite à 60 ans. Mais l’âge de cessation d’activité précède toujours largement en France l’âge légal de départ en retraite, puisque la question de l’emploi des seniors n’a pas été prise à bras-le-corps. Dès lors, les réformes engagées, qui allongent la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une pension à taux plein, vont entraîner la baisse du pouvoir d’achat des retraités.

Zoom Le sombre avenir des retraités

La situation relative des retraités n’est apparemment pas mauvaise aujourd’hui : leur niveau de vie est proche de celui des actifs, une fois prises en compte toutes les sources de revenus. Alors que leur taux de pauvreté était très élevé dans les années 1960-1970, il est désormais inférieur à la moyenne. La pension moyenne était de 1 069 euros en 2006 ; mais elle est plus élevée pour les nouveaux retraités : 1 520 euros pour les hommes et 1 117 euros pour les femmes nés en 1944.

Niveau de vie moyen par unité de consommation en 2003, en euros

Cependant, la pauvreté des retraités augmente depuis 2005 et une nette détérioration de leur situation est à prévoir. En effet, la durée d’assurance requise augmente, alors que celle des carrières ne cesse de se réduire. Les deux tiers des partants aujourd’hui ont cotisé quarante ans. Mais les partants de 2030 auront commencé à travailler en moyenne à 21 ans, avec des débuts de carrière chaotiques. La durée effective des carrières, de fait moindre que dans d’autres pays de l’Union européenne où l’âge de cessation d’activité est plus tardif, sera nettement inférieure à la durée d’assurance requise, et les pensions vont chuter. En 2008, 45 % des salariés du privé touchent le minimum contributif, le montant minimum de la retraite de base, contre 38 % en 2004. Un mouvement qui risque de s’amplifier.

Ages d’entrée et de sortie du marché du travail en France
Simulation de l’évolution possible des taux de remplacement, en %
Zoom Perspectives financières : pas de quoi paniquer

A l’équilibre jusqu’en 2006, l’assurance vieillesse accuse en 2009 un déficit de 7,1 milliards d’euros, en creusement rapide. Cette détérioration est principalement conjoncturelle : les destructions d’emplois liées à la crise réduisent les recettes, et les départs anticipés pour carrière longue sont plus nombreux que prévu (plus de 100 000 par an). Toutefois, le nombre de personnes pouvant bénéficier de ces départs anticipés devrait décroître rapidement et le chômage se réduire une fois le gros de la crise passé.

Dépenses, recettes et solde des régimes de retraite de base, en milliards d’euros
Evolution de la structure par âge de la population, en %

Par ailleurs, à plus long terme, le nombre des personnes âgées de 60 ans et plus va continuer d’augmenter ; il devrait dépasser celui des 20-59 ans à partir de 2045. Les projections de population active ont cependant été nettement révisées à la hausse, ce qui devrait conduire à des déficits deux fois moins élevés que ceux que le Conseil d’orientation des retraites (COR) avait prévus en 2003.

Cotisations et dépenses de retraite selon les dernières projections du COR, en % du PIB
Zoom L’emploi des seniors toujours en panne

Pour garantir le financement des retraites, trois solutions sont possibles : augmenter les cotisations versées par les travailleurs actifs ; diminuer le niveau des pensions ; ou repousser l’âge moyen de départ en retraite, ce qui diminue le ratio inactifs/actifs. La réforme Fillon reposait sur l’hypothèse que l’allongement de la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein entraînerait un report des âges de départ. Cette hypothèse ne s’est pas vérifiée, l’âge moyen de cessation définitive d’activité reste inférieur à 59 ans.

Retraites anticipées, préretraites et dispenses de recherche d’emploi, en % de la population active des 55-59 ans.

Certes, les pouvoirs publics ont cessé de favoriser les préretraites, mais les départs anticipés pour carrière longue ont augmenté, tandis que perdurent d’autres manières moins avouables de se débarrasser des salariés âgés (longues maladies, licenciements négociés, etc.). Cependant, le départ tardif ne doit pas se faire au prix d’une augmentation de la souffrance au travail ou de la multiplication des " petits boulots " pour seniors. L’aménagement des postes et la formation professionnelle sont donc essentiels.

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