Le paysage social de la France
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Par Louis Maurin
La plupart des analyses sociologiques récentes se sont centrées sur les pratiques individuelles. Elles ont eu tendance à confondre la transformation des catégories sociales et leur disparition. Une erreur qui a contribué au décalage entre les politiques publiques et les besoins sociaux. Aujourd’hui, la stratification sociale est redevenue à la mode. Une mode qui, le plus souvent, ne va guère au-delà des grands discours sur les inégalités et la fracture sociale. On dispose pourtant en France d’un outil d’observation remarquable, celui des catégories socioprofessionnelles. Il permet de dresser un panorama assez détaillé de la société.
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La France n’est pas " moyennisée "
Le paysage social français a bien changé en trente-cinq ans : montée des services, déclin de l’univers des non-salariés, des agriculteurs et des petits commerçants notamment. Les " classes moyennes " ne sont pour autant pas devenues hégémoniques, comme on l’a si souvent annoncé.
La France reste pour moitié constituée de catégories populaires : l’univers ouvrier a décliné, mais celui des employés s’est étendu. Les classes moyennes, qui rassemblent les professions intermédiaires et les cadres, représentent un gros tiers. Le reste se partage entre les couches supérieures et le monde des non-salariés. C’est une division très sommaire de la réalité sociale : une partie des ouvriers et des employés devraient être classés parmi les couches moyennes, une part des cadres n’ont rien de moyens, et les non-salariés ont des positions sociales très diverses.
En revanche, quand on pose aux Français la question de leur appartenance à un milieu social, pas loin des deux tiers se sentent " moyens ". Seule une poignée des plus favorisés reconnaît appartenir aux catégories supérieures. Et une part importante des moins favorisés ne se sent pas appartenir aux couches populaires.
Catégorie sociale à laquelle les Français estiment appartenir, sondage CSA réalisé les 1er et 2 avril 2009, en % des réponses
Lecture : 50 % des ouvriers interrogés estiment appartenir aux catégories populaires.
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La hiérarchie des revenus et des diplômes
Les niveaux de revenus et de diplôme sont souvent mal connus en France. La moitié des personnes seules touche moins de 1 340 euros mensuels (tous revenus confondus, après impôts), la moitié des couples sans enfant moins de 2 580 euros et la moitié des couples avec deux enfants moins de 3 370 euros. C’est autour de ce niveau que l’on peut sans doute situer les classes moyennes si l’on utilise le critère du niveau de vie. Côté diplômes, le niveau moyen tourne autour du CAP/BEP. Seuls 11 % de la population des 15 ans et plus ont un diplôme supérieur à bac + 2.
Répartition de la population en fonction du niveau de vie, en euros*
Hors-série n°082 - 10/2009
* Après impôts et prestations sociales.
Répartition des salariés en fonction du salaire médian et du % de bacheliers de leur catégorie socioprofessionnelle
Lecture : la taille des cercles est proportionnelle à la population de la catégorie socioprofessionnelle. Les cadres et professions intellectuelles supérieures (3,6 millions de salariés) comptent 88 % de bacheliers et touchent un salaire médian (la moitié gagne plus, l’autre moins) de 2 600 euros.
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L’empire du milieu
Le milieu social n’agit pas comme une mécanique implacable, mais il façonne et oriente pour une part les comportements. Au travail, face à la santé comme dans bien d’autres domaines, les réalités sont très différentes selon les milieux sociaux. L’école joue un grand rôle dans la reproduction de cette situation : la France est l’un des pays où le milieu social a la plus grande influence sur les résultats scolaires, qui déterminent à leur tour la position sociale...
Taux de représentation à l’ENA dans la promotion 2009-2011, selon la catégorie professionnelle des parents
Lecture : 60 % des étudiants de l’Ecole nationale d’administration (ENA) en 2009-2011 étaient des fils de cadres et professions intellectuelles supérieures, une catégorie qui ne représente que 15,5 % de la population active.
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