Société

Le désarroi des jeunes

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Derniers arrivés, premiers partis : plus vulnérables que leurs aînés face à la crise, les jeunes servent de variable d’ajustement sur le marché du travail. Abonnés aux contrats précaires, ils subissent de plein fouet l’explosion du chômage. Ce qui risque d’avoir des répercussions alarmantes sur leur niveau de vie, déjà plombé par la hausse des loyers. Les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail ont donc du souci à se faire, même si la noirceur de ce tableau cache de profondes disparités au sein d’une même classe d’âge. Les plus diplômés restent les mieux lotis, malgré un phénomène bien réel de déclassement.

Zoom Chômage : les jeunes en première ligne

Le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a bondi d’un tiers entre juin 2008 et juin 2009, soit une augmentation deux fois plus rapide que pour leurs aînés. Résultat : le taux de chômage des 15-24 ans s’élevait à 23,9 % au deuxième trimestre 2009, contre 9,1 % pour l’ensemble de la population active. Si les jeunes sont les premiers à faire les frais de la crise économique, c’est que la flexibilité de l’emploi repose en grande partie sur leurs épaules. Plus souvent intérimaires ou en contrat à durée déterminée (CDD), ils sont particulièrement sensibles aux aléas de la conjoncture.

Population active occupée en 2007, selon l’âge et le statut des emplois, en %*

Deux autres facteurs plus structurels les fragilisent encore davantage : leur manque d’expérience professionnelle ainsi que le faible niveau de diplôme des actifs les plus jeunes. Le taux de chômage des jeunes ayant au mieux un brevet des collèges est en effet quatre fois plus important que celui des diplômés du supérieur. Or, ces derniers terminent souvent leurs études après 25 ans. Ce qui explique le chômage si élevé des 15-24 ans, y compris lorsque la conjoncture est plus favorable.

Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans et de l’ensemble de la population active, de 1975 à 2009, en %
Demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi en catégories ABC*, base 100 en janvier 2008
Zoom Une classe d’âge paupérisée

Le visage de la pauvreté s’est rajeuni. Dans les années 1970, elle concernait principalement les personnes âgées. C’est désormais l’inverse : près d’un pauvre sur deux a moins de 30 ans. Il faut y voir la conséquence du développement de la précarité et du sous-emploi (du temps partiel subi) chez les jeunes. Le célibat, répandu parmi les 19-29 ans, explique également cette paupérisation, car les dépenses incompressibles telles que le logement pourraient être partagées s’ils vivaient en couple. Enfin, les moins de 25 ans sont exclus du bénéfice du revenu de solidarité active (sauf s’ils sont chargés de famille) et sont très peu indemnisés par l’assurance chômage, faute d’avoir suffisamment cotisé.

Taux d’effort annuel net moyen pour le logement, selon l’âge de la personne de référence du ménage, en %
Proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2007*, selon leur âge, en %
Zoom Il y a jeune... et jeune

Le mot " jeunes " est trompeur. Il sous-entend l’existence d’un groupe social unifié, ce qui est loin d’être le cas. Les disparités au sein de la jeunesse ont au contraire tendance à s’accentuer. Principal facteur d’inégalités : la possession ou non d’un diplôme. Si la précarité touche de nombreux jeunes, elle n’est qu’une phase de transition pour les diplômés, alors qu’elle est beaucoup plus durable pour les non-qualifiés. Plus que l’âge, c’est donc le milieu social qui est clivant, dans la mesure où il détermine encore largement la réussite scolaire. De même, le déclassement touche un jeune sur quatre, mais ce sont principalement les enfants d’ouvriers et d’employés qui en pâtissent.

Part des emplois temporaires dans l’emploi, selon le diplôme des jeunes sortis de formation initiale depuis 1 à 4 ans, en %
Part des situations de déclassement selon le diplôme en 2001 chez les jeunes ayant terminé leurs études en 1998

Lecture : 28,7 % des jeunes diplômés au minimum du baccalauréat général possèdent un niveau de formation supérieur à celui normalement requis pour l’emploi qu’ils occupent trois ans après la fin de leurs études. C’est l’approche la plus classique du déclassement. Mais on peut également se baser sur les salaires : un jeune est considéré comme déclassé si plus de la moitié des titulaires du diplôme immédiatement inférieur gagnent plus que lui, ce qui est le cas de 46,9 % des jeunes diplômés du baccalauréat général. Enfin, l’approche subjective considère une relation formation-emploi comme normale si le jeune interrogé la considère comme telle.

Part des situations de déclassement selon le diplôme en 2001 chez les jeunes ayant terminé leurs études en 1998

Lecture : 28,7 % des jeunes diplômés au minimum du baccalauréat général possèdent un niveau de formation supérieur à celui normalement requis pour l’emploi qu’ils occupent trois ans après la fin de leurs études. C’est l’approche la plus classique du déclassement. Mais on peut également se baser sur les salaires : un jeune est considéré comme déclassé si plus de la moitié des titulaires du diplôme immédiatement inférieur gagnent plus que lui, ce qui est le cas de 46,9 % des jeunes diplômés du baccalauréat général. Enfin, l’approche subjective considère une relation formation-emploi comme normale si le jeune interrogé la considère comme telle.

Niveau atteint par des élèves qui étaient en 6e en 1989, selon l’origine sociale de leurs parents

Lecture : 12,8 % des enfants d’enseignants ont un diplôme inférieur au bac.

Niveau atteint par des élèves qui étaient en 6e en 1989, selon l’origine sociale de leurs parents

Lecture : 12,8 % des enfants d’enseignants ont un diplôme inférieur au bac.

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