Société

Les étrangers en Europe

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L’Europe est une terre d’immigration, mais à son corps défendant. Sa vision négative, déformée par le spectacle accablant de clandestins qui finissent noyés sur ses côtes, lui fait oublier que ceux-ci sont principalement des salariés, des consommateurs et des contribuables, et qu’ils jouent un rôle clé pour préserver l’Union européenne du déclin de sa démographie. Des étrangers qui, pour une part non négligeable, sont aussi des ressortissants de l’Union. Ils sont fortement représentés dans les emplois les plus précaires et les plus mal rémunérés, que refusent les nationaux, jouant un rôle de variable d’ajustement sur un marché du travail dégradé.

Zoom Les migrants au secours du Vieux Continent

L’Union européenne comptait 31 millions d’étrangers en situation régulière 1 en 2008, sur 497,5 millions d’habitants. L’Allemagne en accueille le quart (7,3 millions), suivie de l’Espagne (5,2), du Royaume-Uni (4), de la France (3,7) et de l’Italie (3,4). Des étrangers qui représentent 6,2 % de la population totale, les principaux pays d’accueil évoluant autour de cette moyenne, sauf en Allemagne où cette proportion atteint 8,8 %. Ces étrangers sont pour un gros tiers d’entre eux (36 %) des citoyens d’autres pays de l’UE. Quant aux autres, ils contribuent à l’essentiel de la faible croissance démographique du Vieux Continent, freinant le déséquilibre croissant entre actifs et retraités.

Les étrangers dans l’Europe des Vingt-Sept
  • 1. Le nombre d’étrangers en situation irrégulière est par définition inconnu. En France, le ministère de l’Intérieur l’estime entre 200 000 et 400 000.
Zoom Le syndrome de la forteresse assiégée

L’Europe est aujourd’hui la première terre d’immigration. Elle dépasse les Etats-Unis depuis le début des années 2000. Le solde migratoire annuel moyen des Vingt-Sept progresse, avec des fluctuations liées aux cycles économiques. En France, cette immigration - dont le regroupement familial est la principale motivation - demeure très en deçà des niveaux atteints avant le coup d’arrêt de l’immigration de travail : en 2008, le solde migratoire s’est limité à 75 000, loin derrière les 180 000 par an en moyenne atteints entre 1955 et 1973.

Migration nette et accroissement naturel de la population, moyenne 2006-2008

Lecture : en Autriche, la population a progressé de 0,3 pour mille (ou + 3 personnes pour 10 000 habitants), la migration nette de 3,3 pour mille (ou 33 personnes supplémentaires qui se sont installées dans le pays, pour 10 000 habitants) et 91,1 % de l’accroissement de la population a été le fait de l’immigration. L’absence de chiffre pour un pays signifie que l’immigration n’a pas contribué à l’accroissement de la population dans ce pays.

Migration nette et accroissement naturel de la population, moyenne 2006-2008

Lecture : en Autriche, la population a progressé de 0,3 pour mille (ou + 3 personnes pour 10 000 habitants), la migration nette de 3,3 pour mille (ou 33 personnes supplémentaires qui se sont installées dans le pays, pour 10 000 habitants) et 91,1 % de l’accroissement de la population a été le fait de l’immigration. L’absence de chiffre pour un pays signifie que l’immigration n’a pas contribué à l’accroissement de la population dans ce pays.

Cette progression somme toute modérée de l’immigration européenne en l’espace de trente-cinq ans et sa contribution à la dynamique démographique de l’Union n’empêchent pas cette dernière de se vivre en " forteresse assiégée ", y compris dans des Etats où l’immigration est faible. Le renforcement des dispositifs policiers et le voeu pieux d’une immigration parfaitement sous contrôle ont eu pour corollaire la multiplication des décès de clandestins au cours de leur périple vers l’Europe.

Solde migratoire de la France et de l’Union européenne à 27, en milliers
Cas répertoriés de migrants vers l’Europe morts ou disparus en mer
Zoom Un marché du travail pas tendre pour les immigrés

Les immigrés sont surreprésentés dans les métiers mal rémunérés et précaires. Et la crise a aggravé les inégalités entre nationaux et étrangers face au chômage (voir aussi page 22). Plus grave, ces inégalités perdurent aux générations suivantes. Ainsi, trois ans après la fin de leurs études, 60 % des jeunes de parents nés en Afrique avaient un emploi, contre près de 80 % pour ceux de parents nés en France.

Actifs immigrés et non immigrés en emploi précaire en France, en % du total des emplois
Taux de chômage et part des jeunes en CDI trois ans après la fin des études selon l’origine nationale, en France métropolitaine, en %
Part des immigrés parmi les actifs ayant un emploi, selon le secteur d’activité en France, en %

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