Economie

La France cherche son cap

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Avant son élection, François Hollande avait affiché son ambition de réorienter la construction européenne vers des politiques de croissance. La suite a plutôt déçu : le nouveau président n’a réussi à arracher à ses partenaires européens qu’un miniplan de relance qui n’était pas à la hauteur des enjeux. Et la France, soucieuse de respecter ses engagements européens et de ne pas s’attirer les foudres des marchés, s’est à son tour engagée dans la voie d’une réduction très rapide de ses déficits, alors que la résistance de sa consommation constituait encore jusqu’ici l’un des rares soutiens à l’activité sur le Vieux Continent. Le résultat était prévisible : croissance nulle et explosion du chômage ont été au menu en France pour 2012 et le resteront pour 2013.

Zoom L’austérité casse la croissance en Europe

Sans surprise, les pays qui ont des politiques budgétaires les plus restrictives depuis 2009 sont aussi ceux où l’activité a le plus souffert. A une exception notable près : la France, qui a choisi surtout de redresser ses comptes en accroissant ses recettes publiques plutôt qu’en abaissant ses dépenses. Ce qui a eu un effet moins négatif qu’ailleurs sur l’activité et l’emploi.

Evolution prévue du solde budgétaire entre 2009 et 2013, en %

Le seul motif de consolation réside dans le choix de faire porter l’essentiel de l’effort budgétaire sur la hausse de la fiscalité, notamment celle des plus aisés, plutôt que sur la réduction de la dépense publique, ce qui aurait eu un effet encore plus délétère sur l’activité. Peut-on pour autant en conclure, comme on l’a beaucoup entendu, que la France matraque ses riches ? Pas vraiment, les récentes mesures prises par le gouvernement donnent surtout un coup d’arrêt à la tendance observée dans l’Hexagone depuis plus d’une décennie à baisser la fiscalité des plus hauts revenus. Et cela plutôt plus fortement que chez nos voisins. Elles ne font pas pour autant de l’Hexagone un enfer fiscal.

Zoom Des licenciements de plus en plus souples

En France, les licenciements économiques tiennent une place de plus en plus limitée dans les causes de départ des salariés. Un recul qui se fait en particulier au profit de la rupture conventionnelle, instituée en 2008. Le marché du travail français est en réalité déjà beaucoup plus flexible qu’on ne le croit souvent.

Inscriptions mensuelles à Pôle emploi entre 1996 et 2012, selon le motif

D’où peut venir l’éclaircie alors ? De la réforme du marché du travail ? Si l’accord signé en janvier 2013 par les partenaires sociaux semble augurer d’une évolution positive du dialogue social en France, le marché du travail hexagonal est déjà beaucoup plus flexible qu’on ne le dit, comme en témoigne, par exemple, l’essor des ruptures conventionnelles par rapport aux formes de licenciement plus encadrées comme les licenciements économiques. Un surcroît de flexibilité aura de toute façon peu d’effets.

Zoom La France ne matraque pas vraiment ses riches

Si on se réfère au taux marginal supérieur d’imposition, c’est-à-dire au taux auquel est imposée la tranche la plus élevée des revenus des plus riches (y compris la partie non déductible de la CSG), la France était encore loin d’être en 2012 parmi les pays d’Europe qui taxaient le plus les très riches. Il y avait donc encore de la marge pour accroître ce taux en 2013, et cela d’autant plus que le système fiscal français se caractérise aussi par l’ampleur des niches fiscales qui relativisent également ce taux marginal.

Taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu en 2012, en %

L’embellie viendra-t-elle sur le front industriel ? Pour donner un coup de frein à la désindustrialisation accélérée que connaît le pays, le gouvernement a décidé de rendre 20 milliards d’euros aux entreprises sous la forme d’un crédit d’impôt. Mais faute de croissance, il y a peu de chances que celles-ci profitent de cette bouffée d’oxygène pour investir et embaucher en France.

Zoom Le poids de l’industrie recule en France plus qu’ailleurs

Il y a bien un grave problème industriel en France. On peut douter cependant que le crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) apporte une contribution sensible à sa résolution.

Part de l’industrie dans la valeur ajoutée, en %

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