La France cherche son cap
Avant son élection, François Hollande avait affiché son ambition de réorienter la construction européenne vers des politiques de croissance. La suite a plutôt déçu : le nouveau président n’a réussi à arracher à ses partenaires européens qu’un miniplan de relance qui n’était pas à la hauteur des enjeux. Et la France, soucieuse de respecter ses engagements européens et de ne pas s’attirer les foudres des marchés, s’est à son tour engagée dans la voie d’une réduction très rapide de ses déficits, alors que la résistance de sa consommation constituait encore jusqu’ici l’un des rares soutiens à l’activité sur le Vieux Continent. Le résultat était prévisible : croissance nulle et explosion du chômage ont été au menu en France pour 2012 et le resteront pour 2013.
Le seul motif de consolation réside dans le choix de faire porter l’essentiel de l’effort budgétaire sur la hausse de la fiscalité, notamment celle des plus aisés, plutôt que sur la réduction de la dépense publique, ce qui aurait eu un effet encore plus délétère sur l’activité. Peut-on pour autant en conclure, comme on l’a beaucoup entendu, que la France matraque ses riches ? Pas vraiment, les récentes mesures prises par le gouvernement donnent surtout un coup d’arrêt à la tendance observée dans l’Hexagone depuis plus d’une décennie à baisser la fiscalité des plus hauts revenus. Et cela plutôt plus fortement que chez nos voisins. Elles ne font pas pour autant de l’Hexagone un enfer fiscal.
D’où peut venir l’éclaircie alors ? De la réforme du marché du travail ? Si l’accord signé en janvier 2013 par les partenaires sociaux semble augurer d’une évolution positive du dialogue social en France, le marché du travail hexagonal est déjà beaucoup plus flexible qu’on ne le dit, comme en témoigne, par exemple, l’essor des ruptures conventionnelles par rapport aux formes de licenciement plus encadrées comme les licenciements économiques. Un surcroît de flexibilité aura de toute façon peu d’effets.
L’embellie viendra-t-elle sur le front industriel ? Pour donner un coup de frein à la désindustrialisation accélérée que connaît le pays, le gouvernement a décidé de rendre 20 milliards d’euros aux entreprises sous la forme d’un crédit d’impôt. Mais faute de croissance, il y a peu de chances que celles-ci profitent de cette bouffée d’oxygène pour investir et embaucher en France.