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La crise a de beaux jours devant elle

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La tempête financière se calme, mais le marasme économique s’installe : l’Europe n’en a pas fini avec la crise. Sur le front financier, les investisseurs paraissent croire à nouveau à la pérennité de l’euro. Une croyance qui tient sans doute moins à la solidarité limitée instaurée par les mécanismes d’assistance financière mutuelle entre Etats qu’à l’habileté de Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne (BCE). La seule annonce, à la fin de l’été 2012, que la BCE se tenait prête à racheter sans limite les titres de dette publique attaqués par les marchés, dès lors que les Etats concernés seraient encadrés par un programme d’aide internationale, a suffi à faire baisser les taux des titres italiens et espagnols, sans que la BCE ait à intervenir effectivement, ni les gouvernements concernés à solliciter l’aide européenne.

Mais l’économie de la zone euro est cependant loin d’être sortie d’affaire. Elle paraît au contraire s’enfoncer dans une spirale récessive. Après avoir reculé en 2012, l’activité devrait continuer de décroître au moins jusqu’à la mi-2013. En cause, la rigueur drastique que s’imposent les pays membres. L’ajustement budgétaire à marche forcée a pour effet de déprimer encore plus l’activité et, en conséquence, de ralentir... le rééquilibrage des comptes publics. La récession bloque également le processus de désendettement du secteur privé, d’autant que le coût du crédit aux ménages et aux entreprises demeure élevé dans les pays de la périphérie, malgré une politique monétaire très accommodante.

Zoom La crise financière s’apaise

En faisant disparaître le risque de change et oublier le risque de crédit, la monnaie unique avait fait converger les coûts de financement des Etats à l’intérieur de la zone euro jusqu’en 2007. Mais la révélation de l’état des comptes publics en Grèce a fait exploser les taux auxquels ce pays emprunte. Incapables de se refinancer sur les marchés, la Grèce a dû solliciter l’aide des Européens et du Fonds monétaire international, bientôt suivie par l’Irlande et le Portugal. Les coûts de financement croissants de l’Espagne et de l’Italie ont fait craindre que ces pays ne s’enfoncent à leur tour dans une spirale d’endettement public incontrôlable. Mais la confiance semble revenir depuis l’été 2012, grâce notamment à l’action de la Banque centrale européenne et à la mise en place progressive d’une union bancaire, qui vise à casser le cercle vicieux entre les difficultés des banques et celles des Etats.

Taux d’intérêt sur les titres de dette publique à dix ans, en %

Au total, le marasme prolongé de l’activité fait chuter les capacités de production, tant humaines que physiques : l’emploi n’a toujours pas retrouvé son niveau de début 2008 et baisse de nouveau, tandis que l’investissement a chuté de près de 15 % en moyenne dans la zone euro. Seules les exportations affichent un certain dynamisme, mais cela ne suffira pas à sortir du marasme une économie relativement fermée comme celle de la zone euro, d’autant que le retour de la confiance des investisseurs dans les titres européens a pour effet de renchérir la monnaie unique.

Zoom L’Europe du chômage

La manifestation la plus spectaculaire de la crise est l’explosion du chômage. Fin 2012, l’Union européenne comptait 26 millions de chômeurs, dont 19 millions dans la zone euro. Le marché du travail diffère cependant grandement selon les pays. C’est en Espagne et en Grèce qu’il est le plus dégradé, avec plus d’un actif sur quatre sans emploi, tandis que l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche affichent des taux inférieurs à 6 %.

Taux de chômage en novembre 2012, en %
Evolution du taux de chômage, en %
Zoom La demande intérieure en berne

L’activité de la zone euro subit la déprime de la demande intérieure. La consommation des ménages est entravée par le recul du pouvoir d’achat et la montée du chômage, et les entreprises réduisent massivement leurs investissements. Mais les administrations publiques ne jouent pas cette fois leur rôle de stabilisation conjoncturelle qui permettrait de limiter les dégâts.

Le PIB et ses composantes dans la zone euro, base 100 = 1er trimestre 2008
Zoom Le secteur privé ne parvient pas à se désendetter

Contrairement aux Etats-Unis, où la reprise économique a permis aux agents privés de se désendetter, les ménages et les entreprises de la zone euro conservent un haut niveau de dette.

Dette privée des ménages et des entreprises aux Etats-Unis et dans la zone euro, en % du PIB

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