Economie

La mondialisation se tasse un peu

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La mondialisation économique a relativement peu pâti de la crise ouverte depuis 2009. Le ralentissement de la croissance mondiale a entraîné moins d’investissements internationaux, mais leur niveau reste élevé et peu éloigné de ceux qui prévalaient avant la crise. Même chose du côté de l’activité internationale des banques qui, globalement, n’a été que peu affectée par une crise financière d’ampleur considérable : on ne note pas d’effondrement, loin de là, les banques maintenant un haut niveau d’activité internationale. Enfin, bien qu’ayant été à l’origine de la crise, les Etats-Unis continuent d’attirer une proportion impressionnante de l’épargne mondiale.

Zoom Voitures : une chaîne de production mondialisée

La provenance des sous-ensembles utilisés pour construire une voiture montre que la valeur ajoutée intégrée dans ce genre de produit provient d’au moins dix pays différents. L’automobile fait partie des secteurs où la chaîne de production est la plus fortement mondialisée. Selon des estimations conjointes OMC-OCDE, entre le tiers et la moitié des composants et matériels de transport (essentiellement l’automobile) sont importés, retravaillés et réexportés.

Entreprises et pays sources des différents composants d’une voiture
Zoom Les investissements directs ralentissent un peu

Le rythme de mondialisation du secteur productif mondial est largement dépendant de la santé des grandes entreprises du Nord. En dépit de la montée des pays émergents, celles-ci restent en effet les premières initiatrices de l’organisation mondialisée des sites de production et d’emplois. Ainsi, les flux d’investissements mondiaux avaient continué à progresser durant la forte crise qui a frappé les économies asiatiques à la fin des années 1990. Ils ont décliné après l’éclatement de la bulle Internet au début de la décennie 2000, avant de suivre le mouvement d’euphorie des années suivantes. Depuis 2009, la mondialisation productive s’effectue cependant à un rythme moins soutenu et le ralentissement de croissance mondiale devrait maintenir cette tendance.

Flux entrants d’investissements directs dans le monde, en milliards de dollars

Comment expliquer que la crise n’ait pas davantage remis en cause le mouvement de mondialisation ? Tout d’abord, les déboires liés à l’éclatement de la bulle financière des années 2000 n’ont pas touché tous les pays de la même façon. Nombre de pays émergents ont pu continuer à croître quand les pays industrialisés s’enfonçaient dans la récession. Depuis 2009, les Etats-Unis ont même réussi à retrouver un début croissance et continuent à marquer de leur empreinte le mouvement de mondialisation. Leurs entreprises et leurs banques s’en sortent désormais bien mieux que celles de l’Europe, un continent toujours englué dans les conséquences néfastes des politiques d’austérité généralisées.

Par ailleurs, le montant des capitaux disponibles prêts à s’investir reste considérable. Les investisseurs privés continuent à gérer des montants importants d’épargne, tandis que les interventions des banques centrales alimentent l’économie mondiale en liquidités. Enfin, la crise n’a pas entraîné de forte poussée des freins au commerce, à l’investissement ou aux placements financiers internationaux. Pour toutes ces raisons, la mondialisation ne pouvait que se poursuivre.

Zoom Un peu moins de finance internationale

L’activité internationale des banques a un peu ralenti depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008. Néanmoins, elle reste encore aujourd’hui au niveau qui prévalait juste avant l’éclatement de la bulle financière internationale. Le seul changement tient au fait que les banques prêtent un peu moins aux autres banques qu’elles ne le faisaient hier, pour privilégier les autres acteurs financiers et les grandes entreprises.

Activités internationales des banques, en milliards de dollars
Zoom Les Etats-Unis, toujours premiers bénéficiaires des capitaux internationaux

Bien qu’à l’épicentre de la crise, les Etats-Unis continuent d’être le premier pays où se place l’épargne internationale. Même s’ils en attirent désormais une part plus faible qu’avant la crise, leur prédominance reste solide : la mondialisation financière fonctionne toujours en priorité au bénéfice de l’Oncle Sam.

Part de l’épargne internationale reçue par les pays, en % du total

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