Une hirondelle ne fait pas le printemps. La croissance du produit intérieur brut (PIB) dans la zone euro au deuxième trimestre 2013, après dix-huit mois de recul de l’activité, ne signifie pas que l’économie européenne soit sortie de la crise, loin s’en faut. A la mi-2013, la zone euro n’avait pas encore retrouvé son niveau de production du début 2008, et elle comptait 7,8 millions de demandeurs d’emploi de plus.
Dans les pays de la périphérie de la zone, le bond en arrière est gigantesque. En 2012, le PIB était redescendu en deçà de son niveau de 2001 en Grèce et en Italie, de 2003 au Portugal, de 2006 en Espagne. En termes d’emploi, le recul est encore plus catastrophique. En Espagne ou en Grèce, les taux de chômage atteignent des niveaux records, dépassant le quart de la population active. Dans ces pays, la demande des ménages est toujours entravée par le manque de travail et par le poids des dettes héritées de la période d’euphorie d’avant-crise.
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L’emploi sinistré
C’est sur le marché du travail que les trajectoires nationales se différencient le plus nettement. Alors que le taux de chômage a baissé en Allemagne depuis 2008, il a littéralement explosé en Grèce et en Espagne. A l’échelle de la zone, une stabilisation s’esquisse cependant depuis le printemps 2013.
Dans ce contexte, les politiques d’austérité budgétaire et de rigueur salariale, destinées à restaurer les comptes publics et la compétitivité, ont de puissants effets récessifs. Et ce d’autant plus qu’elles sont menées à grande échelle en Europe.
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L’Europe enlisée
L’Europe est toujours "l’homme malade" de l’économie mondiale. Le Vieux Continent est la seule région du monde à ne pas avoir retrouvé son niveau de production de 2007. Ce constat d’ensemble recouvre cependant des trajectoires nationales divergentes. Entre une périphérie en perdition, où les gains de l’adhésion à l’euro en termes de niveau de vie ont quasiment été effacés en cinq ans, et une Allemagne qui s’en sort nettement mieux que la moyenne, la France stagne dans une position médiane.
Pour leur part, les pays du "centre" de la zone sont loin d’être tirés d’affaire. Les Pays-Bas restent enlisés dans la récession. En France, la demande intérieure stagne depuis deux ans et la poursuite du resserrement budgétaire ne va rien arranger. Seule l’Allemagne s’en sort, mais la croissance de la locomotive de la zone euro est bien insuffisante pour tirer une reprise générale. Quant à l’environnement international, il est assombri par le ralentissement très marqué des économies émergentes.
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Rééquilibrage à sens unique
La période d’avant-crise avait vu se creuser les déséquilibres commerciaux au sein de la zone euro. Les déficits de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce et de l’Irlande manifestaient que ces pays vivaient au-dessus de leurs moyens, tandis que l’Allemagne accumulait les excédents. Depuis 2008, les déficits certes se résorbent, principalement sous l’effet de l’effondrement de la demande intérieure dans les pays en crise - et dans une moindre mesure grâce au regain des exportations enregistré notamment en Espagne. Mais le gigantesque excédent allemand, lui, ne se résorbe pas. Si bien que la zone euro affiche désormais un important excédent. En revanche, le solde extérieur de la France continue de se dégrader, signe d’une compétitivité en perte de vitesse.
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Vous avez dit reprise ?
Si l’activité a cessé de se contracter au deuxième trimestre 2013 dans la zone euro, les moteurs de la croissance restent grippés. Du côté de la demande intérieure, on observe une stabilisation plutôt qu’une reprise. Quant à la demande extérieure, qui a permis d’éviter depuis le début de 2011 un effondrement encore plus prononcé de la production, elle risque de s’essouffler avec le freinage marqué de l’économie des pays émergents.