Les métiers porteurs

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Manutentionnaires, caissiers, informaticiens et cadres du BTP comptent parmi les métiers qui accueillent le plus de jeunes débutants. D'autres professions, dans l'enseignement ou l'aide à domicile par exemple, offrent également des perspectives réelles d'embauche par le volume d'emplois qu'elles représentent.

On s’en doutait : pour s’insérer dans un emploi stable et bien rémunéré, il est préférable d’avoir acquis un haut niveau de formation initiale. Comme chez les informaticiens, cas emblématique des métiers qui insèrent les jeunes. Mais si certaines professions requièrent une formation spécifique, un grand nombre d’emplois sont accessibles à partir de formations initiales très diverses, pour autant que l’on dispose du niveau requis en termes de compétences générales.

Beaucoup de débutants dans les métiers de cadres et de professions intermédiaires...

Les métiers les plus porteurs pour les jeunes sont souvent des métiers qualifiés, voire très qualifiés, en forte expansion. Ainsi, on trouve beaucoup de jeunes débutants (actifs sortis du système éducatif depuis un à quatre ans) chez les employés, techniciens et ingénieurs de l’informatique (14 % de jeunes débutants, contre 7,6 % dans l’ensemble des métiers en 2008-2012), les professionnels de la communication et de l’information (13 % de débutants), les personnels d’étude et de recherche (12 %), les cadres du bâtiment et des travaux publics ou les professionnels du droit.

Sont aussi dans ce cas de figure les professions paramédicales (14 % de débutants), les infirmiers et sages-femmes (12 %). De même, les professionnels de l’action sociale et de l’orientation ou de l’action culturelle et sportive (16 % de jeunes débutants) et ceux des arts et des spectacles (11 %) recrutent plutôt des diplômés de l’enseignement supérieur. Les jeunes débutants sont également bien représentés, mais à un degré légèrement moindre, parmi les ingénieurs de l’industrie, les techniciens de la maintenance ou de l’électricité-électronique.

Dans ces métiers, les jeunes sont d’ailleurs moins touchés par les contrats de courte durée (CDD, intérim, stages et contrats aidés). Font cependant exception les professionnels de l’action culturelle et sportive (74 % de contrats précaires, contre 30 % pour l’ensemble des jeunes débutants) et les professionnels des arts et spectacles ou de l’action sociale (35 %).

Avec la hausse continue de leur niveau de diplôme, les femmes sont davantage présentes parmi ces jeunes débutants que dans l’ensemble de la population exerçant ces métiers1. Elles demeurent cependant très minoritaires parmi les informaticiens ou les techniciens de la maintenance.

...Et chez les ouvriers non qualifiés, les caissiers et les employés de l’hôtellerie-restauration

A l’autre échelle des qualifications, les employés de l’hôtellerie-restauration (16 % de jeunes débutants), les manutentionnaires, les caissiers et les ouvriers non qualifiés (de l’industrie, du BTP ou de la manutention) sont des métiers qui recrutent également de nombreux jeunes. Ceux-ci sont pour l’essentiel titulaires d’un BEP ou d’un bac ou encore non diplômés. La proportion de non-diplômés atteint un maximum pour les ouvriers non qualifiés du BTP ou de la manutention (aux alentours de 30 %). Elle est plus faible pour les autres professions citées.

En général, le turn-over est élevé dans ces métiers2, tout comme la proportion des contrats de courte durée parmi les débutants (64 % pour les ouvriers de la manutention, 47 % pour les ouvriers de la mécanique, 42 % pour les caissiers...). Mais ces professions peuvent aussi servir de sas d’entrée pour des emplois plus pérennes ou à niveaux de qualification plus élevés. Comme pour tous les métiers d’employés ou d’ouvriers, la mixité y est faible3.

Et aussi chez les coiffeurs, vendeurs, cuisiniers et employés administratifs d’entreprises

Les cuisiniers (11 % de jeunes débutants), coiffeurs et esthéticiens, vendeurs et employés administratifs d’entreprise (agents d’accueil, employés polyvalents) recrutent également beaucoup de jeunes débutants. Chez les cuisiniers, le CAP et le bac sont les diplômes dominants. La proportion de jeunes débutants chez les coiffeurs s’élève à plus de 12 %, avec une majorité de bacheliers. Les contrats sont de longue durée, mais une partie de la population, très féminine (95 %), quitte le métier au bout d’un certain nombre d’années d’exercice, le renouvellement de la main-d’oeuvre étant alors assuré par d’autres jeunes.

Part des débutants par niveau de diplôme dans les effectifs de plusieurs métiers (moyenne 2008-2012), en %

N. B. : un jeune débutant est un jeune ayant quitté le système éducatif depuis un à quatre ans.

Part des débutants par niveau de diplôme dans les effectifs de plusieurs métiers (moyenne 2008-2012), en %

N. B. : un jeune débutant est un jeune ayant quitté le système éducatif depuis un à quatre ans.

Les vendeurs comptent un peu plus d’un tiers de bacheliers et la même proportion de diplômés du supérieur. Les employés administratifs d’entreprise, à 75 % des femmes, emploient majoritairement des diplômés du supérieur. Les employés de la comptabilité, enfin, ont une proportion de jeunes débutants un peu supérieure à la moyenne, avec 75 % des effectifs diplômés du supérieur.

La promotion interne et l’expérience professionnelle pour certains métiers

A l’inverse, les jeunes débutants occupent une place moins importante parmi les ouvriers qualifiés et les artisans. L’accès à un poste d’ouvrier qualifié est le plus souvent précédé d’une expérience professionnelle dans un poste d’ouvrier non qualifié et l’accès au niveau supérieur se fait par promotion interne ou mobilité vers une autre entreprise. Font exception les ouvriers de la réparation automobile, pour lesquels la proportion de débutants est conforme à la moyenne générale.

Les niveaux de diplôme les plus courants dans ces professions sont le CAP-BEP ou le bac, mais on compte une part non négligeable de diplômés du supérieur dans certaines familles professionnelles d’ouvriers (plus de 15 % parmi les ouvriers de l’électricité-électronique ou de la maintenance).

Part des débutants par niveau de diplôme dans les effectifs de certains métiers (moyenne 2008-2012), en %

N. B. : un jeune débutant est un jeune ayant quitté le système éducatif depuis un à quatre ans.

Part des débutants par niveau de diplôme dans les effectifs de certains métiers (moyenne 2008-2012), en %

N. B. : un jeune débutant est un jeune ayant quitté le système éducatif depuis un à quatre ans.

Les assistantes maternelles et les aides à domicile, métiers à très forts effectifs et en forte expansion, recrutent également peu de jeunes (aux alentours de 3 % des effectifs) : il s’agit de professions souvent exercées par des femmes en seconde partie de carrière, après une interruption d’activité. On compte également peu de jeunes débutants parmi les agents d’entretien et les gardiens et agents de sécurité.

Dans quelques métiers de cadres ou professions intermédiaires, la proportion de jeunes débutants est relativement faible. Il en est ainsi des cadres des services administratifs, comptables et financiers, des cadres commerciaux, de la logistique, de la fonction publique et des formateurs. En effet, on y accède souvent au statut de cadres après une expérience professionnelle à des niveaux subalternes ou dans un autre métier.

La part des débutants est également assez faible chez les enseignants, car les recrutements ont été plus limités par le passé et c’est un métier que l’on exerce souvent durant toute sa carrière. Tous ces métiers offrent néanmoins des possibilités réelles d’emploi à des débutants, en raison des volumes d’emplois qu’ils représentent et des perspectives d’augmentation des effectifs pour la plupart d’entre eux4.

Zoom Les jeunes débutants dans le secteur public

Le secteur public (Etat, collectivités territoriales, hôpitaux) représente un peu plus de 17 % des emplois occupés par des jeunes débutants en 2008-2012, selon l’enquête emploi, soit une part un peu plus faible que pour l’ensemble de la population en emploi (20 %). Les premiers métiers exercés par les jeunes y sont les métiers d’enseignants (qui comptent 7 % de jeunes débutants dans leurs effectifs), d’infirmiers (14 %), de professionnels de l’action culturelle et sportive (20 %), d’agents d’entretien (5 %), de militaires ou policiers (7 %), d’employés, professions intermédiaires ou cadres administratifs (de 4 à 5 %), d’aides-soignants, de professionnels de l’action sociale, de professions paramédicales ou médecins ou encore de personnels d’étude et de recherche. A eux seuls, ces différents métiers représentent 90 % des effectifs de débutants employés dans le secteur public. Ces jeunes peuvent être fonctionnaires, mais aussi en CDD ou, pour certains, en contrats aidés. On compte dans le secteur public davantage de diplômés du supérieur parmi les jeunes débutants que dans le secteur privé (64 %, contre 50 %). Les femmes y sont majoritaires (67 %, contre 47 % dans le privé).

Du lien entre la formation et l’emploi occupé

Le lien entre spécialité de formation et métier occupé varie fortement d’une profession à l’autre. Dans certaines, jugées peu attractives et où le turn-over est important, les employeurs sont contraints de faire appel à des jeunes qui n’ont pas forcément la spécialité requise. D’autant qu’une partie de ceux formés pour ces métiers s’en détournent. Cette situation s’observe dans les métiers non qualifiés du bâtiment, mais aussi dans l’hôtellerie-restauration. Dans d’autres métiers peu qualifiés (caissiers, manutentionnaires, vigiles), les employeurs forment sur le tas des jeunes issus de spécialités très diverses, l’important étant de disposer d’un minimum de compétences générales, gage d’adaptabilité.

Inversement, de nombreux métiers industriels, dans l’artisanat du bâtiment ou les métiers de bouche, supposent de maîtriser des savoir-faire très spécifiques dès le niveau ouvrier professionnel ; ils requièrent donc de disposer d’un diplôme adapté ou, tout au moins, d’avoir suivi une formation dans la spécialité requise. Et parmi les métiers plus qualifiés, il faut distinguer entre des postes de "professionnels" (par exemple, professions médicales, architectes, avocats, cadres comptables, ingénieurs électroniciens, informaticiens...), où l’accès à l’emploi suppose nécessairement d’avoir la formation requise, et des emplois faisant appel à un ensemble de compétences plus générales (par exemple, les métiers de l’information et de la communication, les cadres administratifs d’entreprise), auxquels on peut accéder à partir de formations plus variées.

  • 1. Voir "La répartition des hommes et des femmes par métiers. Une baisse de la ségrégation depuis trente ans", Dares Analyses n° 79, décembre 2013.
  • 2. Voir "Les portraits statistiques des métiers 1982-2011", par Dorothée Ast, Synthèse.Stat’ n° 2, Dares, septembre 2012.
  • 3. "Orientation scolaire et métiers : une insuffisante mixité qui pénalise surtout les jeunes les moins qualifiés", par Frédéric Lainé, Marie-Cécile Naves et Vanessa Wisnia-Weill, in Lutter contre les stéréotypes filles-garçons, CGSP, 2014.
  • 4. Les métiers en 2022. Résultats et enseignements, rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, France stratégie et Dares, juillet 2014.

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