Santé : le Sud malade de son environnement

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Les maladies liées à la pollution sont loin d'être un problème de pays riches. Et les pays pauvres sont aussi les grandes victimes des caprices du climat.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait de la lutte contre les maladies non transmissibles une priorité. Ces maladies sont fortement liées à l’alimentation, à la consommation d’alcool et de tabac, mais aussi à la dégradation de l’environnement et du cadre de vie. La pollution de l’air et de l’eau, l’usage des pesticides et de certains composants chimiques favorisent ces maladies, tout comme les transformations des modes de vie, notamment dans les pays émergents tels que la Chine ou le Brésil, qui voient se généraliser l’usage de la voiture individuelle et la malbouffe.

Zoom Les pollutions accentuent les inégalités d’accès à l’eau

800 millions de personnes n’ont pas accès à une source d’"eau améliorée"*, selon les Nations unies. Fièvres, diarrhées, empoisonnements : l’OMS estime à plus de 3 millions chaque année le nombre de décès liés aux maladies infectieuses d’origine hydrique.

Part de la population ayant un accès aisé à l’eau potable en 2011, en %

Au final, ces changements transforment en profondeur le contexte sanitaire mondial et les pays du Sud en sont les grands perdants. Alors qu’ils étaient naguère principalement touchés par les maladies infectieuses, de type sida, tuberculose ou choléra, depuis une dizaine d’années viennent s’ajouter les maladies non transmissibles, qui constituent aujourd’hui, pour nombre d’entre eux, les principales causes de décès. Les régions les plus pauvres subissent de plein fouet les effets de pollutions massives, sans avoir les moyens ni d’en réduire les risques ni d’y répondre en termes de soins. Résultat : la probabilité de mourir de maladies non transmissibles est beaucoup plus forte dans les pays pauvres que dans les pays riches. Si en 2008, un Français de 30 à 70 ans avait 12 % de chances de mourir d’une tumeur, d’une maladie cardiovasculaire ou respiratoire, cette proportion est de 21 % pour la Chine et dépasse les 40 % pour des pays comme le Turkménistan, en Asie centrale.

Zoom Le Sud face aux maladies non transmissibles

Les cancers et autres maladies cardiovasculaires ne sont plus l’apanage des pays les plus riches. Les maladies non transmissibles, qui sont liées à la dégradation de l’environnement et des modes de vie, tuent plus de 35 millions de personnes par an dans le monde. Près des trois quarts de ces décès surviennent dans les pays pauvres ou émergents. En outre, l’insuffisant accès aux soins accentue la forte mortalité liée aux maladies non transmissibles. Dans les pays riches, celles-ci deviennent bien souvent des maladies chroniques grâce aux traitements (8 millions de personnes soignées en France, par exemple). Ce n’est pas le cas dans les pays du Sud, où le prix des traitements reste trop élevé.

Décès liés aux maladies non transmissibles en 2008
Zoom Un air vicié et meurtrier

L’usage de combustibles traditionnels comme le bois, le charbon ou les résidus agricoles, très fréquent dans les pays du Sud, entraîne l’émission de particules qui dégradent la qualité de l’air à l’intérieur des habitations. Ce qui influe fortement sur la santé des populations, en augmentant le risque de maladies et d’infections respiratoires, de cancer des poumons, etc. En 2011, l’OMS indiquait que la pollution de l’air (intérieure et extérieure) était responsable du décès de plus de 2 millions de personnes chaque année dans le monde.

Nombre de morts liés à la pollution de l’air intérieur, en 2004
Zoom Le climat dérègle la santé

Plus de 300 000 décès ont été imputés chaque année entre 2004 et 2008 aux accidents climatiques (sécheresses, inondations...), soit un tribut plus lourd que le tsunami de 2004. Ces décès sont liés à des maladies telles que la malaria, les diarrhées ou encore à la malnutrition. Selon l’organisation non gouvernementale Dara et le Forum des Etats vulnérables au changement climatique, les pertes dues aux accidents climatiques représenteraient tous les ans l’équivalent de 1,6 % du produit intérieur brut mondial.

Nombre de décès liés chaque année aux accidents climatiques entre 2004 et 2008

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