Que faire avec une licence ?
La licence générale est-elle un niveau pertinent de sortie du système éducatif en France ?
Cela dépend des licences et des spécialités. Or, paradoxalement, il y a beaucoup plus de sortants en lettres et sciences humaines et économie, gestion et droit (6 % des sortants du supérieur de la génération 2010) qu’en sciences "dures" (1,5 %), où les sorties se concentrent dans quelques spécialités, mathématiques, physique, sciences de l’ingénieur, dont les diplômés de licence connaissent pourtant une insertion plus aisée. Le taux de chômage des titulaires d’une licence en lettres et sciences humaines est ainsi de 14,5 %, contre 8 % pour les licenciés dans une spécialité scientifique.
Les licences de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et de la santé sont d’autres licences qui, sans être à proprement parler professionnelles, comptent beaucoup de sortants, car elles sont très orientées vers l’insertion. Ainsi, si 40 % des étudiants en lettres et sciences humaines ne poursuivent pas en master par lassitude, ceux de Staps ont souvent trouvé un travail (53 %), par exemple dans le coaching sportif ou les activités physiques adaptées.
En revanche, entrer sur le marché du travail avec une licence professionnelle va de soi ?
Les licences professionnelles sont en effet un niveau pertinent d’entrée dans la vie active, sans le moindre doute. Trois ans après la fin de leurs études, les jeunes qui ont quitté le système éducatif en 2010 (génération 2010) avec un tel diplôme ont un taux de chômage de 10 %. C’est deux fois plus que pour la génération 2004, mais leur insertion se révèle tout de même plus aisée que pour les diplômés de BTS, DUT, licence générale et même de master.
Plusieurs facteurs expliquent cette bonne insertion. La licence professionnelle est le diplôme du supérieur où l’apprentissage est le plus développé (30 % d’apprentis). Apparues en 2000, ce sont également des formations construites en étroite relation avec le milieu professionnel et adossées à la politique régionale de l’emploi. Enfin, elles sont plus sélectives que les licences générales, même si leurs effectifs y sont en forte augmentation par rapport aux générations précédentes.
Pouvez-vous citer quelques exemples de licences professionnelles, avec la trajectoire d’insertion dans l’emploi de leurs titulaires ?
La majorité des licences professionnelles dans le domaine "droit, économie et gestion" sont des licences de gestion. Dans ces spécialités, le taux de chômage après trois ans de vie active est très bas et avoisine les 5 % (contre 15 % en licence générale de gestion). Citons les licences professionnelles de gestion des ressources humaines, celles liées à la banque (chargé de clientèle par exemple), à la comptabilité, ou les licences gestion et administration de l’entreprise, etc., qui débouchent sur des emplois où les conditions de travail sont plutôt bonnes et les salaires supérieurs à ceux qu’obtiennent des diplômés de même niveau en licence générale de spécialités voisines.
Quant aux licences professionnelles en sciences appliquées (sciences de l’ingénieur, génie civil, génie mécanique, aéronautique, logistique, tourisme...), la clé de leur succès tient au fait qu’elles préparent à des métiers très spécialisés.
Mais les licences professionnelles en sciences humaines (métiers de l’édition, information et communication, aménagement...) fonctionnent aussi très bien. Directement axées sur un métier, elles sont très lisibles par les entreprises qui cherchent tel ou tel type de diplômé. Par ailleurs, les jeunes sortant d’une licence générale demeurent plus nombreux à reprendre et/ou poursuivre leurs études que ceux de licence professionnelle (28 % contre 17 %).
Quels ont été les effets du plan "Pour la réussite en licence" initié en 2007 ? A-t-il permis de limiter les échecs et les abandons d’études ?
La part des sortants du supérieur sans diplôme de la génération 2010 est supérieure à 20 %, soit une très légère augmentation par rapport à la génération 2004. Cela touche toujours majoritairement les jeunes issus de baccalauréats professionnels et technologiques, qui sont en même temps de plus en plus nombreux à tenter leur chance à l’université, notamment ceux des spécialités tertiaires. Les baccalauréats professionnels et technologiques ne sont pas pour autant toujours synonymes d’échec à l’université, loin de là, puisque la moitié des titulaires d’une licence pro de la génération 2010 en sont issus.