Entretien

"Les études de statistique permettent de travailler dans des domaines très différents"

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Anne Gégout-Petit présidente de la Société française de statistiques (SFDS), société savante destinée à la promotion des études statistiques

Quelles formations en statistique existe-t-il ?

Premièrement, il existe des cursus courts, comme les DUT statistique et informatique décisionnelle (Stid), qui débouchent sur le métier de data manager ou gestionnaire de données. Ces diplômés continuent souvent en licence professionnelle. Deuxième possibilité : les licences de mathématiques et les masters de statistique appliquée et biologie-statistique. Enfin, dernière possibilité, les écoles d’ingénieurs comme l’Ensae, l’Ensai, l’Isup, etc.

Il existe ainsi des débouchés à bac + 2, bac + 3, bac + 5, mais aussi dans la recherche, sachant qu’il est possible d’effectuer dans l’industrie des doctorats dont le financement est pris en charge soit par des bourses publiques, soit par des contrats entre l’entreprise et l’université. Ces doctorants bénéficient généralement d’une bonne insertion, car ils sont souvent embauchés par ces mêmes industries.

L’ensemble de ces formations recrutent essentiellement des titulaires de bac S, mais on peut aussi être issu d’un bac ES ou entrer à l’Ensae avec un bac L.

Quels sont les métiers de la statistique ?

Les études de statistique permettent d’exercer un métier dans des domaines très différents, allant de la statistique publique avec l’Insee à la biopharmacie et à la santé. Car on a notamment besoin de spécialistes pour mesurer les effets des médicaments sur les différentes maladies ou sur la santé dans des laboratoires comme l’Inserm.

Les statistiques mènent également aux métiers de la banque, de la finance et de l’actuariat, où elles servent par exemple à mesurer les risques pour les assureurs et à déterminer ainsi les contrats et les prix des recouvrements.

Il existe aussi beaucoup de métiers liés à l’environnement et à la météorologie. Dans l’industrie, les statisticiens interviennent pour mesurer la fiabilité et la durée de vie moyenne d’un composant et optimiser sa maintenance. Par exemple, dans l’aéronautique, les compagnies doivent analyser les équipements de vol en envisageant différentes conditions d’utilisation : canicule, sable, décollage tranquille...

Par ailleurs, il existe beaucoup de débouchés dans le marketing. Quand Facebook vous propose d’acheter des produits susceptibles de vous intéresser (voyages, livres, chaussures...), ce sont des statisticiens spécialistes du "Big data" qui sont intervenus pour exploiter vos données personnelles enregistrées sur Internet.

Les doctorants trouvent également des débouchés dans des grandes entreprises comme Thalès, au Commissariat à l’énergie atomique, mais aussi dans des PME. Ainsi, je connais un étudiant qui a trouvé un poste dans une PME spécialisée dans les paris sportifs et une doctorante à l’Inra, qui analyse désormais les modèles statistiques d’évolution des vignes.

L’ensemble de ces secteurs sont stratégiques. Si un avion dévie de sa trajectoire, ce sont des vies humaines qui sont en jeu et il faut qu’on puisse le repérer le plus vite possible. Dans le domaine de la santé aussi, les décisions médicales s’appuient désormais sur des données solides, que cela soit au niveau hospitalier ou au niveau des politiques publiques. Enfin, le domaine de la lecture des données personnelles sur Internet pour un usage commercial est en pleine croissance.

Ces métiers très qualifiés permettent une insertion rapide et des évolutions de carrière intéressantes dans des secteurs où il existe de fortes demandes. Précisons également qu’ils se féminisent peu à peu, en particulier dans les domaines du marketing et de la biologie.

Propos recueillis par Naïri Nahapétian

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