Vers une gouvernance mondiale ?
En septembre 2009, le sommet de Pittsburgh a fait du G20 la nouvelle instance de coopération économique mondiale. Il a ainsi consacré la reconnaissance des pays émergents dans un monde désormais multipolaire. Cependant, le principe de souveraineté nationale a encore de beaux jours devant lui.
La crise économique et l’élection de Barack Obama aux Etats-Unis ont ramené la notion de gouvernance mondiale au coeur du débat. Une notion qui renvoie à l’idée d’un monde multipolaire et à la reconnaissance du pouvoir des grands Etats dits émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.).
Des signes d’émergence
Le sommet de Pittsburgh, en septembre 2009, a ainsi institutionnalisé le G20, dont les Etats membres représentent quelque 90 % du produit intérieur brut (PIB) de la planète. Il l’a fait aux dépens du G8, qui regroupait uniquement les pays occidentaux, la Russie et le Japon. Cette reconnaissance du G20 comme nouvelle instance de coopération économique mondiale, se réunissant deux fois par an, reflète la réalité du pouvoir aujourd’hui.
Il était également dans l’ordre des choses que le sommet de Pittsburgh décidât d’une réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le transfert d’au moins 5 % des quotes-parts du FMI aux pays émergents, ainsi que l’augmentation d’au moins 3 % des droits de vote des pays en voie de développement au sein de la Banque mondiale sont des signes d’émergence de la nouvelle gouvernance mondiale.
Le pouvoir rémanent des Etats
Il n’en reste pas moins qu’il ne faut pas surestimer ce que le G20 pourra faire à l’égard d’Etats (et en particulier les émergents) qui restent animés par le bon vieux principe de la souveraineté nationale. Cela est particulièrement vrai pour la régulation du système financier international. Si le G20 a appelé à un encadrement renforcé des traders et des banquiers, en demandant que leurs rémunérations soient liées aux performances de long terme plutôt qu’aux prises de risque de court terme, la mise en oeuvre de ces principes reste entre les mains de superviseurs nationaux.
Il n’existe pas aujourd’hui de gouvernement supranational capable d’exercer un pouvoir de coercition mondial, ni même régional. L’Union européenne en est le seul embryon, bien qu’elle soit soumise elle aussi aux limites de la souveraineté des Etats. Quel sera ainsi le pouvoir de contrainte des autorités européennes de supervision des marchés financiers, bancaires et de l’assurance - qui devraient voir le jour cette année - que le gouvernement britannique, soucieux de préserver l’indépendance de la City, a acceptées en freinant des quatre fers ?
La récente crise financière renvoie finalement à une question bien classique de la théorie des relations internationales : celle du pouvoir rémanent des Etats en tant que communautés politiques légitimes, alors que les problèmes à traiter sont de plus en plus mondiaux. Et ce qui est vrai des marchés financiers l’est tout autant du changement climatique.
Des formes d’engagement
Il est certainement vain de rêver d’un gouvernement mondial. En revanche, il faut espérer une meilleure coordination mondiale des Etats (c’est cela, le sens du mot gouvernance), car les déclarations conjointes finissent par créer parfois des formes d’engagement.
Sans doute peut-on aussi estimer que la " société mondiale ", notion chère à l’école anglaise des relations internationales, est moins une illusion aujourd’hui qu’il y a cinquante ans. Dans un monde où les échanges sont intenses, syndicats, organisations non gouvernementales (ONG) et citoyens, qui diffusent sur leurs blogs des diagnostics communs des besoins du monde, ont acquis le pouvoir de contraindre davantage les Etats à converger.