Les mots de la crise

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ABS (Asset backed security) : titre représentatif d’un portefeuille d’actifs financiers (prêts à la consommation, encours de cartes de crédit, etc.). Voir " Titrisation ".

Agences de notation : organismes spécialisés dans l’évaluation de la solvabilité des emprunteurs émetteurs de titres de dettes. Elles attribuent des notes (des " ratings ", en anglais) aux différents titres financiers, en fonction de la capacité de l’émetteur à faire face à ses engagements. Ces notes vont de AAA (très peu de risque) à C (très risqué). Trois agences se partagent l’essentiel du marché : Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch.

Aléa moral (ou hasard moral) : encouragement à la prise de risque provoqué par l’existence d’une assurance en cas de réalisation du risque. Ainsi, les banques peuvent prendre des risques excessifs sachant que, quoi qu’il arrive, elles seront assistées par un prêteur en dernier ressort qui leur évitera la faillite.

Arbitrage : désigne tout choix entre deux utilisations concurrentes d’une même ressource rare (temps, argent, énergie...). Sur les marchés financiers, cela consiste à tenter de tirer parti d’écarts " anormaux " de cours entre des actifs proches, cotés sur différents marchés. L’arbitrage est supposé assurer l’efficience des marchés (voir " Efficience ").

Assurance des dépôts : garantie assurée aux particuliers que les fonds déposés auprès d’une banque leur seront remboursés en cas de faillite de la banque en question.

Banque des réglements internationaux (BRI) : organisation internationale créée en 1930 et chargée de promouvoir la coopération monétaire et financière entre banques centrales. Son siège est à Bâle, en Suisse (d’où les " Accords de Bâle " fixant les règles prudentielles).

Banques d’investissement : contrairement aux banques commerciales, les banques d’investissement ne reçoivent pas de dépôts. Et le service qu’elles rendent aux entreprises consiste non à leur prêter de l’argent, mais à leur donner accès aux marchés financiers pour des introductions en Bourse, des émissions de titres financiers ou encore des opérations de fusion-acquisition. Elles peuvent également fournir des services de gestion de fonds et de courtage.

CDO (Collaterized debt obligation) : titre représentatif de portefeuilles composés d’actifs financiers de nature diverse, tels que des créances bancaires, des titres négociables, des dérivés de crédits... Les parts d’un CDO sont divisées en trois tranches selon le degré de risque pris par l’investisseur.

CDS (Credit default swap) : mécanisme d’assurance contre le risque de crédit. Il prend la forme d’un contrat par lequel un acheteur de protection paie régulièrement une prime à un vendeur de protection qui s’engage à compenser ses pertes en cas de défaut de paiement de l’emprunteur.

Chambre de compensation : organisme chargé de l’échange des créances entre les participants à la chambre, de sorte que seuls les soldes soient réglés.

Collatéral : garantie apportée servant de gage au remboursement d’un prêt, au cas où l’emprunteur ne pourrait remplir ses obligations.

Comptabilité en juste valeur : enregistrement des différents actifs d’une entreprise à la valeur où l’on pourrait les vendre à un moment donné. S’oppose à l’enregistrement au " prix historique ", c’est-à-dire à la valeur lors de l’achat du bien ou du titre, sans prendre en compte les variations ultérieures.

Conduit : dans un montage de titrisation, désigne la structure provisoire qui détient un portefeuille de créances et émet des titres représentatifs de ce portefeuille. Ces structures présentent la caractéristique de ne pas être consolidées dans le bilan des banques, si bien qu’elles requièrent peu de fonds propres. Elles utilisent massivement l’effet de levier en s’endettant à court terme.

Credit crunch : situation dans laquelle le crédit cesse d’être disponible, si ce n’est à des taux prohibitifs.

Crédit hypothécaire : crédit garanti par une hypothèque sur le bien. En cas de non- remboursement, la banque peut saisir le bien sans avoir besoin d’engager des démarches judiciaires complexes.

Crise de liquidité : situation dans laquelle les banques et autres établissements financiers refusent de se prêter mutuellement de l’argent en raison d’une perte de confiance.

Déflation : baisse générale du niveau des prix (voir page 59).

Effet de levier : mécanisme qui permet à un opérateur (ménage, entreprise ou institution financière) de dégager des rentabilités très élevées à partir d’un capital de départ limité. La méthode consiste à mobiliser non seulement son propre argent, mais aussi des sommes empruntées pour se lancer dans des opérations risquées, à la rentabilité bien supérieure au taux d’intérêt exigé par les prêteurs. Prenons l’exemple d’un investisseur qui dispose d’un capital de 2 millions d’euros. Il emprunte 8 millions d’euros au taux de 5 %. Avec les 10 millions ainsi réunis, il se lance dans une opération risquée, mais qui lui rapporte 10 %, soit un million. Une fois les intérêts de 0,4 million payés, il lui reste 0,6 million. A rapporter à son capital de départ (2 millions), ce qui fait une rentabilité sur capitaux propres de 30 %. Evidemment, quand le risque se concrétise, non seulement la rentabilité n’est pas au rendez-vous, mais il devient impossible de rembourser.

Effet de richesse : effet d’une variation de la valeur de leur patrimoine sur la demande des ménages. Lorsque le prix des maisons ou des actions montent, leurs propriétaires voient leur patrimoine se revaloriser et cet enrichissement peut avoir un effet sur leurs dépenses. Ils peuvent en effet soit s’endetter davantage (en gageant leurs emprunts sur un patrimoine plus élevé), soit vendre une partie de leurs actifs pour concrétiser leur bénéfice.

Efficience : au sens économique, l’efficience désigne le fait que le prix d’un titre financier prend en compte toutes les informations disponibles et se révèle donc un indicateur fiable pour les opérateurs.

Epargne mondiale : partie non affectée à la consommation des revenus issus de la richesse produite dans le monde.

Fonds propres : capital social de l’entreprise (les parts versées par les actionnaires pour devenir copropriétaires), augmenté des bénéfices non distribués aux actionnaires et accumulés dans l’entreprise. La réglémentation prudentielle impose aux banques un certain niveau de fonds propres au regard des crédits qu’elles accordent.

Government Sponsored Enterprises (agences hypothécaires): le plus gros de la titrisation des emprunts hypothécaires est effectué par deux organismes financiers, Fannie Mae et Freddie Mac, créés par le gouvernement américain, mais dotés (jusqu’à leur sauvetage en septembre dernier) d’un actionnariat privé et cotés en Bourse. Les agences titrisaient traditionnellement les crédits prime, peu risqués et très standardisés.

Hedge funds (fonds d’arbitrage) : fonds spéculatifs qui visent un objectif de rendement absolu et disposent d’une grande liberté de gestion.

Basés le plus souvent dans des centres financiers offshore - comme les îles Caïmans -, ils échappent à tout contrôle des banques centrales.

Illiquidité : incapacité temporaire d’un agent à honorer ses engagements. Cette situation peut advenir d’un manque d’argent liquide à un moment donné, alors même que les ressources de l’agent à long terme dépassent largement ses dettes. A ne pas confondre avec l’insolvabilité.

Indices ABX : indices qui reflètent la valeur d’un panier de titres financiers constitués à partir de crédits titrisés.

Insolvabilité : situation dans laquelle un agent est incapable de faire face à ses engagements parce que ses dettes dépassent son actif.

LBO (Leveraged buyout) : montage financier consistant à acheter une société à l’aide d’un prêt, puis à rembourser ce prêt grâce à des dividendes versés par la société achetée.

Levier d’endettement : voir " Effet de levier ".

Liquidité : notion qui renvoie à trois concepts différents. Pour une banque, la liquidité consiste à pouvoir honorer ses échéances à court terme. Pour un actif, elle correspond à la possibilité de s’échanger à tout moment sur un marché (la monnaie est l’actif liquide par excellence). Enfin, pour un marché, elle désigne la capacité de ce marché à absorber rapidement des ventes d’actifs, sans perte significative de prix. Ces trois concepts ne sont pas indépendants : du fait du recours accru des banques aux financements de marché, " la liquidité de marché apparaît comme un déterminant de plus en plus important de la liquidité bancaire ", explique la Banque de France.

Marché de gré à gré : transactions bilatérales de produits financiers s’effectuant en dehors d’un marché organisé.

Marché monétaire : marché sur lequel les banques se financent à court et moyen termes. La banque centrale peut intervenir sur ce marché pour réguler la liquidité du système bancaire dans son ensemble et orienter ainsi le niveau des taux d’intérêt.

Mark-to-market (valorisation à la juste valeur) : méthode qui valorise un actif à sa valeur de marché, par opposition à la valorisation au coût historique (valorisation à la date d’achat).

Monolines (rehausseurs de crédit) : assureurs spécialisés dans la couverture du risque de crédit. A l’origine, ils se portaient caution des émissions obligataires des collectivités locales, lesquelles pouvaient ainsi emprunter à moindre taux. Mais certains rehausseurs, pour améliorer leurs affaires, se sont mis à intervenir dans des montages de titrisation. Du coup, ils se sont retrouvés emportés par la crise des subprime, comme CIFG, ex-filiale de Natixis.

Normes IFRS : normes comptables édictées au niveau international par l’International Accounting Standards Board (IASB) et destinées aux entreprises cotées afin d’harmoniser la présentation de leurs comptes.

Prêteur en dernier ressort : institution qui peut prêter de manière illimitée aux banques en cas de crise de liquidité. Ce rôle est joué par la banque centrale.

Prime de risque : supplément de coût sur le prix normal pour faire face à l’incertitude vis-à-vis des résultats réels de l’entreprise.

Produit dérivé : contrat entre un acheteur et un vendeur qui prévoit un échange d’actifs dans le futur à des conditions prévues dès le départ. Il peut s’agir de monnaies, de taux d’intérêt, de matières premières ou d’actifs financiers.

L’objectif initial était de se couvrir contre les risques associés à des fluctuations de cours. De plus en plus, les produits dérivés ont servi de base à des opérations spéculatives.

Prudentielle (politique/réglementation) : politique qui vise à contrôler la façon dont les banques prennent des risques. Elle est mise en oeuvre au niveau international par le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, basé à la Banque des règlements internationaux (BRI), en Suisse.

Depuis 1988, ce comité impose aux banques de détenir au moins 8 % de fonds propres en face de leurs crédits risqués, c’est le ratio Cooke. En 2004, de nouveaux accords, dits Bâle II, ont vu le jour afin de mieux appréhender les risques. Ils sont applicables depuis 2008 en Europe (mais pas aux Etats-Unis). La crise des subprime a montré que le contrôle des risques que le Comité de Bâle organise est insuffisant (voir page 76).

Ratios de solvabilité : contraintes réglementaires auxquelles sont soumises les banques pour s’assurer qu’elles disposent de suffisamment de capital et qu’elles ne prennent pas des risques inconsidérés.

Risque de système (ou systémique) : situation où la faillite d’une banque peut provoquer, par contagion, l’effondrement de l’ensemble du système de financement.

SIV (Structured investment vehicle) : voir " Conduit ".

Spread : écart entre le taux d’un placement réputé sans risque (bon du Trésor américain ou allemand, par exemple) et celui d’un placement à risque.

Subprime : signifie littéralement " en dessous du premier choix ". Il désigne les prêts consentis à des ménages américains modestes qui ne présentent pas assez de garanties pour accéder à un prêt normal, dit " prime ", soit parce que leurs revenus sont faibles ou aléatoires, soit parce qu’ils ont déjà eu des difficultés financières par le passé. Alors que les prêts prime sont très standardisés (le plus souvent à taux fixe sur trente ans), les prêts subprime sont non conventionnels (taux variable, remboursement différé, etc.).

Swap : accord d’échange d’actifs ou de revenus entre deux parties, généralement des banques ou des institutions financières.

Titrisation : technique financière permettant de transformer une créance bancaire en titre pouvant être vendu sur les marchés financiers, et donc de transférer le risque de crédit associé à cette créance.

Valeur fondamentale : valeur d’un actif financier censée refléter celles des principales variables considérées comme déterminantes pour son évolution (les profits pour une entreprise, la croissance pour une économie, etc.).

Valeur liquidative : argent que l’on peut récupérer si l’on vend tous les actifs d’un fonds.

Vente à découvert (Short sell) : opération financière qui consiste à vendre sur un marché à terme un titre que l’on ne possède pas, en espérant le racheter à un cours moins élevé. Ces pratiques peuvent engendrer des pertes potentiellement infinies quand le cours du titre monte.

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