Limoges

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Capitale du Limousin, Limoges offre depuis longtemps de nombreux emplois publics, dont le poids a été renforcé par le déclin de l'industrie. Concentrant la grande majorité des emplois de la région, l'agglomération s'attache à diversifier ses activités.

L’agglomération de Limoges avait une forte tradition industrielle autour de la porcelaine, suite à la découverte, à la fin du XVIIIe siècle, de gisements de kaolin à proximité. Mais les activités industrielles ont fortement reculé ces dernières décennies : le secteur a perdu 2 400 emplois (soit une baisse de 12 %, le double du recul moyen enregistré en province) entre 1999 et 2006. Un déclin qui s’est encore accentué avec la crise actuelle.

Agroalimentaire et logistique

Le groupe Ferro, coloriste pour céramique, a ainsi fermé son usine pour regrouper sa production en Allemagne. Si certaines manufactures comme Bernardaud tentent de lancer des collections plus modernes, le marché du luxe ne compense guère la fin de l’époque où on proposait des services complets de porcelaine de Limoges sur les listes de mariage. " Le secteur de la chaussure, au contraire, s’en sort mieux depuis qu’il s’est recentré sur le luxe, après sa restructuration au début des années 1990 ", précise Arlette Martin-Cueille, directrice générale adjointe chargée du développement économique à la communauté d’agglomération Limoges métropole, citant l’exemple de la marque Weston. Ont également souffert de la crise les fabricants de matériel de transport et leurs sous-traitants, comme Renault Trucks (180 emplois) ou Valeo (350 salariés).

Mais l’industrie locale a aussi d’autres spécialités moins exposées, notamment les industries agroalimentaires reposant sur l’élevage, qui est au coeur de l’agriculture régionale. Beaucoup d’entreprises vivent en effet du commerce et de la transformation de la viande, ainsi du groupe grossiste Beauvallet, qui mise sur la qualité en développant des labels pour la race limousine (bovins). Autre entreprise connue du grand public, cette fois pour la viande porcine, le charcutier industriel Madrange, qui emploie 860 salariés.

Avec les établissements de Geodis ou de TFE (transports frigorifiques), le secteur de la logistique s’est aussi récemment bien développé. " C’est l’effet du désenclavement de la région grâce à l’autoroute A20, qui permet de relier Barcelone à Paris, et dont 300 kilomètres sont gratuits ", estime Arlette Martin-Cueille. Cette dernière regrette cependant qu’il faille attendre 2017 et l’arrivée du TGV pour que ce désenclavement soit achevé.

Une dimension régionale

L’ampleur des restructurations industrielles et une population d’anciens ouvriers souvent d’origine immigrée expliquent la constitution de poches de pauvreté dans des zones urbaines sensibles, comme le quartier de la Bastide. Malgré un revenu global par habitant légèrement supérieur à la moyenne enregistrée en province. S’y ajoute l’arrivée de chômeurs issus de la région, venus tenter leur chance à Limoges, faute d’emplois dans les zones rurales.

La zone d’emploi de Limoges rassemble en effet les deux tiers des emplois départementaux. " L’agglomération tire toute la région, nous avons une lourde responsabilité, décrypte Arlette Martin-Cueille. Il nous faut absolument nous développer. " La communauté d’agglomération aide les industries à se moderniser. A commencer par la porcelaine : " Les céramiques techniques ont un fort potentiel : elles sont utilisées pour la tête de la fusée Ariane, pour des prothèses médicales ou des pièces mécaniques inusables en Formule 1 ", détaille la directrice générale adjointe. C’est un des piliers du technopôle Ester, créé en 1999. Le domaine rassemblerait 77 entreprises, 5 laboratoires et des centres de formation, soit 9 000 emplois. Plus de 60 projets ont été labellisés au niveau national, et donc financés par l’Etat et la région dans le cadre d’un pôle de compétitivité centré sur Limoges et les céramiques techniques.

Limoges est aussi au coeur d’un deuxième pôle de compétitivité, Elopsys, autour des micro-ondes et de la photonique. Ce sont des spécialités de Legrand, ancien porcelainier reconverti dans les systèmes électriques pour le bâtiment, devenu un géant du secteur implanté mondialement. " Elopsys a généré un millier d’emplois, le choc de la crise a été limité par le dynamisme du technopôle ", conclut Arlette Martin-Cueille.

Des atouts pour l’emploi

Malgré cette action pour redynamiser le tissu industriel, cette zone d’emploi doit pour l’instant beaucoup compter sur l’emploi public et ses 29 000 postes, soit 23 % de l’emploi, contre 18 % en moyenne en province. Les principaux employeurs publics sont le CHU, la commune, la région et le département. Le poids de l’emploi public et du tertiaire lié au rôle de capitale régionale de Limoges a également été renforcé par la décentralisation d’un certain nombre d’établissements : l’agglomération abrite le centre financier de La Poste depuis 1992 (400 personnes), le Centre national d’aménagement des structures des exploitations agricoles (Cnasea), ainsi que le centre d’appels pour la région parisienne de France Télécom. Toutefois, la prochaine réorganisation de la carte militaire se traduira par la perte de 800 emplois et le départ des familles correspondantes, ainsi que la disparition de 3 millions d’euros de commandes passées chaque année aux entreprises locales. " A cela s’ajoute la diminution du nombre de postes à l’université et dans les lycées professionnels ", précise la responsable du développement économique.

Le tertiaire privé prend cependant progressivement le relais, avec des services aux particuliers en forte croissance. Par exemple pour les structures agissant dans le domaine de l’action sociale : parmi les dix premiers employeurs de ce territoire se glisse ainsi une association d’aide aux personnes âgées. Les associations et, plus largement, l’économie sociale sont un atout pour la zone qui compensent les faibles revenus d’une partie de sa population, un facteur limitant pour l’économie résidentielle. Le développement de cette dernière reflète aussi un renouveau de l’attractivité du territoire, qui parvient désormais à compenser un solde naturel atone par l’arrivée de nouveaux habitants.

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