Marmande-Casteljaloux

4 min

De tradition agricole, la zone d'emploi de Marmande-Casteljaloux est marquée par une forte précarité de l'emploi des saisonniers et par le poids des agriculteurs à la retraite. Comme beaucoup de zones rurales, il lui est difficile d'attirer et de développer des entreprises importantes. Mais le dynamisme aquitain y a néanmoins des retombées positives.

Marmande et Casteljaloux s’inscrivent de part et d’autre de la Garonne dans un territoire rural situé à mi-chemin entre Bordeaux et Agen. L’agriculture y est très développée. A la fois dans les grandes cultures (maïs, blé, tournesol, etc.) et les fruits et légumes. Marmande fête ainsi tous les ans sa fameuse tomate. Avec 2 800 postes, le secteur représente 12 % des emplois, trois points de plus que la moyenne provinciale. Il connaît cependant un déclin rapide, avec 600 emplois de moins entre 1999 et 2006, soit une baisse de 18 %, contre 7 % en moyenne en province. " L’agriculture, qui n’avait pas connu jusque-là de tournant productiviste comme en Bretagne, a été très éprouvée ces dernières années ", note Jean-Louis Letu, directeur de Val de Garonne Expansion, une agence de développement économique qui travaille sur le nord de la zone.

La zone d’emploi de Marmande-Casteljaloux

Avec Fermes de Garonne, les systèmes de vente directe aux consommateurs se développent, afin d’essayer de trouver des revenus alternatifs à ceux - faibles et incertains - offerts par les circuits de la grande distribution. Côté industries, l’agroalimentaire est bien sûr important : il emploie 600 salariés, notamment chez les producteurs de confitures St Dalfour, tourné vers le haut de gamme et l’export, ou Lucien Georgelin. Comme dans le reste de l’Aquitaine, avec l’exploitation de la vaste forêt landaise et le travail autour des bois importés, la filière bois est développée. Elle compte 700 salariés. De même, belle exception dans ce paysage marqué par une industrie en déclin, l’entreprise Creuzet aéronautique emploie aujourd’hui près de 600 salariés. Fondée en 1934, elle s’est tournée vers l’aéronautique dans les années 1950. Mais les autres activités souffrent beaucoup, la chaudronnerie par exemple. " Notre territoire a subi depuis vingt ans de nombreuses fermetures d’entreprises industrielles disséminées en milieu rural ", ajoute Jean-Louis Letu.

Beaucoup de saisonniers et de faibles retraites agricoles

La prégnance de l’agriculture explique une bonne partie de la précarité de l’emploi. D’abord, parce que l’emploi saisonnier y est important, en particulier pour la cueillette des fruits. D’une façon générale, les contrats à durée indéterminée (CDI) sont plus rares qu’ailleurs (68 % des emplois, 7 points de moins qu’en province).

Pour lutter contre le travail précaire, l’agence Val de Garonne Expansion a monté un groupement d’employeurs permettant à différentes entreprises de " partager " un salarié qui, du coup, peut être embauché en CDI. " Ce groupement a une fonction sociale, pour aider les salariés qui étaient en intérim forcé, explique Jean-Louis Letu. Il a déjà employé 560 personnes, mises à la disposition des 210 entreprises adhérentes, de l’agroalimentaire, la filière bois ou l’agriculture. " Cela a favorisé leur formation et la moitié des salariés du groupement ont finalement été embauchés par les employeurs.

Marmande-Casteljaloux : structure de l’emploi

Les anciens agriculteurs sont par ailleurs particulièrement nombreux parmi les retraités de la zone, dont la proportion est elle-même importante (30 %, contre 23 % en moyenne en province). Or les retraites agricoles sont souvent d’un montant très faible. Cela se traduit par un nombre important de personnes qui dépendent des aides sociales, en particulier le minimum vieillesse et les aides aux personnes handicapées.

Profiter du dynamisme aquitain

La zone de Marmande-Casteljaloux apparaît en retrait de la dynamique d’une région attractive et fortement créatrice d’emplois. A distance du littoral et trop loin sans doute de la métropole bordelaise pour bénéficier de son influence. De 1990 à 1999, l’emploi a ainsi reculé de 2,9 % et la zone a perdu 2,3 % de sa population.

Mais les choses changent doucement. La tendance s’est inversée pour le bassin. Entre 1999 et 2006, la zone a offert 1 600 emplois supplémentaires (+ 7,6 %) et gagné autant d’habitants (+ 3 %), dont une majorité d’actifs, alors que le chômage reculait. A 9 %, il a rejoint la moyenne française.

Relativement épargnée par la crise

Comme le reste de la région, Marmande-Casteljaloux a été relativement épargnée par la crise. C’est peut-être le signe que Marmande commence à surmonter l’obstacle de sa ruralité et capte sa part des bénéfices aquitains. L’économie tournée vers la consommation locale, très présente en Aquitaine, se développe ; bâtiment et commerce sont forts et les services aux particuliers en net développement.

Marmande-Casteljaloux : taux de chômage au 3e trim. 2008* et au 4e trim. 2010, en %

Au sud de la zone, les communes autour de Casteljaloux, face au recul de la filière bois, ont décidé de se tourner vers le tourisme, autour d’un thermalisme de tradition déjà ancienne. Val de Garonne Expansion a de son côté une stratégie davantage axée sur l’industrie qui " amène des activités induites, précise Jean-Louis Letu. Nous avons créé l’agence de développement notamment pour nous doter d’outils, alors que nous sommes éloignés des chambres de commerce et de métier qui sont basées à Agen ". Jean-Louis Letu pense que le caractère rural de la zone n’est pas un obstacle insurmontable. " Nous sommes moins connus que les grandes villes, poursuit-il, mais ici, il est plus facile de trouver les bons interlocuteurs et les décisions se prennent plus facilement. Nous avons ainsi fait venir Garnica Plywood, une entreprise espagnole, leader du contreplaqué. " Avec une quarantaine d’emplois aujourd’hui et l’espoir que ce chiffre puisse prochainement doubler.

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !
Sur le même sujet