La précarité des emplois et la santé

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La précarité accroît de multiples manières les impacts du travail sur la santé. D’abord, face aux risques du travail, l’expérience compte. Comme le fait d’être plutôt en fin qu’en début de carrière, le temps passé dans un poste protège. Les travailleurs sont alors mieux formés à la sécurité, s’approprient mieux les procédures et tissent des liens plus forts avec leurs collègues, qui leur offrent soutien et conseil en cas de problème. Surtout, on compte un grand nombre de travailleurs précaires dans tous les métiers à risque, dans l’industrie et le bâtiment. Résultat : intérimaires et CDD sont davantage touchés par les accidents du travail (voir graphique ci-dessus).

Part des salariés actifs occupés, selon leur statut d’emploi, déclarant en 2005 :

En outre, la prévention est plus complexe à mettre en oeuvre pour ces publics, moins facilement informés sur les risques et les maladies professionnelles. Par ailleurs, le suivi par les médecins du travail est plus difficile, car souvent interrompu.

Part des hommes et des femmes actifs atteints de troubles dépressifs, selon leur statut d’emploi ou l’ancienneté de leur chômage, en %

La précarité entame aussi le moral. Même si le lien de causalité est difficile à établir, les précaires sont plus souvent touchés par les troubles dépressifs. C’est aussi le cas des chômeurs, en particulier hommes (voir graphique ci-contre).

Chez les CDI aussi

CDI précaires : l’oxymore a sans doute quelque réalité. En effet, les difficultés propres aux statuts atypiques frappent aussi un grand nombre de salariés en contrat à durée indéterminée. Un salarié sur dix en CDI craint ainsi de perdre son emploi dans l’année. Ces CDI fragilisés sont davantage sous pression. Ils jugent plus souvent ne pas disposer des moyens de faire leur travail et subir un rythme plus intensif.

Part des salariés actifs en CDI, selon la stabilité de leur emploi, déclarant en 2005 avoir :

Lecture : 54,8 % des salariés en CDI stable déclarent avoir un travail intense, contre 67,3 % de ceux en CDI fragilisé.

Part des salariés actifs en CDI, selon la stabilité de leur emploi, déclarant en 2005 avoir :

Lecture : 54,8 % des salariés en CDI stable déclarent avoir un travail intense, contre 67,3 % de ceux en CDI fragilisé.

Plus généralement, avec l’intensification des rythmes de travail, beaucoup de salariés manquent de temps pour s’installer dans leur poste. Les difficultés des intérimaires en témoignent, comme évoqué plus haut pour la réduction des risques, il faut du temps pour élaborer des routines, des repères, ou pour nouer des liens avec des collègues permettant de travailler correctement et de s’économiser. Bien des entreprises valorisent aujourd’hui le changement. Sans doute à l’excès, attendant de leurs salariés un travail toujours plus rapide, un dynamisme doublé d’une capacité d’adaptation. Sans doute aussi au détriment d’une stabilité qui peut notamment favoriser des apprentissages utiles à la bonne marche du travail. On s’use à toujours réinventer la roue.

Part des personnes en emploi en 2010 craignant de le perdre dans les six mois ou ne pensant pas retrouver un travail avec un salaire similaire si elles perdaient le leur, en %

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