Les inégalités d’espérance de vie
La vie est plus courte pour les ouvriers. Et la vieillesse leur vient plus vite. Les écarts d’espérance de vie sont en effet marqués entre les catégories socioprofessionnelles. A 35 ans, un homme cadre supérieur peut espérer vivre encore quarante-sept ans, six ans de plus qu’un ouvrier au même âge ; une femme cadre a une espérance de vie de cinquante et un ans, deux ans de plus qu’une ouvrière. Et, double peine pour les travailleurs manuels, cette vie plus courte sera aussi en moins bonne santé. Toutefois, les ouvriers vivront presque dix ans de moins sans problème physique ou sensoriel, les ouvrières, neuf ans. Les écarts sont moins marqués chez les femmes et pour les difficultés plus graves, et plus rares, telles que pour se laver, se nourrir, s’habiller.
L’espérance de vie des inactifs est encore plus courte, une différence qui s’expliquerait pour partie par le fait qu’une part importante des hommes inactifs sont d’anciens ouvriers, dont certains ont été écartés du travail pour raison de santé.
Ces inégalités face à la vieillesse et la mort tendent plutôt à se renforcer, du moins chez les hommes. L’Insee a comparé ces chiffres à la fin des années 1970 et à la fin des années 1990 : les progrès de l’espérance de vie ont profité un peu plus aux cadres qu’aux ouvriers.
Les conditions de travail se déclinent en effet très différemment selon que l’on est cadre ou ouvrier. Les maladies professionnelles et accidents du travail frappent d’abord les ouvriers. C’est une première explication aux inégalités d’espérance de vie entre catégories socioprofessionnelles. Les conditions de vie en général, du fait des écarts de revenus, jouent également un rôle : logement, alimentation et, bien sûr, accès aux soins.