Les politiques de rémunération
La crise est passée par là. En témoignent les conventions collectives de branche dans lesquelles ont été signés des " avenants salariaux " fixant l’évolution des salaires pour l’année : en 2009, 47 % des branches ont augmenté les salaires garantis (c’est-à-dire incluant les primes telles que le 13e mois) de 2 % au plus, et 16 % ne les ont pas augmentés du tout, alors que les chiffres de l’année précédente étaient respectivement de 16 % et de 9 %. Certes, il subsiste toujours des possibilités de hausse au niveau de chaque entreprise. Mais la plupart d’entre elles se basent uniquement sur les systèmes collectifs de revalorisation, tout en les mixant avec des hausses individualisées.
Du côté de l’épargne salariale
Et que se passe-t-il du côté de ce qu’on appelle globalement l’épargne salariale ? Celle-ci recouvre quatre dispositifs : la participation (obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés ayant dépassé une norme minimale de bénéfices) ; l’intéressement (facultatif, et qui s’appuie sur des indicateurs d’efficacité) ; le plan d’épargne entreprise (PEE, qui consiste à faire abonder par l’employeur les versements effectués par un salarié sur un compte bloqué placé en valeurs mobilières) ; et, enfin, le plan d’épargne retraite collectif (Perco, dispositif analogue au PEE mais déblocable seulement lors du départ en retraite du salarié). Si le Perco a fait un flop, la participation, l’intéressement et le PEE mobilisent chaque année un supplément conséquent de revenus (généralement bloqués) en faveur des salariés concernés : plus de 14 milliards d’euros en 2009, au bénéfice de 6,7 millions de salariés. C’est dans cette épargne salariale qu’est prélevé l’essentiel des fonds placés dans l’épargne solidaire, car les représentants des syndicats ont leur mot à dire sur l’usage de ces fonds. Mais ces dispositifs, très peu fréquents dans les petites entreprises, accentuent les inégalités entre salariés.
Bon salaire, mode d’emploi
Manifestement, il vaut mieux travailler dans un grand établissement que dans un petit : non seulement les salaires y sont plus élevés, mais ils augmentent aussi plus vite. Il faut cependant se méfier des conclusions trop hâtives, car il se peut très bien que les établissements les plus grands soient aussi ceux dans lesquels la proportion de cadres est la plus élevée. Au siège de Carrefour ou de la BNP, le salaire moyen est certainement plus important que dans les magasins ou les agences. Reste qu’un autre facteur doit aussi jouer : bien rares sont les établissements de plus de 500 salariés qui n’ont pas au moins une section syndicale, ce qui explique sans doute que les salaires y progressent plus vite qu’ailleurs.
L’âge joue également un rôle important : le salaire augmente avec lui, car les salariés accumulent des connaissances dans le temps, ce que la plupart des conventions collectives reconnaissent en prévoyant des augmentations liées à l’ancienneté. Mais, là aussi, des mécanismes inégalitaires sont à l’oeuvre : entre la tranche d’âge 25-39 ans et celle de plus de 55 ans, le salaire des cadres progresse de 50 %, celui des professions intermédiaires de 25 % et celui des ouvriers ou employés de... 10 %.