Actifs au sein du secteur associatif

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Plus d'un jeune Français sur trois adhère à au moins une association. Stable depuis vingt ans et centrée sur des activités sportives, culturelles et de loisirs, la participation associative juvénile tend aujourd'hui à concerner davantage la vie de la cité.

Toutes les enquêtes le confirment : les jeunes Français sont animés des meilleurs sentiments à l’égard du monde associatif, ils se disent prêts à s’y investir ou à le soutenir. Selon le baromètre "Jeunesse" de septembre 2010, réalisé par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) pour le ministère chargé de la Jeunesse, 66 % des jeunes âgés de 16 à 30 ans font confiance aux associations pour améliorer leur avenir, alors qu’ils ne sont que 35 % à faire confiance aux syndicats et 9 % aux partis politiques. Un jeune sur deux (54 %) souhaiterait s’engager dans les prochains mois pour soutenir une cause associative, mais seulement un sur dix souhaiterait militer dans un syndicat (13 %) ou un parti (11 %). A l’inverse des organisations syndicales ou partisanes, les associations bénéficient donc d’une large confiance de leur part. Mais, au-delà de ces bonnes intentions, qu’en est-il de leurs comportements effectifs ?

Retrouver les amis

D’après les enquêtes "Valeurs", le taux d’adhésion apparaît remarquablement stable depuis 1990 : 37 % des jeunes Français de 18 à 29 ans sont membres d’au moins une association (voir graphique page 141). Plus d’un tiers participent donc à une association : ce qui n’est pas négligeable. Toutefois, si l’on considère non plus l’adhésion mais le fait d’accomplir un travail bénévole dans une association, seul un jeune sur cinq est encore concerné. Cette activité bénévole des jeunes est à peu près stable depuis 1999, après avoir augmenté entre 1990 et 1999. L’investissement bénévole est légèrement supérieur dans l’ensemble de la population. Des résultats qui situent la France en dessous de la moyenne des taux d’adhésion en Europe de l’Ouest.

En France comme ailleurs, la sociabilité amicale est une dimension importante de la participation associative, en particulier chez les jeunes. Plus que tout autre moment de la vie, la jeunesse reste le temps des amis : si les jeunes participent à une activité associative, c’est aussi pour retrouver des relations amicales 1. Mais en avançant en âge, les jeunes cherchent un travail, se mettent en couple... et fréquentent moins leurs amis. Selon les résultats de l’enquête "Valeurs", quasiment la moitié des jeunes vivant seuls après avoir quitté le domicile parental participe à une association (46 %), pour moins d’un tiers de ceux en couple (31 %), les jeunes qui vivent au domicile familial se trouvant dans une position intermédiaire (40 %).

Enfin, les jeunes nés à l’étranger ou dont l’un des parents est né à l’étranger participent autant que les autres jeunes : 38 % des premiers et 36 % des seconds adhèrent à au moins une association. De même, l’appartenance religieuse paraît n’avoir guère d’influence : 38 % des jeunes chrétiens, 28 % des jeunes déclarant appartenir à une autre religion et 37 % des "sans religion" sont membres d’une association.

Sport et loisirs

Les jeunes de 18 à 29 ans participent avant tout à des associations sportives et de loisirs (19 %) et, avec un taux d’adhésion très inférieur, à des associations culturelles (7 %), suivies des associations caritatives (4 %). Toutes les autres associations, et notamment celles liées à la vie communale, à l’environnement, au soutien d’une cause (pacifisme, tiers monde...) connaissent des taux égaux ou inférieurs à 3 %.

La participation associative est plus forte chez les garçons que chez les filles. En 2008, l’écart est de 8 points pour l’appartenance et de 6 points pour les activités bénévoles : dans les deux cas, cet écart se révèle en légère baisse depuis 1990. Surtout, il se répartit différemment selon le type d’association. Ainsi, les garçons adhèrent en plus grand nombre dans les associations sportives et de loisirs (23 %, contre 15 %), mais aussi, avec des écarts moindres, dans les mouvements ou les partis politiques (4 %, contre 2 %), les organisations pour la jeunesse (3 %, contre 1 %). Les filles sont davantage présentes dans les groupements caritatifs et dans ceux liés à l’environnement, à l’écologie, aux droits des animaux (5 % contre 2 %, dans les deux cas).

Plus ouverts sur les questions de société

Si la plupart des adhésions juvéniles se portent sur des associations centrées sur les activités sportives, culturelles et de loisirs, des évolutions apparaissent dans la répartition des adhésions. En 2008, un jeune sur cinq (20 %) participe à des groupements davantage ouverts sur des questions de société, qui interviennent à un niveau local, national ou international, sur la situation de groupes sociaux dans une perspective d’aide ou de défense, ou encore sur des intérêts collectifs ou sur une cause à soutenir (groupements supposés être plus militants). C’est moins que les adultes (27 %), mais cette participation des jeunes a été multipliée par trois depuis 1999 (7 %).

Zoom Le statut de volontaire en service civique

Que représente le statut de volontaire en France ? Un premier statut a été créé en 1995 afin de permettre l’indemnisation des personnes qui partaient à l’étranger avec une organisation de solidarité internationale. Puis, à la fin des années 1990, suite notamment à la réforme du service national, le recours au volontariat s’est développé dans d’autres types d’associations.

Différents statuts, le volontariat civil en 2000, le volontariat associatif en 2006, puis le service civique 1 en 2010, ont existé, voire coexisté. Ce dernier s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans, sans conditions de diplôme. Avec une indemnisation de 573 euros nets par mois, il peut être effectué auprès d’associations, de collectivités territoriales (mairies, départements ou régions) ou d’établissements publics (musées, collèges, lycées...). Et ce sur une période de six à douze mois, en France ou à l’étranger, pour une mission d’au moins 24 heures par semaine, compatible avec des études.

Entre juin 2010 et juin 2012, plus de 20 000 jeunes se sont ainsi engagés dans le domaine de la solidarité (27 % des missions), de l’éducation pour tous (18 %), de la culture et des loisirs (15 %) ou de l’environnement (15 %).

On constate donc une augmentation de l’adhésion juvénile au sein de groupements a priori plus engagés dans la vie de la cité. Ne concernant pas la population adulte, cette tendance à la hausse, certes minime à l’échelle d’une association, peut avoir des effets non négligeables dans ces organisations caractérisées par un faible taux de participation. Ainsi, dans les mouvements politiques, elle place la participation des 18-29 ans (3 %) au même niveau que celle des adultes. Avec 2 % d’adhésions dans les syndicats, elle entraîne une remontée significative de la participation des jeunes, qui était tombée de 8 % en 1981 à moins de 0,5 % en 1999. Aussi, lorsque des sondages indiquent une plus grande confiance des jeunes dans les associations que dans les partis ou les syndicats, l’enquête "Valeurs" révèle une augmentation significative de leurs engagements dans ces deux groupements. L’investissement associatif se construit davantage en complémentarité qu’en opposition avec les partis et les syndicats, témoignant d’une approche du politique moins institutionnelle et plus ouverte sur les questions de société.

Zoom Vous avez dit éducation populaire ?

L’éducation populaire cherche à promouvoir l’éducation pour tous en dehors des structures traditionnelles d’enseignement. En France, tout au long du XXe siècle, elle s’est organisée autour de trois grands courants : le christianisme social, les mouvements laïques comme la Ligue de l’enseignement 1 créée en 1866 ou les Francas 2 nés en 1944 et, enfin, le mouvement ouvrier avec les syndicats. Un grand nombre d’associations mènent ainsi des activités complémentaires à celles de l’école, qui bénéficient à plusieurs millions d’enfants : accompagnement scolaire, pratiques artistiques et sportives, centres de loisirs et de vacances, etc. Parmi celles qui ont renouvelé ce mouvement au cours des trente dernières années, citons l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) 3, un réseau d’aide à la scolarité dans les quartiers difficiles né en 1992. N. N.

Politisation et participation associative

Axée majoritairement sur une recherche de convivialité, d’épanouissement personnel, et en cela liée au mouvement d’individualisation porté par les nouvelles générations, la participation associative des jeunes tend aujourd’hui à se conjuguer avec davantage d’ouverture sur la cité et de capacité de mobilisation sociale. Une telle évolution peut-elle être mise en relation avec la plus forte politisation des jeunes constatée dans les résultats de la dernière enquête "Valeurs" ?

On constate dans ces enquêtes une corrélation entre politisation et participation associative : plus les jeunes sont politisés, plus ils participent à la vie associative et plus ils y font du travail bénévole. En d’autres termes, les jeunes adhérents associatifs s’intéressent davantage à la politique, ce qui apparaissait déjà dans l’enquête de 1999 2. Il est donc vraisemblable que la hausse de la politisation constatée en 2008 n’est pas sans lien avec la montée de l’investissement dans des associations défendant une cause ou des intérêts collectifs. Toutefois, n’oublions pas qu’en matière de politisation et de participation associative, l’investissement des jeunes augmente en même temps que s’élève leur niveau d’études, voire même celui de leurs parents.

  • 1. Voir "L’amitié, une valeur toujours centrale", par Bernard Roudet et Jean-François Tchernia, in Les valeurs des jeunes. Tendances en France depuis 20 ans, Olivier Galland et Bernard Roudet (dir.), coll. Débats jeunesses, L’Harmattan-Injep, 2001.
  • 2. Voir "Entre responsabilisation et individualisation : les évolutions de l’engagement associatif", par Bernard Roudet, Lien social et politiques n° 51, 2004.

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