L’Eole : un restaurant pour l’insertion

4 min

L'idée : un restaurant trois usages

Le restaurant d’insertion L’Eole s’inscrit dans la dynamique de développement économique mise en oeuvre depuis dix ans par le comité de bassin d’emplois de Seignanx, dans le sud de l’Aquitaine. Autour de Tarnos, les acteurs locaux ont fait le choix d’un modèle de développement spécifique, liant économique et social et développant des modes de coopération multipartenariale. Le restaurant L’Eole répond à un triple besoin : celui des entreprises installées sur le territoire de disposer d’un système de restauration pour leurs salariés, celui des écoles et des maisons de retraites environnantes de se faire livrer les repas de leurs pensionnaires, et celui des collectivités, demandeuses de structures d’insertion par l’activité économique pour des personnes éloignées de l’emploi. Sur ses 49 salariés, le restaurant L’Eole emploie 14 personnes en contrat à durée déterminée d’insertion et privilégie les filières courtes d’approvisionnement.

Développement et perspectives

C’est au début des années 2000 que le comité de bassin d’emplois a entrepris, en partenariat avec la mairie de Tarnos, de dynamiser l’espace technologique Jean-Bertin, où est née la coopérative L’Eole, un espace jusque-là touché par la désindustrialisation et la montée du chômage. La création d’un nouveau pôle de services aux entreprises au sein de cet espace doit y remédier.

Le restaurant d’insertion L’Eole y voit le jour en 2006, aux côtés d’activités destinées à favoriser le démarrage et le développement de jeunes entreprises (couveuse d’activité, pépinière). Le restaurant d’insertion y occupe un tiers des 3 000 mètres carrés. Au démarrage de l’activité, le restaurant sert 5 000 repas par mois pour un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 500 000 euros. En janvier 2013, 95 000 repas ont été servis sur place ou en livraison et le chiffre d’affaires prévisionnel 2012-2013 devrait atteindre les 4,2 millions d’euros. Comme beaucoup de sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic), L’Eole a inscrit dans ses statuts un principe de non lucrativité. Tous les excédents servent à accroître les fonds propres sous forme de réserves impartageables.

10 % des repas sont servis en restaurant, le reste est livré à la crèche (4 %), à la maison de retraite (37 %) et aux écoles alentours (49 %). Cette augmentation de l’activité a logiquement été accompagnée par une hausse des effectifs : en sept ans l’entreprise est passée de 14 à 50 salariés, dont 14 en contrat d’insertion. Le développement de la Scic est passé par l’ouverture, en 2008, d’un second site de restauration, à une trentaine de kilomètres du premier, à la demande de l’entreprise agro-alimentaire Labeyrie (plus petit, il sert quelque 3 200 repas mensuels).

La valorisation des approvisionnements en circuits courts fait aussi partie de la stratégie de développement économique de L’Eole. L’origine de la viande est majoritairement locale, tout comme les légumes, qui viennent des Landes. "Et la Scic s’approvisionne depuis peu en huile chez un oléiculteur de Tarnos", précise Alain Combrouze, directeur de l’entreprise d’insertion. Le restaurant propose en outre des produits issus de l’agriculture biologique.

L’organisation

L’Eole est une SARL sous forme de Scic. Cela lui permet d’associer au capital des investisseurs privés (par exemple le constructeur de turbines d’hélicoptère Turbomeca), des particuliers, des collectivités (mairie de Tarnos), des associations et d’autres entreprises. L’Eole détient elle-même le centre de formation Perf, dans lequel il possède 3 000 euros de parts. "La logique est de constituer un réseau de d’acteurs oeuvrant en partenariat et en coopération", explique Stéphane Montuzet, directeur du comité de bassin d’emplois de Seignanx.

Impact global

Au-delà de l’impact économique (attractivité, création d’emplois) et social (réinsertion d’une centaine de personnes), le restaurant L’Eole participe à l’émergence de ce que le Labo de l’ESS - un think tank de l’économie sociale et solidaire (ESS) - dénomme les pôles territoriaux de coopération économique. Un tel pôle est un regroupement d’entreprises et de réseaux de l’ESS destiné à mettre en oeuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets économiques innovants pour un développement local durable : "une sorte d’alternative et de complémentarité aux pôles de compétitivité, explique Stéphane Montuzet, directeur du comité de bassin d’emplois, où la dynamique d’ESS, portée par la coopération d’acteurs privés et publics représente une autre façon de développer les territoires. La zone du Seignanx propose en ce sens une expérimentation spécifique."

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !
Sur le même sujet