Les socio-économistes

Famille d’inspiration

Les institutionnalistes.

Fondateurs

L’économiste hongrois émigré aux Etats-Unis pour fuir le nazisme Karl Polanyi (1886-1964) et l’ethnologue français Marcel Mauss (1872-1950).

Principales figures contemporaines

Deux sociologues français, Alain Caillé (1944- ) et Dominique Méda (1962- ), un sociologue américain, Mark Granovetter (1943- ) et un sociologue israélien enseignant aux Etats-Unis, Amitaï Etzioni (1929- ).

Thèses

Si bien des courants de l’analyse économique intègrent des apports sociologiques dans leur démarche (conventionnalistes, régulationnistes, école du choix public, néo-institutionnalistes...), ils ne sont pas socio-économistes pour autant. Car toutes ces écoles mettent au coeur de leur démarche la question de la production et de la croissance économiques, ce qui n’est pas le cas du courant analysé ici, un peu artificiellement qualifié de socio-économique, car les trois sources auxquelles il s’abreuve sont assez distinctes.

Le premier courant (Granovetter) montre que les réseaux et les liens jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement économique : toute action économique a une dimension sociale essentielle et les individus sont "encastrés" dans des réseaux de relations sociales. Le second courant (Etzioni) revendique l’appellation de socio-économie, car il cherche à intégrer la sociologie, l’économie et l’histoire en vue de se rapprocher de la "bonne société", celle dans laquelle la coopération l’emporte sur le conflit. Enfin, le troisième (qui s’exprime dans La revue du Mauss) récuse l’idée que la société soit fondée uniquement sur l’intérêt et que les comportements humains puissent s’expliquer uniquement par la recherche de l’utilité.

Les deux derniers courants se revendiquent de Karl Polanyi, pour qui, dans les sociétés précapitalistes, l’économie est encastrée dans un réseau serré de liens sociaux : le marché est en quelque sorte immergé dans un ensemble plus vaste, dont la logique n’est pas seulement le gain, mais aussi la réciprocité et la solidarité. C’est ce type de fonctionnement social qu’il convient de réhabiliter, en brisant l’impérialisme de l’analyse économique, qui met l’appât du gain au coeur de l’activité humaine, et en reconnaissant l’importance que revêtent encore, dans nos sociétés, le don et la coopération comme sources de cohésion sociale et d’efficacité.