Le théorème de Coase

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Ronald Coase (1910-2013), économiste anglais, a reçu le "Nobel d’économie" en 1991 pour ce théorème, ainsi dénommé par un autre "Nobel" couronné en 1982, George Stigler. Dans une rivière à truites, c’est la désolation : une tannerie menace de s’installer en amont et de polluer ainsi la rivière. Un drame pour les passionnés de pêche à la truite. Ils peuvent essayer d’obtenir des autorités qu’elles interviennent pour imposer des règles protectrices. Mais cela prendra des années et mécontentera une partie de la population pour qui la tannerie représente des emplois nouveaux.

L’autre solution est que l’association de pêcheurs - une centaine de personnes - négocie avec le tanneur pour que ce dernier installe un bassin de décantation efficace. Puisque la négociation peut se mener entre deux entités - l’entreprise et l’association -, les "coûts de transaction" sont réduits : ce n’est pas comme si le patron devait aller voir chaque pêcheur et négocier avec lui une participation au financement du bassin de décantation, chacun essayant de se défiler sur ses collègues. Un accord privé sera vite trouvé : vous financez le bassin tous ensemble et vous pourrez continuer à pêcher.

Le théorème de Coase est donc simple : si les coûts de transaction sont faibles ou nuls et les droits de propriété bien établis, on peut proposer à des pollueurs qu’ils cessent leur pollution en les indemnisant pour les coûts que cela implique. Ce sera moins coûteux et plus efficace que de créer une législation, puis de la faire respecter. Au lieu de lois, de décrets, de gardes, d’amendes et de mille autres intrusions de l’Etat, il suffit d’instaurer des procédures de marché et de privatiser l’espace public. On comprend que ce théorème énerve les écologistes et enthousiasme les libéraux. Mais que les uns et les autres se calment : les cas où les coûts de transaction sont faibles ou nuls sont d’une rareté étonnante. Dommage pour les truites.

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